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juillet 19, 2015

"Réforme territoriale" encore un enfumage "Hollandien" qui fait tut tut !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire:

A) Le grand raté de la réforme territoriale - Par Michel Feltin-Palas - L' Express


B) Collectivités territoriales : qui est compétent pour faire quoi ? - Par Jean-Christophe Chanut - La Tribune

C) Dossier complet sur Université Liberté

D) Régionales : révélations sur un accord PS/PRG qui va coûter 114 millions d'euros - Par

 
 
 A) Le grand raté de la réforme territoriale 

Le Parlement a adopté définitivement jeudi la loi Notre, qui répartit les compétences entre régions, départements, intercommunalités et communes. C'est le dernier acte de la réforme territoriale. Et une occasion manquée.

Cette fois, c'est bien fini. Les trois étages de la fusée de la réforme territoriale ont été largués. 

La création des métropoles, la création de grandes régions et, depuis le 16 juillet, la répartition des compétences entre les différents échelons, dite loi "Notre". Hélas, la mission est très, très loin d'avoir atteint son objectif. 

Au départ, pourtant, l'intuition de François Hollande était juste. Il était temps, plus que temps, de voir la France modifier son organisation territoriale. Au couple communes-départements, créé sous la Révolution et parfaitement adapté à la France rurale du XIXè siècle, il fallait substituer le couple intercommunalités-régions. Les "interco" parce qu'elles correspondent au bassin de vie quotidien des Français d'aujourd'hui - nous parcourions 5 kilomètres par jour dans les années 1950; nous en sommes à 45 aujourd'hui ! Les régions parce qu'elles ont la taille adaptée pour mener les grandes politiques de développement : recherche, économie, transports, etc. 

A l'arrivée, la déception est immense. Les régions sont certes plus grandes et ont gagné une légère autonomie fiscale, mais elles n'ont pas obtenu les pouvoirs dont elles ont besoin : université, santé, emploi, politique industrielle... Les intercommunalités restent au milieu du gué. Leurs présidents ne seront toujours pas élus au suffrage universel direct ; leurs périmètres ne correspondront pas forcément aux bassins de vie réels des Français ; et les communes gardent un grand pouvoir de résistance. Surtout, les départements, dont Manuel Valls avait annoncé la disparition, sortent confortés du marathon parlementaire. Ils ont sauvé non seulement leur existence, mais l'essentiel de leurs compétences ! Quant aux métropoles, elles bénéficient d'une belle reconnaissance, mais de peu de moyens, à l'exception de Lyon et d'Aix-Marseille. 

Comment expliquer un tel raté ? Plusieurs raisons se sont conjuguées : 

Une réforme mal préparée. François Hollande n'avait rien dit ou presque sur le sujet pendant la campagne présidentielle. L'idée de ce big bang n'a vraiment surgi qu'au moment de la nomination de Manuel Valls à Matignon, et cela dans la plus grande improvisation, comme le montrent ces deux exemples. La "clause générale de compétences" - qui permet à tout élu de s'emparer de tous les sujets - avait été supprimée par Nicolas Sarkozy ? Elle a dans un premier temps été rétablie par le gouvernement, avant d'être finalement de nouveau supprimée... Quant aux départements, Hollande les jugeait "indispensables" en janvier 2014, avant d'annoncer leur suppression en avril, pour finalement les maintenir... Comprenne qui pourra.  

Une action dominée par le souci de la communication. En s'attaquant au fameux mille-feuille territorial, François Hollande et Manuel Valls ont surtout convaincre l'opinion et Bruxelles que la France était capable de mener à bien des réformes spectaculaires. D'où leurs annonces spectaculaires d'avril 2014 : division par deux du nombre de régions et suppressions des départements. Le problème est qu'ils n'avaient pas préparé ces mesures et qu'ils ont découvert les problèmes au fil des mois. D'où les multiples reculades et revirements auxquels on a assisté.  

Une contrainte de calendrier. Il existe une tradition selon laquelle on ne modifie pas les règles d'une élection un an avant le scrutin. Or, les régionales étaient prévues en mars 2015. On pouvait les repousser un peu, mais pas trop. Bref, il fallait que le nouveau périmètre des régions soit connu avant fin 2014. D'où la précipitation dans laquelle ont été définies les périmètres des nouvelles régions. Et l'approche grossière qui a été choisie : une simple juxtaposition des régions existantes. D'autres méthodes, plus sérieuses, étaient envisageables : des régions construites autour des métropoles, des régions identitaires, des régions agrégeant des bassins de vie connecté entre eux, etc. Toutes ont été balayées d'un revers de main, non pour des raisons de fond, mais faute de temps.  

Une erreur de stratégie. En commençant par le plus spectaculaire - les grandes régions - François Hollande s'est tiré une balle dans le pied. Car il a donné des arguments aux défenseurs des départements, qui ont eu beau jeu de plaider pour la nécessité d'un échelon intermédiaire entre les communes et ces immenses régions. Coupable amateurisme. 

Le revers des municipales. La perte d'un grand nombre de communes par la gauche en mars 2014 a conduit le gouvernement à renoncer à ses ambitions initiales concernant la métropole du Grand Paris. Initialement, celle-ci devait réduire les inégalités entre l'Est et l'Ouest et s'emparer de la compétence cruciale du logement (un problème majeur pour les Franciliens). Depuis que sa présidence est promise à la droite, elle a été vidée de sa substance. 

Le poids des lobbies. On allait voir ce qu'on allait voir : les compétences allaient être clarifiées. Seulement voilà : les élus des départements et les maires - largement représentés au Parlement par la grâce du cumul des mandats - se sont battus avec succès pour défendre leurs prérogatives. A l'arrivée, le mille-feuille reste tout aussi indigeste qu'auparavant. Un biais majeur d'un point de vue démocratique : aucun citoyen honnête ne sachant qui ne fait quoi, comment valider ou sanctionner les élus sortants au moment des élections ?  

Au final, le principal changement apporté par la réforme territoriale restera la création des grandes régions. Seul souci : les régions françaises étaient déjà - avant la réforme - les plus grandes d'Europe (après l'Espagne)! Et surtout, il n'existe aucun lien entre superficie et efficacité. La petite Alsace dispose ainsi d'un PIB/habitant bien plus élevé que la vaste région Centre.  

Sachant que l'on ne modifie l'organisation territoriale du pays que tous les 50 ans, c'est peu dire que la déception est immense. 

Par Michel Feltin-Palas
L' Express






B) Collectivités territoriales : qui est compétent pour faire quoi ?


Le projet de loi portant "nouvelle organisation territoriale de la République" (NOTRe) a été définitivement adopté par le Parlement. Il clarifie les compétences respectives des régions, des départements et du bloc communal. 
 
Enfin! Après un interminable parcours parlementaire, le projet de loi portant « Nouvelle organisation territoriale de la République » (NOTRe) a été définitivement adopté par le Sénat et l'Assemblée nationale jeudi 16 juillet. Et, pour une fois, sénateurs et députés, ont réussi à s'entendre sur le contenu du texte lors de la tenue d'une commission mixte paritaire. Et ce au prix de quelques concessions réciproques.

Toujours est-il que ce texte très important va permettre de connaître précisément « qui fait quoi » parmi les collectivités locales. De fait, la loi fixe les compétences respectives des régions, des départements et du bloc communal (communes et intercommunalité notamment). Revue de détail.

Les nouvelles compétences des collectivités locales

Compétences territoriales. Incontestablement, ce sont les régions qui se taillent la part du lion en matière de compétences. A l'avenir les 13 nouvelles super régions qui seront officiellement créées le 1er janvier 2016 seront responsables de toute la chaine de transports en dehors des agglomérations: gare routière, transport interurbain par car, transport scolaire, transport à la demande, ferroviaire (TER), etc. Les régions seront aussi compétentes en matière d'aménagement du territoire, d'économie et des aides aux entreprises. Cependant, de par la volonté du Sénat, lors de l'élaboration du schéma régional de développement économique d'innovation et d'internationalisation (SRDEII), les intercommunalités et les chambres consulaires devront être associées.

Elles restent également compétentes en ce qui concerne l'apprentissage. En revanche, contrairement à ce qu'elles souhaitaient, elles n'auront pas la haute main sur la politique de l'emploi - et notamment la gestion de Pôle emploi - qui reste de la compétence de l'Etat, même si des "expérimentations" pourront être menées avec des régions "volontaires". Sur ce point, le gouvernement n'a pas cédé. En effet, en matière de service public de l'emploi et d'enseignement supérieur, la commission mixte paritaire n'a pas retenu les propositions décentralisatrices votées par le Sénat qui voulait faire de la région le véritable pilier de la politique de l'emploi.

Etant entendu que ces compétences dévolues aux régions peuvent être déléguées à une autre collectivité si les régions le souhaitent.

S'agissant des départements, contrairement à ce qui était initialement prévu, leur survie est assurée. Ils gardent (dans certaines circonstances) la gestion des ports ainsi que celle du tourisme, des routes et des collèges. Bien entendu, leurs compétences sociales (gestion du RSA notamment) sont aussi préservées.

