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juin 15, 2015

La "blé-mania" France, une économie réelle pour une histoire fictive !

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 
Le texte qui suit n’est que pure-fiction... Gardons toutefois en tête les réalités suivantes pour que sa lecture prenne une tonalité géopolitiquement plus profonde : la France est le 5e pays producteur et le 3e exportateur en blé de la planète. Près de 10% de la superficie métropolitaine française est couverte en blé. Environ 500 000 emplois directs et indirects sont générés en France par la filière céréalière. En 2014, l’exportation de céréales s’est élevée à 9,5 milliards d’euros, le blé étant la céréale phare de cette France agricole performante dans la mondialisation. Un hectare de blé sur cinq cultivé en France se retrouve consommé par les populations du Sud de la Méditerranée, qui captent deux-tiers des exportations françaises de blé en dehors de l’UE. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la France avait besoin de l’étranger pour couvrir ses besoins en blé. Depuis le dernier tiers du XXe siècle, la France n’a pas de pétrole mais elle a du blé. Dans un contexte alimentaire en évolution rapide depuis le début du XXIe siècle, le blé constitue un atout majeur pour la compétitivité économique et l’influence stratégique de la France dans le monde.

Cours(blédur)du15/06/2015
290 €/t
Rendu La Palisse
cotation bourse blé
 
Le blé, un produit stratégique pour la France et son influence dans le monde
 
18 juin 2020. A Paris, les Champs Élysées sont recouverts de blé. Le temps d’une journée, le produit phare de l’agriculture française est célébré. La date est symbolique. Cela fait cinq ans qu’un « appel du blé » a été lancé pour positionner cette céréale au cœur de la diplomatie économique de la France. C’est aussi le trentième anniversaire de la même manifestation tenue le 24 juin 1990, date d’une « Grande Moisson » qui avait pris possession de l’une des avenues les plus célèbres du monde. De l’Arc de Triomphe à la Concorde, les épis de blé tapissent les sols sur près de 2 kilomètres et 70 mètres de large. Il s’agit à la fois de valoriser le secteur auprès de l’opinion publique et de promouvoir le rôle essentiel du blé pour l’économie nationale mais également l’influence du pays à travers la planète, notamment en direction des pays francophones. En 2020, plus que jamais, le blé contribue à rééquilibrer la balance commerciale nationale, encore déficitaire mais dont les corrections restent effectuées grâce aux performances à l’exportation de certains produits où la France reste compétitive. C’est notamment le cas de l’agro-alimentaire et des céréales. Si ce tableau ne fait que confirmer des réalités connues et observées depuis le début du siècle, la vraie différence tient au fait que le discours politique et diplomatique a évolué. Le blé fait partie intégrante des éléments de langage des décideurs français, quand bien même ils ne sont pas affairés aux
questions agricoles. Reclassé parmi les atouts majeurs de la Nation, le blé représente cette matière première bien vivante du territoire français, procurant de l’emploi et générant des revenus. Surtout, pour les diplomates et tous ceux qui travaillent à l’expression de la puissance française dans le monde, le blé est devenu l’un des meilleurs arguments pour illustrer ce que le pays peut faire, depuis les terres de l’Hexagone, pour concrètement contribuer à la stabilité et au développement dans le monde. Les grains produits en France partent pour désormais deux-tiers d’entre eux en direction de l’étranger. 

C’est une évolution forte par rapport à la situation qui prévalait encore au milieu de la décennie 2010, quand une tonne sur deux récoltée se retrouvait mise sur les marchés internationaux. Alors que la production française s’est améliorée quantitativement, avec la barre des 40 Mt franchie pour la première fois en 2019, elle s’est aussi bonifiée en termes qualitatifs. Les producteurs ont continué à améliorer leurs pratiques, inscrivant leurs activités dans les sillons d’un développement durable où la sécurité humaine est essentielle, comme cela a été défini dans le cadre de l’agenda post-2015 et de la feuille de route climatique établie à Paris lors de la COP21 tenue en décembre 2015. Plus responsable encore sur le plan environnemental, le producteur français s’est également attelé à faire progresser la qualité de ses blés. Davantage protéinés, ils correspondent aux attentes des consommateurs des pays acheteurs, qui reconnaissent les efforts menés depuis plusieurs années pour que l’origine française en blé cultive sa compétitivité. Il faut dire que cette montée en gamme sur le plan qualitatif fut rendue nécessaire face aux concurrences renforcées des origines russes et roumaines, de plus en plus présentes sur les marchés des rives Sud et Est du bassin méditerranéen. Et c’est bien là que la géopolitique du blé connaît sa sismicité la plus soutenue. Les autorités françaises, en étroite association avec les producteurs et les nombreux acteurs de la filière blé dans le pays, ont organisé cette journée du 18 juin 2020 pour une raison stratégique : de fortes secousses alimentaires ont déstabilisé la planète entre le printemps et l’automne 2019. 