De nouveaux seuils pour l'intercommunalité

Grosse divergence entre députés et sénateurs dès le début de l'examen du projet de loi, le seuil de création d'une intercommunalité a finalement été fixé à 15.000 habitants, avec des dérogations notamment pour les zones de montagne, les îles et en fonction de la densité de population. Autre exception, les intercommunalités récemment constituées de 12.000 habitants au moins pourront être maintenues. Les sénateurs défendaient le maintien du seuil à 5.000 habitants quand le gouvernement voulait le porter à 20.000. Il y a donc eu un compromis.

En parallèle, les intercommunalités bénéficieront à compter de 2020 de nouvelles compétences telle la gestion de l'eau et l'assainissement. Par ailleurs, mais cela était acquis, les sénateurs ont obtenu la suppression du Haut conseil des territoires qui devait être créé, mais qui entrait en concurrence avec le Sénat. Les dispositions initiales sur le plan local d'urbanisme intercommunal ont aussi été supprimées, tout comme l'élection au suffrage universel des conseillers des intercommunalités. Des mesures dont les sénateurs ne voulaient absolument pas car les communes auraient alors été menacées et cela revenait à créer un nouvel échelon territorial.

Une fiscalité locale rénovée 

Pour exercer leurs nouvelles compétences, les régions seront dotées d'une fiscalité dynamique liée au développement économique. De fait, la moitié du produit de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) leur sera attribuée, au lieu du quart jusqu'ici, comme s'y était engagé le Gouvernement. C'était une importante demande de l'Association des régions de France (ARF).

Ce doublement de la part de la CVAE affectée aux régions sera effective en 2017, comme l'a rappelé le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert devant l'Instance de dialogue National des territoires. A cet égard, lors de cette même réunion, le secrétaire d'Etat a précisé que le Projet de loi de finances 2016 prévoirait une « rénovation » de la dotation globale de fonctionnement (DGF) et une modification des règles régissant les dotations de péréquations entre collectivités.

La Métropole du Grand Paris en ordre de marche

Au 1er janvier 2016, grâce à la création de la Métropole du Grand Paris, de ses territoires en petite couronne et des Établissements publics de coopération intercommunales (EPCI) de plus de 200.000 habitants dans l'unité urbaine en grande couronne, il n'y aura plus aucune commune isolée, contre plus de 40 à l'heure actuelle.

Les communes les plus pauvres seront toutes intégrées dans des intercommunalités. Dès le 1er janvier 2016, la Métropole du grand Paris pourra élaborer son projet métropolitain, son plan de l'énergie et de l'environnement, et définir les sujets d'intérêt métropolitains qui dépassent les frontières administratives actuelles : aménagement de zones d'activité, répartition des immeubles de bureaux entre l'Est et l'Ouest, qualité de l'air...

Sa gouvernance sera resserrée avec 210 élus représentant la diversité géographique de la métropole. Elle sera officiellement compétente pour définir un schéma de cohérence territoriale (Scot) à partir du 1er janvier 2017 et pourra réaliser les opérations concrètes en matière de logement, au plus tard le 31 décembre 2017, et dès l'adoption du plan métropolitain du logement. Reste maintenant à « mettre en musique » toutes ces réformes au niveau local... Ce qui ne pas être évident.





C) Dossier complet sur Université Liberté 

Dossier Réforme Territoriale + alternatives (libérales, fédérale et de droite)

Sommaire ci dessous, pour lire cliquez le lien au-dessus:
A) Une réforme territoriale respectueuse des collectivités et génératrice d’économies - De 36 000 à 2 500 budgets communaux De 101 à 50 départements - Mai 2015 - Sous la direction du préfet André Viau (HC) - FONDATION CONCORDE

B) La réforme territoriale - Mis à jour le 27 avril 2015 - Projet porté par Bernard Cazeneuve, Marylise Lebranchu, André Vallini - gouvernement.fr

C) La réforme territoriale - Valérie Mazuir - Dossier des Échos
D) La réforme territoriale est indispensable + 2 ! - Vincent Benard  - Le site de l'auteur -  via contrepoints
 
E) Réforme territoriale : l’inutile deuxième volet - Anthony Escurat - Trop Libre - Le site de l'auteur

F) La réforme territoriale Hollande : dernier avatar du jacobinisme - Jean-Philippe Feldman - Contrepoints

G) Réforme territoriale : regard fédéraliste sur un projet jacobin - Ferghane Azihari - http://fazihari.eu/
H) Réforme territoriale - Voir ici les différents posts d'auteur(e)s sur Contrepoints

 



D) Régionales : révélations sur un accord PS/PRG qui va coûter 114 millions d'euros
 
Dominique Reynié révèle que le nouveau poste de «président délégué» au Conseil régional qui doublonne avec ceux de «président» et «vice-président» découle d'un accord entre le PS et le PRG et devrait coûter 114 millions d'euros au contribuable.

Au cœur d'un été caniculaire, le Parti socialiste vient de donner le jour à un nouveau poste pour la future Région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées: «Président délégué». On ne sait pas ce qu'est cette fonction mais on sait à quoi ça sert et on va voir ici combien cela va nous coûter.

La création de ce poste de président délégué découle en effet directement du tout récent accord électoral associant le PS au PRG pour les élections régionales des 6 et 13 décembre prochains. Cher lecteur et citoyen, vous ne rêvez pas. C'est bien au terme d'obscures négociations parisiennes que le PS a dû céder au Parti radical une vice-présidence initialement promise à Damien Alary, lequel s'est donc trouvé écarté de la distribution des postes. Pour le consoler, le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, tout le Gouvernement, jusqu'au Premier ministre, et le Chef de l'Etat n'ont pas hésité à créer un poste: «Président Délégué».

Le nouveau Conseil régional serait donc conduit par un(e) président(e), plusieurs vice-président(e)s et un(e) président(e) délégué(e)… Damien Alary a fait connaître publiquement sa satisfaction. Elle est d'autant plus convaincante qu'il a tenu à préciser que le poste de «président délégué» devait être supérieur à celui de vice-président… Le «président délégué» n'est rien d'autre qu'un président supplémentaire. Le gouvernement et les majorités socialistes régionales viennent donc de décider la fusion de deux régions pour laisser la place à un seul Conseil régional… dirigé par deux présidents !

Dans ces tractations électorales estivales, le Parti socialiste a foulé au pied tous les principes de la morale républicaine. La collusion entre l'Etat et l'intérêt d'un parti politique est à son comble ; on se distribue les postes sans attendre la décision des électeurs ; lorsqu'il n'y a pas assez de postes pour servir les comparses assis autour de la table, on en crée de nouveaux ; on passe la facture aux citoyens en charge d'acquitter «l'impôt républicain». Ce sont les mêmes gouvernants qui, il y a encore quelques jours, ont tenté de nous faire croire que la fusion des deux régions répondait à l'impératif de réduction des dépenses publiques.

Sachons le: avant même d'être effectif, ce lot de consolation nous coûte très cher. Il a mobilisé durant des semaines l'appareil d'Etat. On nous annonce maintenant qu'il mobilisera aussi le Parlement pour l'adoption d'une «loi Alary». Dans nos glorieux cimetières, Rousseau, Carré de Malberg et leur belle définition de «la Loi, expression de la volonté générale», virevoltent dans leur tombe! Pour noyer le poisson et cacher les vils motifs politicards, l'Etat et le Parti socialiste, qui eux ont bien fusionné, annoncent l'extension à toutes les régions ce poste de «président délégué», avec les obscurités et tous les coûts associés. On comprend donc que même les régions qui ne fusionnent pas se verront doter d'un nouveau poste de président! Heureux habitants de PACA, Centre, Ile-de-France, Bretagne et d'Outre-mer, sachez qu'un nouveau poste est à pourvoir !

Combien cela va nous coûter? Si l'on prend comme base de calcul la présidence actuelle de Midi-Pyrénées, celle de Martin Malvy, malgré l'absence de transparence sur l'organisation du cabinet, on compte au moins 32 membres salariés. Sur la base du salaire médian de la fonction publique territoriale, autour de 2900€ bruts chargés, en intégrant l'indemnité du président, 66 145,56 € bruts annuel, on obtient un total situé autour de 1,2 million d'euros par an. Multiplié par le nombre futur de régions (16) et par la durée du mandat (6 ans), on atteint donc 114 millions d'euros.

Tout ça pour permettre un accord électoral entre le PS et le PRG dans la région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon, et alors que notre dette publique atteindra 100% du PIB avant les élections régionales ; que les collectivités locales sont privées par cette même majorité d'une partie importante de leurs ressources, avec ordre de faire plus et mieux ; que les petites et moyennes entreprises sont en difficultés ; que bon nombre de nos familles sont en souffrance. Dans ma région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées, le chômage atteint 12,5% de la population active ; on y trouve 4 des 10 départements les plus pauvres de la France métropolitaine. Au milieu de ce désastre, ces arrangements entre amis soulèvent le coeur. Pour ma part, je m'engage d'ores et déjà à refuser d'attribuer le poste de «président délégué». J'installerai à la place, sur mon bureau, un pot de fleurs en tissu acheté sur mes deniers personnels, un pot aux roses bien sûr.

Les 6 et 13 décembre prochain les citoyens de notre grand pays devront les sanctionner durement.

Par est candidat de la droite et du centre en Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées. Depuis octobre 20082, il est directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. Il est notamment l'auteur de Populisme: la pente fatale (Plon 2011) , Les nouveaux populismes (Fayard 2013).


 

mai 27, 2015

Discours de F. Hollande: Rhôoo, mon budget de l'État a dérapé...j'irai au Panthéon !

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.




 Sommaire:

A) La Cour des comptes épingle le dérapage budgétaire de l'Etat - Marc Lomazzi - Le Parisien

B) Les recettes fiscales - Note d’analyse de l’exécution budgétaire 2014 - Cour des Comptes


C) Impôt de Wikiberal

D) Les taux bas ont en partie masqué le dérapage budgétaire de la France en 2014 - AGEFI

E) Après la crise, l’effondrement : comment en sortir ? - Patrick de Casanove - président du Cercle Bastiat.

F) Déficit : les dérapages de l'État épinglés par la Cour des comptes - Boursorama avec AFP

G) Déficit budgétaire, différents posts de blogueurs sur Contrepoints

H) L'inquiétude demeure à la Cour des Comptes - Alexandre C. - L'incisif







A) La Cour des comptes épingle le dérapage budgétaire de l'Etat

La Cour des comptes estime que la France n'a pas respecté ses engagements en matière de déficit budgétaire. Elle met en cause la sincérité de ses prévisions de recettes fiscales.   
Thomas Samson

L'Etat vient de se faire taper sur les doigts comme n'importe quel mauvais élève. Motif : 

Dans son rapport sur le budget de l'Etat en 2014, rendu ce mercredi, la Cour des comptes reproche à la France de n'avoir pas tenu ses engagements.

 En cause, des «recettes fiscales surestimées» et des dépenses «trop souvent sous-calibrées» qui n'ont pas permis à l'Etat de tenir les engagements pris, en particulier, auprès de la Commission de Bruxelles.

Dérapage budgétaire

Au final en 2014, le déficit de l'Etat s'élève à 85,56 milliards d'euros, soit 3,9% du PIB au lieu des 3,6% espérés. Il dépasse le produit net de l'impôt sur le revenu acquitté par les Français, d'où une nouvelle augmentation de la dette à 1528 milliards l'an passé. Ce dérapage budgétaire s'explique par des recettes fiscales en baisse de 6 milliards, pour la première fois depuis 2009, et des dépenses en hausse alors qu'une stabilisation était prévue. Conséquence : «la réduction du déficit budgétaire de l'Etat, amorcée depuis 2010, a été interrompue en 2014».
Pénalisé par une croissance et une inflation plus faibles qu'attendues, le budget 2014 a été bâti sur des prévisions macro-économiques «optimistes» que l'Etat a tardé à corriger. Les auteurs du rapport de la Cour épinglent à nouveau le gouvernement qui «s'est abstenu d'ajuster plus fortement les dépenses, ce qui aurait permis de contenir le dérapage budgétaire».

La sincérité des prévisions de recettes fiscales mise en cause

Une erreur initiale aggravée donc par des recettes recettes gonflées. En réalité, elles ont été plus faibles qu'annoncées à cause notamment de l'entrée en vigueur du crédit d'impôt en faveur de la compétitivité des entreprises (CICE) qui a coûté 6,5 milliards en 2014. Sur ce point, la Cour des comptes sort les griffes. «L'ampleur de l'écart entre prévision et exécution soulève, comme en 2013, bien qu'à un degré moindre , la question de la qualité et de la sincérité des évaluations de recettes fiscales.»
Seule bon point distribué par la Cour, «les dépenses  du budget général sont inférieures de 6,34 milliards d'euros aux dotations de la loi de finances initiale». Conformément aux promesses, par rapport à 2013, «les dépenses du budget général ont été stabilisées». Malgré tout, la Cour dénonce des «sous-budgétisations persistantes», en particulier, dans le secteur militaire et des opérations extérieures, voire des «irrégularités» comme le manque de transparence des opérations liés au capital d'Airbus ou de PSA.
Pour 2015, la Cour prévient déjà que des «risques pèsent sur les recettes fiscales avec notamment une incertitude sur la montée en charge du CICE et les modalités de financement du Pacte de responsabilité et de solidarité». De même, la Cour des comptes tire la sonnette d'alarme sur des dépenses sous-évaluées en 2015 dans la défense et l'enseignement scolaire tandis que «l'abandon de l'écotaxe poids lourds pose la question du financement des investissements en matière de transport».

Les recettes fiscales en 2014 en Milliards d'euros




B) Les recettes fiscales - Note d’analyse de l’exécution budgétaire 2014


Les recettes fiscales, nettes des remboursements et dégrèvements, constituent, avec les recettes non fiscales et les fonds de concours, l’ensemble des recettes de l’Etat. En 2014, les recettes de l’Etat ont atteint 291,9 Md€, dont 274,3 Md€ pour les recettes fiscales nettes, 13,9 Md€ pour les recettes non fiscales et 3,7 Md€ pour les recettes de fonds de concours. 

Les recettes fiscales nettes se calculent par différence entre les recettes fiscales brutes et les remboursements et dégrèvements. En 2014, le montant des recettes fiscales brutes a été de 370,4 Md€ et celui des remboursements et dégrèvements de 96,1 Md€. Cette note analyse la prévision et l’exécution des recettes fiscales nettes : d’une part, elles ont plus de sens du point de vue économique que les recettes brutes et, d’autre part, les remboursements et dégrèvements font l’objet d’une note d’analyse spécifique. 

Avec un montant de 274,3 Md€ en 2014, les recettes fiscales nettes ont diminué de 9,7 Md€ par rapport à 2013. L’évolution spontanée (à législation constante) des recettes fiscales a été très légèrement négative et n’explique qu’une baisse de 0,3 Md€. L’écart par rapport à 2013 est essentiellement la conséquence de nombreuses mesures qui ont eu pour effet de minorer le rendement des recettes fiscales en 2014 (dont l’entrée en vigueur du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) (partie I). 

Le rendement des recettes fiscales en 2014 est également très inférieur (de 10,0 Md€) à la prévision retenue dans la loi de finances initiale. D’une part, le taux de croissance spontanée prévu en LFI était trop optimiste. D’autre part, le montant des recettes en 2013 (la base de la prévision) et le rendement des mesures nouvelles inscrites dans la LFI pour 2014 ont été inférieurs à ce qui était attendu. Ces impacts négatifs n’ont été que partiellement compensés par un moindre coût des mesures antérieures à la LFI pour 2014 (partie II). 

L’analyse par impôt (partie III) détaille ces différents effets pour chacun d’eux.

Tout le détail sera ici avec les graphes: Cour des comptes


Synthèse 

Les recettes fiscales nettes de l’Etat ont représenté 274,3 Md€ en 2014, soit 9,7 Md€ de moins qu’en 2013. Il s’agit de la première année de baisse des recettes fiscales depuis 2009.
La diminution des recettes fiscales par rapport à 2013 est essentiellement la conséquence de nombreuses mesures ayant un impact globalement négatif de -9,35 Md€ sur le rendement des recettes fiscales, notamment de mesures antérieures à la loi de finances initiale pour 2014 (-9,09 Md€). A ce titre, l’entrée en vigueur du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi a pesé pour 6,4 Md€ sur les recettes fiscales. S’est également ajoutée en cours d’année une réduction d’impôt sur le revenu au profit des ménages modestes pour un montant de 1,3 Md€. 

L’évolution spontanée (à législation constante) des recettes fiscales a été négative mais faiblement, de -0,35 Md€ (après -4,6 Md€ en 2013). C’est la troisième année consécutive d’évolution spontanée négative des recettes fiscales. Si la faiblesse de la croissance économique peut en partie expliquer cette situation, l’évolution spontanée de -1,7 % des recettes fiscales en 2013, exceptionnellement faible, reste à ce jour inexpliquée. 

La LFI pour 2014 prévoyait un rendement des recettes fiscales de 284,4 Md€. Cette prévision reposait sur une hypothèse de croissance spontanée de 3,0%. La prévision intégrait l’impact des mesures antérieures à la LFI, soit un coût de 14,79 Md€, en raison notamment de l’entrée en vigueur du crédit d’impôt sur la compétitivité et l’emploi (9,4 Md€) et de la hausse du coût des contentieux communautaires (+1,7Md€). La LFI 2014 comportait elle-même plusieurs mesures nouvelles, avec un rendement positif de 4,85Md€. Elle intégrait également des mesures de périmètre qui réduisaient les recettes fiscales de 1,82 Md€. 