Plusieurs gouvernements sont tombés dans des Etats où la demande en blé n’est couverte intégralement que grâce aux approvisionnements extérieurs. Or la tonne de blé s’est nettement renchérie en 2019, conséquence d’une campagne mondiale très défavorable et d’une combinaison d’événements géopolitiques ayant impacté lourdement le cours des céréales. La sécheresse historique aux Etats-Unis, à l’été 2018, est venue plomber la production de blé chez celui qui reste l’un des principaux greniers traditionnels du globe. 

Déjà fragilisée par la primauté donnée au maïs, le blé américain chute à 40 Mt pour la récolte de cette campagne 2018-2019. La conséquence pour les marchés mondiaux est immédiate : seuls 20 Mt seront exportées depuis les Etats-Unis, soit 40% de moins que la moyenne enregistrée lors des campagnes précédentes. La nervosité des cours du blé s’accentue à l’été 2018 quand il apparaît que la récolte autour de la mer Noire s’annonce mauvaise. Les problèmes politiques en Ukraine persistent depuis 2014, obérant le développement agricole du pays, dont une partie des terres à céréales est ravagée par des conflits militaires locaux entre les forces d’un régime affaibli à Kiev et des rebelles à l’Est revendiquant le rattachement à la Russie. Celle-ci plonge toutefois dans l’inconnue stratégique la plus totale à l’automne 2018. Son président perd le pouvoir et c’est tout le système politique russe qui tente de se recomposer face à cet événement soudain. La population saisit cette vacance de gouvernance pour muscler ses revendications. Les rues de Moscou sont pleines de manifestants, tandis que les campagnes connaissent une année creuse. Les plaines russes ont en effet subi une période de chaleur excessivement longue lors de l’été 2018. Quelques mois plus tard, il apparaît que la production en blé, comme celle des Etats-Unis, est historiquement basse. Avec 25 Mt, la récolte est à la fois catastrophique pour l’économie russe mais également terrible pour les équilibres du marché mondial. A peine 5 Mt de blé russe sortiront des ports de la mer Noire...La tonne de blé atteint 400 dollars le 16 mars 2019 à la bourse de Chicago. Le prix du blé reste supérieur à 300 euros en « rendu Rouen » pendant plus de cinq mois cette année-là. A l’été 2019, les guerres dans la péninsule arabique sont telles que le passage des navires par le canal de Suez est impossible. Sa fermeture pour plusieurs semaines perturbe le commerce mondial et certains flux céréaliers
dans la région. Le hub céréalier de Damiette, au nord de l’Egypte, à peine inauguré en 2018, est presque vide. Le coût du fret maritime part à la hausse, sans oublier un baril de pétrole situé à 200 dollars quand l’Arabie saoudite perd le contrôle de la moitié de son territoire en septembre 2019. Le Royaume, pour sauver la face et tenter d’endiguer les menaces, achète 10 Mt de blé sur les marchés, malgré le prix. Puisant dans leurs immenses réserves financières, les autorités saoudiennes redistribuent du blé aux populations moyen-orientales qui lui sont fidèles (ou qu’il faut conquérir) à bas coût, mais surtout sous la forme d’une aide alimentaire déguisée. A l’instar de l’épisode de 2007-2008, la crise alimentaire mondiale de 2019 est la conséquence d’une combinaison de facteurs. L’inflation du prix de plusieurs matières premières agricoles n’est pas uniquement le résultat de récoltes moins bonnes. Elle est aussi liée à de mauvaises nouvelles géopolitiques. L’inconnue russe, le chaos moyen-oriental, sans oublier les désordres socio-politiques en Afrique de l’Ouest, inquiètent les marchés et les contaminent. Les signaux pour l’économie mondiale sont mauvais. Les échanges de blé se tendent : malgré une production record de 765 Mt en 2018-2019, la demande dépasse l’offre. Comme au cours des deux précédentes campagnes. Les événements de 2018 et 2019 viennent pressuriser des marchés déjà particulièrement vulnérables. La facture à l’importation pour les Etats dépendants en blé explose. Certains n’ont pas les moyens de la régler. En Afrique du Nord, cela fait dix ans que les systèmes politiques sont bousculés par des aspirations sociales de plus en plus fortes. Le pain fait défaut dans de nombreux foyers en 2019. Il est si cher que son accès est difficile pour les populations vulnérables. Les subventions alimentaires en Egypte ont été réduites, tout comme au Maroc et en Tunisie, ce qui fait beaucoup hésiter l’Algérie à faire de même. Le renchérissement du pétrole lui offre un ballon d’oxygène sociopolitique à la différence de ses voisins. Mais l’Algérie achète en 2019 beaucoup de blé pour tenter d’éteindre les étincelles qui se multiplient dans une bande sahélo-saharienne en pleine ébullition. La pauvreté, les guerres et les insécurités s’y multiplient depuis des années. Cela nuit à la stabilité nord-africaine et pèse fortement sur le développement de toute l’Afrique de l’Ouest. Dans ce contexte, la France a pris des décisions courageuses en 2019. Elle a mis en place un système inédit de diplomatie alimentaire, en synergie complète avec les producteurs de blé et les opérateurs de la filière, y compris de la logistique et du négoce. Le blé d’origine France sera patriotique et stratégique. Il est vendu 220 euros la tonne lors de la campagne 2019-2020, quel que soit le cours sur les marchés et la volatilité des prix. Ce tarif unique et stable est pratiqué en direction des pays partenaires traditionnels de la France qui sont les premiers débouchés du blé français à l’export. Les Etats de l’Afrique du Nord et de l’Afrique de l’Ouest sont ainsi concernés, mais Paris n’oublie pas certaines destinations du Proche-Orient. La contrepartie diplomatique est simple : que ces pays achètent du blé français dans des quantités bien déterminées au cours des cinq prochaines campagnes et dans une fourchette de prix qui sera obligatoirement entre 200 et 240 euros la tonne, tarifs jugés suffisamment rémunérateurs pour l’agriculteur et relativement accessibles pour les acheteurs. Cette contractualisation quinquennal rassure tout le monde, producteurs de blé en France comme consommateurs dans les pays importateurs. Les opérateurs des marchés sont mobilisés pour se situer dans cet exercice. La puissance publique s’appuie sur les forces vives de la Nation. 