En exécution, le rendement des recettes fiscales a été sensiblement inférieur à la prévision de la LFI 2014 (-10,0 Md€). A l’exécution 2013 en retrait de 3,5 Md€ s’est ajoutée une moins-value significative sur l’évolution spontanée, de 9,0 Md€, conséquence d’une hypothèse initiale très optimiste. Ces pertes ont été en partie compensées par des plus- values sur l’impact des mesures antérieures (+5,7 Md€), avec notamment un moindre coût du CICE (+3,4 Md€) et une moindre progression du coût des contentieux communautaires (+1,1 Md€). Les mesures nouvelles ont eu un rendement un peu inférieur à la prévision initiale, de 3,2 Md€, en partie dû à la réduction d’impôt sur le revenu votée dans la loi de finances rectificative du mois d’août 2014, dont le coût a été de 1,3 Md€. Enfin, le renforcement de la lutte contre la fraude fiscale a eu un rendement supérieur à la prévision de la LFI, mais pour un gain limité à 0,3 Md€. Ce gain n’a pas compensé le coût de 1,3 Md€ de la réduction d’impôt sur le revenu votée dans la LFR1 2014. 
 
Le constat d’une évolution spontanée en exécution inférieure à la prévision retenue en LFI 2014 n’est pas surprenant. L’hypothèse d’une élasticité de 1,3 retenue dans la LFI était très optimiste1. La Cour l’avait souligné dans son analyse du rapport public annuel de février 2014. Compte tenu de la croissance économique supposée dans la LFI 2014 (0,9 % en volume), il aurait été plus prudent de retenir une hypothèse d’élasticité inférieure à sa moyenne de long terme, c’est-à-dire inférieure à 1. 

Un écart significatif est apparu entre l’évolution des recettes fiscales et la trajectoire prévue par la loi de programmation des finances publiques pour les années 2012-2017. En 2014, les recettes fiscales sont inférieures de 35 Md€ à cette trajectoire. 

En 2013, un prélèvement sur l’impôt sur le revenu avait été opéré pour assurer le financement aux régimes de sécurité sociale des prélèvements sociaux émis dans le cadre de l’exit-tax. Ce prélèvement s’est reproduit en 2014, pour un montant inférieur à celui de 2013 (210 M€ au lieu de 450 M€). Ce prélèvement ne devrait toutefois plus se produire à compter de 2015, le versement aux organismes de sécurité sociale étant désormais limité aux sommes recouvrées par l’Etat. 

1 Une partie de l’écart s’explique également par le taux de croissance du PIB en valeur, de 0,8 % au lieu de 2,3 % en LFI. La réduction de 9,0 Md€ de l’évolution peut ainsi s’expliquer pour environ la moitié par la moindre croissance économique et pour l’autre moitié par la moindre valeur de l’élasticité.





Les recommandations de la Cour 

Le suivi des recommandations formulées au titre de la gestion 2013
La Cour avait formulé quatre recommandations au titre de 2013. Deux ne sont pas mises œuvre, deux le sont partiellement. Toutes ces recommandations sont donc reconduites en 2014. 

Les recommandations formulées au titre de la gestion 2014
1. Publier dans les documents budgétaires des informations détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre et de transfert...) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls remboursements et dégrèvements d’impôts d’Etat (recommandation reconduite).
2. Dans la prévision et l’analyse de l’exécution des recettes fiscales, ne faire apparaître en mesures nouvelles que les mesures se rattachant aux dispositions législatives contenues dans les lois de finances (recommandation reconduite).
3. Etablir et rendre public un document de référence précisant les méthodes et le processus de prévision des recettes pour les principaux impôts (recommandation reconduite).
4. Réaliser et publier, dans l’annexe Voies et moyens du projet de loi de finances, des analyses approfondies des écarts entre prévision et exécution de recettes fiscales (recommandation reconduite). 

La Cour rappelle une autre recommandation relative aux recettes fiscales, formulée dans l’analyse de l’exécution budgétaire de la mission Remboursements et dégrèvements

Modifier la présentation du tableau d’équilibre des ressources et des dépenses dans les lois de finances en déduisant des recettes fiscales brutes de l’Etat les seuls remboursements et dégrèvements relatifs à des impôts d’Etat pour la détermination des recettes fiscales nettes.


Les recommandations de la Cour 

A - Le suivi des recommandations formulées au titre de la gestion 2013
La Cour avait formulé quatre recommandations au titre de 2013. Deux n’ont pas été mises œuvre, deux le sont partiellement. Toutes ces recommandations sont donc reconduites en 2014. 

1. Publier dans les documents budgétaires des informations détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre et de transfert...) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls remboursements et dégrèvements d’impôts d’Etat.
De telles informations ont été fournies à la Cour dans le cadre de cette instruction, mais elles ne sont pas disponibles dans les documents publics.
2. Dans la prévision et l’analyse de l’exécution des recettes fiscales, ne faire apparaître en mesures nouvelles que les mesures se rattachant aux dispositions législatives contenues dans les lois de finances.
Cette recommandation avait été justifiée au titre de 2013 par la comptabilisation en mesures d’une recette exceptionnelle issue d’un contentieux, pour 2,2 Md€. En 2014, le contrecoup négatif de cette mesure est à nouveau comptabilisé dans les mesures, en prévision et en exécution. Un contentieux, non prévu dans la loi de finances initiale pour 2014, figure également dans les mesures nouvelles concernant l’IS en exécution (coût de 0,4 Md€). Par ailleurs, la variation du coût des deux contentieux communautaires (précompte mobilier et OPCVM étrangers) est aussi enregistrée dans les mesures antérieures.
3. Etablir et rendre public un document de référence précisant les méthodes et le processus de prévision des recettes pour les principaux impôts.
Des informations ont été publiées, dans le tome 1 de l’annexe Voies et moyens du PLF 2015, sur les méthodes de prévision pour l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés, la TICPE et la TVA. Cette recommandation est donc mise en œuvre partiellement. Les présentations pourraient être davantage détaillées, de préférence dans un document spécifique.
4. Réaliser et publier, dans l’annexe Voies et moyens du projet de loi de finances, des analyses approfondies des écarts entre prévision et exécution de recettes fiscales.
Dans le tome 1 du Rapport, économique social et financier annexé au PLF 2015, une analyse de l’écart entre la prévision et l’exécution de l’impôt sur le revenu en 2013 (moins-value de 4,7 Md€) est présentée. La recommandation est donc très partiellement mise en œuvre. Les analyses devraient être étendues à d’autres impôts et examiner rétrospectivement l’évolution spontanée des recettes particulièrement faible sur la période 2012-2014. 

B - Les recommandations formulées au titre de la gestion 2014
Les quatre recommandations de l’année 2013 sont reconduites.
1. Publier dans les documents budgétaires des informations détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre
et de transfert...) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls remboursements et dégrèvements d’impôts d’Etat (recommandation reconduite).
2. Dans la prévision et l’analyse de l’exécution des recettes fiscales, ne faire apparaître en mesures nouvelles que les mesures se rattachant aux dispositions législatives contenues dans les lois de finances (recommandation reconduite).
3. Etablir et rendre public un document de référence précisant les méthodes et le processus de prévision des recettes pour les principaux impôts (recommandation reconduite).
4. Réaliser et publier, dans l’annexe Voies et moyens du projet de loi de finances, des analyses approfondies des écarts entre prévision et exécution de recettes fiscales (recommandation reconduite). 

La Cour rappelle une autre recommandation relative aux recettes fiscales, formulée dans l’analyse de l’exécution budgétaire de la mission Remboursements et dégrèvements

Modifier la présentation du tableau d’équilibre des ressources et des dépenses dans les lois de finances en déduisant des recettes fiscales brutes de l’Etat les seuls remboursements et dégrèvements relatifs à des impôts d’Etat pour la détermination des recettes fiscales nettes.


Source: Cour des comptes




C) Impôt de Wikiberal

L'impôt est un prélèvement autoritaire et sans contrepartie directe en vue de couvrir les charges publiques (celles de l'État ou d'une collectivité publique).

L'Impôt strictement encadré (position libérale)

Qu'est-ce que la justice fiscale ?

Adam Smith établit quatre règles fiscales immuables dans son Essai sur la richesse des nations (1776), conditions minimales pour ne pas tomber dans l’arbitraire fiscal :
  • égalité : chaque sujet contribue en proportion de ses facultés, c’est-à-dire en proportion de son revenu ;
  • certitude : la portion d’impôt que chaque individu est tenu de payer doit être certaine, et non arbitraire (quand et comment s'effectue le paiement, pour quelle quantité) ;
  • commodité : tout impôt doit être perçu à l’époque et selon le mode qui convient le mieux au contribuable ;
  • économie : tout impôt doit être conçu de manière qu’il fasse sortir des mains du peuple le moins d’argent possible au-delà de ce qui entre dans le Trésor d'État.

Taxation et représentation

Un des principes libéraux concernant la fiscalité est "pas de taxation sans représentation" : celui qui subit la fiscalité a le droit de prendre part aux affaires publiques (au moins indirectement, par la démocratie représentative). C'est la Révolution américaine qui a consacré ce principe déjà énoncé dans le Bill of Rights anglais, les colons américains s'insurgeant contre de nouvelles taxes lors de la Boston Tea Party.

Contre la progressivité de l'impôt 

Les libéraux non libertariens sont en général en faveur d'un impôt proportionnel (du type flat tax), qui laisse intacts les rapports entre les différents revenus nets. En revanche, ils sont opposés à l'impôt progressif, qu'ils jugent confiscatoire et illégitime. La taxation est considérée comme une charge pour couvrir les frais de la production des services offerts par l'État. Au demeurant, l'impôt progressif avait été préconisé par Marx et Engels comme une des premières mesures brutales que devrait prendre le gouvernement révolutionnaire en vue de centraliser les décisions économiques et de renverser in fine la « société capitaliste ».
Dans L'Action humaine, Ludwig von Mises explicite admirablement l'une des raisons de l'opposition libérale à la progressivité de l'impôt, en montrant qu'elle ferme l'accès à la constitution de nouvelles fortunes et profite en fait aux fortunes établies :
« Mais aujourd'hui, les impôts absorbent la plus grande part des profits « excessifs » du nouveau venu. Il ne peut accumuler du capital ; il ne peut étendre sa propre affaire ; il ne deviendra jamais une grande affaire et le rival des situations établies. Les firmes anciennes n'ont pas à redouter sa concurrence, elles sont abritées par le percepteur. Elles peuvent sans danger rester dans la routine, se moquer des désirs du public et refuser le changement. Il est vrai que le percepteur les empêche, elles aussi, d'accumuler du capital neuf. Mais le plus important pour elles est que le dangereux nouveau venu ne puisse pas accumuler de capitaux. Elles sont virtuellement privilégiées par le régime fiscal. En ce sens, la fiscalité progressive entrave le progrès économique et favorise la rigidité sociale. Alors que dans l'économie de marché non entravée la possession d'un capital est une source d'obligation forçant le possesseur à servir les consommateurs, les méthodes modernes de fiscalité la transforment en privilège. »
    — Ludwig von Mises, L'Action humaine, 1949
Pour Friedrich Hayek, la progressivité est "une invitation à la discrimination et le prétexte à un pur arbitraire" (The Constitution of Liberty, 1960). Hayek donnait une autre conséquence provoquée par l'instauration de l'impôt progressif : la déspécialisation. Quelqu'un sachant qu'il sera beaucoup plus imposé en travaillant plus sera désincité à fournir des efforts supplémentaires et préfèrera donc occuper autrement ses heures qu'il aurait normalement consacrées à son labeur. Il optera pour des loisirs ou pour des travaux qu'il exécutera lui-même, évitant ainsi de devoir payer un homme du métier qu'il aurait dû rétribuer normalement avec le salaire récompensant ses propres heures de travail spécialisé.
De plus, Hayek fait un sort à la croyance selon laquelle l'impôt progressif serait bénéfique aux pauvres. Il invoque trois arguments à l'appui de sa thèse :
  1. Les recettes obtenues par l'imposition des tranches élevées des revenus sont plutôt négligeables en comparaison des autres sources fiscales. Elles pourraient tout aussi bien être obtenues en instituant une légère hausse de la proportionnalité.
  2. Les vrais bénéficiaires de l'impôt progressif sont les classes moyennes, et non les indigents.
  3. Par sa propagande laissant croire aux classes moyennes que l'essentiel de la charge fiscale reposait sur les plus fortunés, l'État a réussi à rendre plus tolérable aux contribuables l'augmentation générale de la fiscalité en légitimant ainsi le sentiment d'envie.
Pour Pascal Salin (L'arbitraire fiscal), l'impôt proportionnel ne représente rien d'autre qu'un cas de discrimination sociale, et la progressivité renforce encore ce caractère arbitraire et inégalitaire. Les arguments avancés pour justifier la progressivité de l'impôt sont généralement les suivants :
  • égalisation des sacrifices ("il est normal de demander plus à ceux qui ont plus") ;
  • l'État doit assumer une fonction de "redistribution" et de "solidarité" des "riches" envers les "moins riches".
Le premier argument invoque la loi de l'utilité marginale décroissante, mal comprise et appliquée avec une vision mécaniciste de la société, car l'utilité est un jugement de valeur personnel et il est impossible de comparer l'utilité entre individus différents ; de plus on ne peut parler de "sacrifices", car il n'y a pas de consentement. Le second argument impose une solidarité obligatoire, sans valeur morale ; il n'y a par ailleurs aucune preuve qu'il y ait une redistribution effective vers ceux qui ont réellement besoin d'être aidés.
Maurice Allais, quant à lui, souligne le côté rétrograde de l'impôt progressif :
« L'impôt progressif sur le revenu pénalise les plus capables et favorise indûment les moins capables en les affranchissant de l'impôt. Il constitue un obstacle à la promotion sociale. C'est un impôt conservateur et réactionnaire qui protège la fortune acquise et compromet la constitution de patrimoines pour tous ceux qui ne disposent d'autres ressources que celles de leur travail. »
    — Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975

L'impôt, c'est le vol (position libertarienne)

Impôt et libéralisme

L’impôt n’est pas conforme au principe du libéralisme car il constitue une atteinte à la propriété privée et à la liberté individuelle (comme son nom l'indique, l'impôt est « imposé »[1]). Le prélèvement de l'impôt est fondé par la coercition. La propriété privée concerne à la fois ce qu’un individu possède à un instant donné, et les revenus qu’il retire de son travail ou des biens qu’il possède. Ainsi, l’impôt sur le revenu est une atteinte à la propriété de l’individu sur le fruit de son travail ; l’impôt sur les dividendes est une atteinte à la propriété sur les revenus de ce qu’il possède ; l’impôt sur la fortune est une atteinte à la propriété des biens eux-mêmes :
« L'impôt est contraire au principe de base [du libertarisme] parce qu'il implique une agression contre les citoyens non agressifs qui refusent de le payer. Que le gouvernement offre des biens et services en échange de l'argent des impôts n'y change absolument rien. Le point important est que le soi-disant "échange" (impôt contre services publics) est coercitif : l'individu n'est pas libre de le refuser. Qu'une majorité de citoyens soient d'accord pour la coercition fiscale n'y change rien non plus. L'initiation de l'agression, même supportée par la majorité des gens, est illégitime. »
    — Walter Block, Defending the Undefendable
Alors que beaucoup de personnes estiment que les impôts sont justifiés, soit parce qu'ils réaliseraient une redistribution plus « juste » des revenus (mais on se demande au nom de quel principe d'égalité, puisque le taux de prélèvement est toujours fixé arbitrairement), soit parce qu'ils seraient la contrepartie de services rendus par l'État (éducation, sécurité, voirie, etc.) selon la théorie des biens publics, les libertariens estiment qu'il s'agit d'une extorsion. L'individu ne paye pas en fait des services à un juste prix, il est transformé en payeur aveugle au nom d'un principe collectiviste : fiscalement, il n'y a pas d'affectation des ressources aux dépenses (le butin volé est partagé arbitrairement), et toutes les cours de justice précisent bien que l’impôt est dû « sans contrepartie ». Il n'y a plus pour le citoyen que le choix entre être un esclave (auquel on vole le fruit de son travail) ou un receleur (s'il est bénéficiaire net de l'argent volé).
En résumé, l'impôt est toujours immoral pour les raisons suivantes :
  • absence de consentement : il faudrait que celui qui paie l’impôt y consente librement, et ait la possibilité de refuser ;
  • absence d'affectation : l'impôt devrait être affecté à des dépenses approuvées par celui qui le paie, qui pourrait de plus en vérifier l'affectation (alors qu'en pratique le contribuable ne peut contester le montant de ses impôts en invoquant son désaccord avec l’affectation de tout ou partie des deniers publics)
  • absence d'efficacité : il faudrait que les biens ou les services fournis par l'impôt ne puissent être fournis à de meilleures conditions par le secteur privé, ce que les monopoles publics empêchent ;
  • absence de rétribution : l'impôt devrait être considéré comme un prêt volontaire fait par le contribuable à l'État, il conviendrait donc de le rétribuer par un intérêt conforme aux lois du marché.
Les discussions entre économistes quant à savoir si tel type d'impôt, direct ou indirect, proportionnel ou progressif, serait plus juste que tel autre type d'impôt, sont donc totalement absurdes.

Illusion fiscale

Nuvola apps colors.png Article principal : illusion fiscale.
L'illusion fiscale empêche le citoyen de remettre en question la pertinence de l'impôt qui est levé par le pouvoir et l'emploi qui en est fait.

Social-démocratie

La social-démocratie, tendant vers le socialisme, a tendance à admettre l'idée que l'État a par principe un droit de propriété sur tout ce que possède le citoyen. On parlera par exemple de « cadeau fiscal » lorsqu'il s'agit de baisser tel ou tel impôt. Derrière le mot « cadeau fiscal » il y a l'idée que la totalité des revenus du citoyen appartient en réalité à l'État : l'individu est apparemment censé être content que l'État lui laisse généreusement de quoi vivre, alors qu'avec la taxation il s'agit bien d'une réduction autoritaire et arbitraire de sa propriété en faveur de l'État ! L'État, qui est une cleptocratie, s'ingénie à forger des expressions pour brouiller les idées de ses sujets (un non-vol serait un « cadeau ») et ainsi éviter d'être mis en cause.
L'impôt volontaire, auquel le citoyen est présumé « consentir librement » (article 14 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen) est un mythe qui ne vise qu'à cacher l'oppression fiscale (essayez, pour voir, de « ne pas consentir » à payer l'impôt, voir Consentement à l'impôt).
Les impôts sont une continuation, avec certaines transformations purement formelles, de l'esclavage : c'est le tribut exigé par quiconque exerce le pouvoir sur les autres. Un esclave, au sens moderne, est celui qui remet la totalité de sa production à son "maitre-propriétaire". Le citoyen contemporain verse la moitié de sa production à l'État, il est donc un semi-esclave de l'État.

L'alternative à l'impôt

Il est évident que certaines fonctions de l’État sont utiles et qu'on ne peut les supprimer, la question est de savoir s'il est nécessaire de les financer par la coercition fiscale et s'il est nécessaire que ce soit la fonction publique (ou le parapublic) qui les prenne en charge. Les solutions libertariennes sont les suivantes :
  • privatisation du maximum d'activités étatiques (par exemple il n'y a aucune raison que l'enseignement, la santé, le réseau routier, la télévision et la radio, la banque, etc. soient pris en charge par l’État) ;
  • les secteurs peu justifiés économiquement (par exemple la culture, le sport, l'assistanat...) seraient pris en charge sur une base volontaire soit par le marché, soit par le milieu associatif (associations culturelles, sportives, caritatives...), soit disparaîtraient d'eux-mêmes (faisant ainsi la preuve de leur inutilité) ;
  • cessation de toute subvention aux associations, aux entreprises, aux syndicats, aux partis, aux églises, etc.
  • concernant les fonctions régaliennes (défense, police, justice), il n'y a pas d'unanimité ; Ayn Rand suggère un impôt volontaire, ce qui est jugé en général illusoire. Dans tous les cas, doivent être respectés :
    • le principe de neutralité de l'impôt : l’État doit laisser jouer les mécanismes du marché et rester en dehors de l'activité économique ;
    • le principe de l'égalité devant l'impôt : impôt égal à capacité contributive égale ;
    • des règles stables dans le temps [2].
Il a existé historiquement plusieurs cas d'États dépourvus de tout impôt et gérés comme des entreprises, comme l'État bernois jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, qui était « un État-entrepreneur domanial »[3] :
Berne était la plus grande république au nord des Alpes, s’étendant des portes de Genève aux portes de Zurich. Ses ressources financières étaient la propriété foncière, les émoluments des offices, les contributions aux routes et le commerce du sel et du blé. En plus, au XVIIIe siècle, les placements à l’étranger fournissaient un septième du budget. (Beat Kappeler, La fin de l’État idéal, Le Temps, 2 juillet 2011)

Courbe de Laffer

Nuvola apps colors.png Article principal : Courbe de Laffer.
La courbe de Laffer montre qu'au-delà d'un certain seuil, plus la pression fiscale augmente, plus les recettes fiscales diminuent, en raison de l'effet désincitatif sur l'offre de travail (trop d'impôt tue l'impôt).

Synthèse

Dans une perspective libérale classique, un état minimal conduit nécessairement à un impôt minimal, qui n'entrave pas le développement économique (le taux d'imposition est plus proche de 0% que de 100%). En revanche, dans une social-démocratie, l'histoire montre qu'il n'y a pas de limite au taux d'imposition, si ce n'est la désincitation que traduit la courbe de Laffer.
Tel que le conçoivent les libertariens, l'axiome de non-agression aboutit à rejeter le principe même de l'impôt. Les partisans du contrat social, libéraux ou non, arguent que l'impôt fait partie d'un contrat libre passé entre le gouvernement et la population : quiconque n'est pas d'accord peut toujours se libérer du contrat en quittant le pays. En réponse à cette objection, certains libertariens (tendance anarcho-capitaliste) soulignent le caractère fictif du contrat social, qui n'est qu'une justification de l'agression étatique. D'autres (tendance minarchiste) comptent davantage sur la concurrence fiscale entre pays pour « limiter » cette agression.
Il est intéressant d’observer que les origines des droits de l'homme sont liées à la résistance à l'impôt : la Grande Charte (Magna Carta, 1215), la Déclaration d'Indépendance des États-Unis (4 juillet 1776) et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (20 Août 1789) ont leurs origines respectives dans la résistance fiscale, sans compter le plus ancien symbole de la liberté connu, le Ama-gi. Max Stirner l'explique ainsi :
«La propriété fut l'étincelle qui mit le feu à la Révolution. Le gouvernement avait besoin d'argent. Il devait dès lors, pour être logique, montrer qu'il était absolu, et par conséquent maître de toute propriété, en reprenant possession de son argent, dont les sujets avaient la jouissance, mais non la propriété. Au lieu de cela, il convoqua des états généraux, pour se faire accorder l'argent nécessaire. En n'osant pas être conséquent jusqu'au bout, on détruisit l'illusion du pouvoir absolu : le gouvernement qui doit se faire « accorder » quelque chose ne saurait plus passer pour absolu. Les sujets s'aperçurent que les véritables propriétaires étaient eux, et que c'était leur argent qu'on exigeait d'eux. »
    — Max Stirner, L’unique et sa propriété

Bibliographie

Notes et références

  1. Sur l'étymologie révélatrice de ce terme, voir Étymologie de l'impôt, de Thierry Afschrift.
  2. "On Friedrich Hayek and taxation: rationality, rules, and majority rule", Michael W. Spicer, National Tax Journal, Vol. 48, no. 1, (March, 1995)
  3. Stefan Altorder-Ong, Staatsbildung ohne Steuern, éd. Hier und Jetzt, 2011

Voir aussi

Organisations militantes

Liens externes

En anglais :

 

D) Les taux bas ont en partie masqué le dérapage budgétaire de la France en 2014 - AGEFI

La réduction du déficit budgétaire de la France, constatée depuis plusieurs années, a été interrompue, s'inquiète la Cour des comptes dans son rapport sur le budget français en 2014. Publié le 27 mai, ce rapport chiffre le déficit à 85,56 milliards d'euros, en hausse de 10,69 milliards par rapport à 2013. Le dépassement du déficit s'élève à près de 3 milliards d'euros par rapport à celui fixé en loi de finances initiale (LFI), précise la Cour des comptes.

L’exécution budgétaire a été compromise par des prévisions optimistes en recettes et des ajustements tardifs en dépenses, critique l'institution de la rue Cambon. Autre crainte, avec le maintien d’un déficit budgétaire élevé, la progression de la dette de l’État ne ralentit pas : "elle est passée de 1 457 milliards d'euros fin 2013 à 1 528 milliards d'euros fin 2014".

Seule consolation, "la faiblesse des taux d’intérêts nominaux a permis de contenir la charge budgétaire d’intérêt de la dette à 43,2 milliards d'euros, mais elle ne garantit pas pour autant la soutenabilité de la dette à moyen terme". Le rapport indique que "sur les 7,73 milliards de crédits annulés en 2014 (hors remboursements et dégrèvements), 3,40 milliards résultent d’une économie de constatation sur la charge de la dette".

"Pourtant, ajoute la Cour, les dépenses de personnel ont augmenté, passant de 119,6 milliards d'euros à 120,8 milliards d'euros en un an, comme les dépenses d’intervention, passant de 65,7 milliards d'euros à 66,2 milliards d'euros (hors dépenses exceptionnelles), alors qu’elles avaient diminué en 2013 ".

 



E) Après la crise, l’effondrement : comment en sortir ?

On nous a rebattu les oreilles sur la responsabilité des financiers et des banquiers dans la crise financière exonérant l’Etat de toute responsabilité. C’est « ce qu’on voit ». Pourtant le principal coupable c’est bien lui. Par ses réglementations il a perverti les lois du marché, et permis des choses naturellement inconcevables sans sanction immédiate du dit marché. C’est « Ce qu’on ne voit pas ».

Les hommes politiques ont prétendu qu’il fallait sauver les banques pour éviter le drame et que seul l’Etat pouvait agir. Pour ce faire les Etats ont dépensé massivement de l’argent qu’ils n’avaient pas. Ils ont ensuite affirmé relancer leur économie par un interventionnisme délirant. C’était à celui qui dépenserait le plus un argent qu’il n’avait toujours pas. Ils ont eu recours à la dette et à la création monétaire. Personne ne les a forcés, ils en étaient fiers. Cela correspond à leur mode de fonctionnement profond : dépenser pour asseoir son pouvoir.  Grâce à ces politiques volontaristes, les politiciens ont prétendu avoir sauvé le monde. « Sauveur du monde » ça vous donne une « posture d’Homme d’Etat », bien utile, surtout en période électorale.
La réalité c’est que les politiciens ont eu recours à « des politiques monétaires non conventionnelles » en un mot la planche à billets, et à de la cavalerie : de la dette pour payer de la dette. Endetter des Etats déjà endettés pour sauver les banques, puis endetter des Etats moins endettés pour sauver les plus endettés. Le projet de mutualiser la dette ne résoudra rien. Ce n’est pas de la solidarité, c’est une fuite en avant. Comme les politiciens ne peuvent pas endetter les Martiens la course à abyme finira par s’arrêter.
En attendant, le résultat est la catastrophe que l’on connaît. Massivement endettés, en proie aux déficits budgétaires, certains Etats sont passés de l’état de faillite avérée cachée à l’état de faillite avérée évidente. Aujourd’hui le roi est nu.

La crise a simplement été masquée mais la nature reprend ses droits, le monde réel existe, même si les politiciens en sont déconnectés.

Ces derniers n’ont aucune solution à proposer malgré leurs concertations et sommets. Ils confirment qu’il ne faut pas compter sur eux pour résoudre les problèmes qu’ils créent. Leur analyse est mauvaise, les conclusions qu’ils en tirent sont erronées, leurs solutions n’en sont pas. Prenons un exemple récent :

N’en déplaise à Alain Minc [1], nous ne subissons pas « un coup de folie qui a trois racines : l’irrationalité des investisseurs, l’inconséquence des banques, et l’inculture des agences de notation ». Ce que nous vivons, c’est la réalité qui rattrape les politiciens. Les investisseurs sont rationnels ils voient bien que la faillite est là. « Les banques ne se prêtent plus entre elles, craignant une improbable faillite ». Mais si les banques savent qu’elles peuvent faire faillite, cela veut dire qu’elles sont responsables et que personne ne les sauvera d’une mauvaise gestion. Il en résulte une forte incitation à bien gérer.

« Et il est fascinant de voir avec quelle superficialité les agences de notation jugent les pays. Pour l’Italie elles méconnaissent (…) que 30% de l’économie souterraine ne figure dans aucun compte, et elles n’intègrent pas la force de son industrie. Elles oublient surtout que les pays européens peuvent augmenter leur TVA et disposer d’un surcroît immédiat de ressources. »D’habitude l’économie souterraine est critiquée comme vivant de la fraude, alimentant la corruption, et réduisant les recettes de l’Etat. Les agences de notation tiennent bien compte de l’économie souterraine puisque sans économie souterraine bien des pays seraient dans une situation plus dramatique encore. Si leur situation réelle leur permet de surnager c’est que l’économie souterraine produit des fruits visibles et les agences le constatent. Si vous voulez une bonne note, faites une bonne politique. La force de l’industrie italienne aussi extraordinaire soit elle, elle ne sauvera pas l’Italie dans les circonstances actuelles. Quant à l’augmentation de la TVA, qui n’a aucune originalité, elle ne sauvera rien. Elle ne créera aucune ressource, elle détournera au profit de l’Etat des richesses produites par les gens et qui sortiront du circuit du marché libre et de l’économie réelle. On est toujours dans le « ce qu’on voit » on ignore « ce qu’on ne voit pas »

Ce n’est pas « la baisse brutale des cours des matières premières si elle se maintient, (qui) va éloigner les risques inflationnistes qui pesaient sur la Chine et les pays émergents » L’inflation n’est pas liée à la hausse des prix, mais à l’augmentation de la masse monétaire ne reposant sur aucune création de richesse.  Nous allons peut être « à marche forcée vers la gouvernance économique européenne ». C’est le rêve des hommes de l’Etat mais c’est une mauvaise chose, comme le serait une gouvernance mondiale. Bien des gouvernants, depuis des décennies, ont suivi des politiques ineptes.  Heureusement certains sont parvenus à y échapper. Il existe des issues de secours. Une gouvernance mondiale fermera toute issue de secours, tuera la concurrence entre Etats, étouffera la liberté économique, fondera le totalitarisme.

Non l’urgence n’est pas « la coordination macroéconomique » mais la liberté microéconomique. « Les Chinois commencent à avoir peur. Bonne nouvelle ! » La peur des Chinois, si tant est qu’elle existe, n’est pas une bonne nouvelle. Dans une économie libre et prospère ce n’est pas la peur qui guide mais la confiance. La bonne nouvelle serait la confiance. Comme bien des personnes les Chinois, sont rationnels, ils ne sont plus certains d’être remboursés !  D’ailleurs, l’agence chinoise de notation Dagong GlobalCredit Rating a, depuis plusieurs semaines, bien avant Standard & Poor’s, dégradé la note des USA à AA, et celle de la France à A-.

L’exemple qui précède n’est pas isolé. Il suffit d’écouter une radio, de regarder la télévision, de lire un quotidien ou un magazine, tous sont sur le même ton. Cela montre que les seules idées des politiques et de leurs conseillers, sont plus de réglementation, mondiale de préférence, et plus de taxes et d’impôts. C’est ce qu’ils appellent la rigueur. Ils veulent l’imposer aux gens, les contraindre à des sacrifices, et rester en place. En vérité, ce sont les gens qui devraient renvoyer les politiques pour les sanctionner de les avoir menés à la ruine.
Il ne sert à rien de se tourner vers l’Etat. L’Etat providence est mort. Les individus doivent ouvrir les yeux, la sécurité sociale par l’Etat est un leurre. Les personnes doivent désormais accepter d’assumer la responsabilité de leur vie. Chacun doit retrousser ses manches. « L’homme ne peut vivre et jouir que par une assimilation, une appropriation perpétuelle, c’est-à-dire par une perpétuelle application de ses facultés sur les choses, ou par le travail. De là la Propriété. » Frédéric Bastiat « La Loi ». Chacun doit redécouvrir la Souveraineté individuelle et la coopération spontanée.
La seule solution est de cesser de s’endetter et de rembourser les sommes dues.
Les crises économiques ne sont pas inéluctables, la réglementation et l’interventionnisme des Etats en sont la cause. Frédéric Bastiat écrit dans « Harmonies économiques, A la jeunesse française » : « Tous les intérêts légitimes sont harmoniques. (…) la solution pratique du problème social : s’abstenir de les contrarier et de déplacer les intérêts. Il ne faut pas étendre artificiellement la solidarité de manière à détruire la responsabilité ; en d’autres termes, il faut respecter la liberté. » Il faut respecter la liberté économique et la Propriété privée.

Pour ne plus s’endetter il faut diminuer les dépenses publiques donc privatiser et strictement cantonner l’Etat à ses fonctions régaliennes. Privatiser ce n’est pas vendre le pays, à d’odieux prédateurs. C’est mettre en oeuvre une formidable puissance économique légitime. C’est le retour de la responsabilité personnelle, de la prévoyance et de l’épargne. La propriété et la responsabilité personnelle sont les meilleures armes contre la fraude.

Pour rembourser il faut la prospérité donc la liberté économique. Il faut baisser les prélèvements obligatoires, pour que les individus aient les moyens matériels de se prendre en main, de faire des choix économiques et de destin. Ils pourront agir en particulier lors des privatisations. Même si ce ne sont pas des nationaux, ce n’est pas un problème. La mondialisation ouvre aux pays en difficultés les ressources de la planète entière, à condition de jouer la carte du libre échange. Habituellement, les étatistes déplorent l’existence d’une économie souterraine, parfois très importante, qui réduirait les recettes de l’Etat. « C’est ce qu’on voit ». Mais elle permet aujourd’hui au pays de survivre, parce que l’argent reste dans l’économie réelle. « C’est ce qu’on ne voit pas ». Demain, c’est une réserve de puissance pour une économie libérée. Autre réserve de puissance, les exilés fiscaux, qui fuient la spoliation légale et qui protègent leur bien de la rapacité des Etats. Au lieu de leur faire la traque il faut les amnistier. Il faut une fiscalité simple faible, claire, proportionnelle à taux unique : la flat tax. Il faut le retour à la confiance, la sûreté juridique des droits de propriétés à l’abri de l’Etat spoliateur.

Privatisation, baisse des prélèvements, flat tax, amnistie, liberté économique, droits de propriétés sûrs et libre échange sont les clés de la sortie de crise et de la prospérité. Ce n’est que de cette façon que les particuliers, libres, répareront les dégâts des Etats.

Patrick de Casanove





 F) Déficit : les dérapages de l'État épinglés par la Cour des comptes

Selon la Cour des comptes et son président Didier Migaud, le déficit budgétaire de l'État a continué à se creuser de plus de 10 milliards d'euros en 2014. La dépense publique n'a elle été maîtrisée qu'au prix de divers expédients.

Selon un rapport de la Cour des comptes, la réduction des déficits s'est interrompue en 2014. Les Sages de la rue Cambon critiquent également les "opérations budgétaires contestables" de l'État pour stabiliser ses dépenses.

La Cour des comptes a passé au peigne fin l'exécution du budget de l'État en 2014. Elle y relève une interruption dans la réduction du déficit de l’État amorcée en 2010, une augmentation de sa dette, des recettes fiscales inférieures aux prévisions et une stabilisation de dépenses de l’État. Sur le creusement du déficit, supérieur de 10,7 milliards à l'année précédente, le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a rappelé mecredi devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale que "même retraité des dépenses exceptionnelles", comme le deuxième programme d'investissements d'avenir (PIA) - de 12 milliards d'euros -, "le déficit augmente de 5,5 milliards d'euros par rapport à 2013".

"En réalité, la croissance et l'inflation, plus faibles que prévu, ont affecté fortement l'exécution du budget", a reconnu Didier Migaud. "En 2014, on est parti sur des prévisions économiques bien meilleures que ce qu'il s'est finalement passé", a expliqué l'entourage du secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert. A l'époque, le budget avait été élaboré sur la base de prévisions de croissance de 0,9% et d'inflation de 1,3%. En réalité, la croissance moyenne sur l'année a été de 0,2% et l'inflation n'a pas dépassé 0,5%. Pour le gouvernement et sa majorité, c'est cet écart dans la conjoncture qui explique l'écart de plus de 10 milliards d'euros observé entre les recettes fiscales attendues et celles finalement enregistrées. 

Concernant la dette, Didier Migaud s'est inquiété de son augmentation de 71 milliards en 2014 par rapport à 2013 et d'"un montant inégalé d'émission de titres de dette" programmé en 2015. Il a également critiqué le caractère "anesthésiant" des taux d'intérêt très bas qui font baisser la charge de la dette. Il a également regretté des "opérations budgétaires contestables" qu'auraient pratiqué Bercy pour aboutir à une stabilisation des dépenses de l’État.

Le gouvernement, lui, fait valoir que les dépenses sont en baisse par rapport au niveau qu'elles auraient atteint si leur tendance à la hausse n'avait pas été enrayée. "Le PIA a été largement utilisé pour combler les insuffisances de crédits budgétaires en contradiction avec son objectif initial, en particulier au profit du ministère de la Défense, à hauteur de 2 milliards d'euros", estime la Cour, qui évalue à 3,3 milliards d'euros au total cette "substitution".

Une analyse fortement contestée par les députés de la majorité au sein de la Commission des Finances. Plusieurs d'entre-eux ont rappelé que le pilotage du PIA était le même depuis 2010, c'est-à-dire qu'il était confié aux opérateurs de l’État et non géré directement par l’État. Autres "opérations budgétaires contestables" selon la Cour, la sous-budgétisation de certaines missions comme les opérations extérieures de défense ("opex", c'est-à-dire les interventions militaires à l'étranger) ou de prestations comme les aides personnelles au logement, l'hébergement d'urgence ou le RSA.

A propos des opex, l'entourage de Christian Eckert a expliqué que la sous-budgétisation éventuelle était "assumée". Quant aux prestations, "on est plus dans un débat technique car ce sont des dépenses qui dépendent de la conjoncture économique", a-t-on précisé de même source.



G) Déficit budgétaire, différents posts de blogueurs sur Contrepoints

Déficit budgétaire

 



H) L'inquiétude demeure à la Cour des Comptes

Régulièrement, la Cour des Comptes, organisme chargé de contrôler les comptes publics de l’Etat et des agences publiques, des entreprises publiques et de la Sécurité Sociale (et le cas échéant de prodiguer des conseils) tire la sonnette d’alarme sur l’état des finances de la France. Alors que le projet de loi de règlement du budget 2014 (en d’autres termes, c’est la loi qui soldera les dernières factures de l’année dernière) va être présenté dans les prochains jours à l’Assemblée Nationale, de nouveaux rapports sont venus ternir l’exercice 2014. Pour résumer, la Cour des Comptes, par l’intermédiaire de son premier président, Didier Migaud, interrogé par la commission des finances de l’Assemblée Nationale, pointe du doigt un dérapage du déficit de l’état de 10.7 mds d’euros (réparti entre une baisse des recettes fiscales de 6 milliards d’euros et une hausse des dépenses de 4.2 milliards d’euros). Selon lui, ce dérapage s’explique par des estimations de croissance et d’inflation bien trop optimistes par rapport à la réalité. S’ajoutent à cela des dépenses sous-estimées comme celles qui concernent les opérations extérieures (l’engagement de l’armée française à l’étranger).D’autre part, Didier Migaud s’est aussi inquiété de l’augmentation de la dette de l’état: entre 2013 et 2014, elle a glissé de 71 milliards d’euros. Pour l’exercice 2015, il semblerait que cela s’accélère encore puisqu’une émission record de titres de dette est prévue. Les taux d’intérêt particulièrement bas depuis quelques temps (même si on note actuellement leur remontée), abaissant leur charge dans le budget de l’état, agit comme un appel d’air en permettant d’emprunter plus. En somme, on assiste à une fuite en avant des finances publiques.

"L'État se comporte comme les acteurs capitalistes qu’il critique à longueur de journée"

Enfin, et c’est le point que je voulais aborder, la Cour des Comptes a noté que l’Etat malgré la conjoncture économique difficile, continuait à percevoir d’importants dividendes en provenance des entreprises dont il est actionnaire. Or, cette manière de faire n’est pas conséquence: en effet, en agissant de la sorte, l’état néglige le développement et l’investissement indispensables pour que ces sociétés continuent à rapporter de l’argent. En d’autres termes, l’Etat fait du court terme et se comporte comme les acteurs capitalistes qu’il critique à longueur de journée. Pour l’année 2014, les dividendes obtenus se sont montés à 4.1 milliards d’euros contre 3.1 prévus initialement par la loi de finances présentée par le gouvernement. La Cour des Comptes va même plus loin en ajoutant que plusieurs entreprises ont versé des dividendes en 2014 alors même que leurs résultats étaient déficitaires en 2013, citant l’exemple d’Engie (ex-GDF-Suez) qui après avoir perdu 9.3 milliards d’euros a réussi le tour de force de donner 1 milliard d’euros à l’état. La juridiction financière souligne aussi que sur les douze plus importantes sociétés dont l’état est actionnaire, neuf d’entre elles ont connu des taux de distribution de résultats, supérieurs au taux moyen des entreprises du CAC40, souvent prises pour cible pour rémunérer beaucoup trop le capital [1].Alors que l’exemple récent d’Areva nous montre que la gestion de l’état peut conduire à des situations catastrophiques (pertes de 4.8 milliards d’euros pour l’exercice 2014, auxquelles s’ajoutent entre 3000 et 4000 licenciements), on est en droit de se demander si l’action publique (i.e. la participation de l’état dans de grands groupes) est encore pertinente. Est-ce au contribuable de payer pour ces erreurs de gouvernance surtout qu’il ne voit pas la qualité des services s’améliorer pour autant (l’exemple ferroviaire est éloquent à ce sujet) ? Reste que l’Etat par l’intermédiaire de l’APE (l’agence qui gère les participations) ne compte pas renoncer de sitôt à cette manne financière, même si pour cela il doit saigner à blanc certains fleurons français. Dès lors on remarque une offensive de l’Etat, qui vient tout juste d’augmenter sa participation dans Renault (de 15% à 19.74%), au moment même où l’action grimpe.Mais les éminences ministérielles ont une autre idée en tête: continuer à conserver de l’influence dans certains groupes y compris dans ceux dont la participation publique a baissé. C’est alors qu’entre en scène la fameuse loi Florange, votée en 2014. En plus du volet controversé qui demande à une entreprise de chercher un repreneur au cas où elle voudrait fermer une succursale de plis de 1000 salariés, une deuxième mesure, intéresse plus particulièrement l’Etat-actionnaire: celle qui permet à un actionnaire qui détient ses titres depuis plus de deux d’obtenir des droits de vote doublés. Etant donné le portefeuille public, cette règle donne à l’état un immense avantage dont certains opportunistes du gouvernement aimeraient tirer parti. Ainsi, selon une étude récente si l’état cédait 10% d’EDF, 11.7% d’Engie et 10.7% d’Orange, il récupérerait 16.5 milliards d’euros tout en conservant ses droits de vote et donc son influence, l’empêchant d’être mis en minorité [2]. Pratique, mais pas vraiment fair-play surtout si on tient compte du conflit d’intérêt évident (l’état vote une loi qui lui profite directement). Une raison de plus pour appeler à la fin de ces participations.

Alexandre C.

[1] Dépêche de Reuters datée du 27 mai 2015 et disponible via ce lien.[2] Selon des données d'un article de l'hebdomadaire Challenges datant d'avril 2015 et consultables via ce lien.



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