A travers une telle démarche de diplomatie économique avec le blé, les autorités françaises contribuent à atténuer les risques d’instabilités géopolitiques dans les régions voisines africaines. Si l’acte n’est pas compatible avec les règles commerciales de l’OMC et de l’UE, il est tout de même autorisé à titre expérimental pour répondre à une situation de crise. Le processus séduira Bruxelles qui décide de mener une réflexion approfondie pour qu’un tel dispositif soit appliqué à l’échelle européenne à partir de 2025, dans le cadre de la nouvelle PAC qui sera davantage géostratégique et articulée avec les politiques de coopération renforcée établies avec les pays du voisinage de l’UE Le 18 juin 2020, le Président de la République française termine son discours à la Concorde en rappelant que le blé fait non seulement partie de l’histoire profonde du pays mais qu’il est surtout un produit vital pour la sécurité mondiale. Il appelle les concitoyens à être fiers que la France soit dotée d’un tel atout, contribuant à l’alimentation de base de la population nationale et à l’équilibre des marchés internationaux où la croissance des besoins alimentaires s’affiche comme l’un des principaux moteurs. 

Le Président français conclut en regardant l’horizon de ces Champs Élysées recouverts de blé : il y voit au loin la défense des intérêts de la France et, au milieu, le triomphe de son modèle diplomatique. Rayonner avec ses atouts dans la mondialisation et savoir être une puissance juste dans son action : tel est le cap fixé pour le développement économique et la politique extérieure de la France. 

Sébastien Abis présentera son ouvrage “ Géopolitique du blé, un produit vital pour la sécurité mondiale” dans le cadre du colloque “Le blé, enjeux géopolitiques et diplomatie économique” organisé par l’IRIS et l’AGPB le jeudi 18 juin 2015.

mai 09, 2015

Royaume-Uni - Cameron - analyse et critiques bien françaises

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.




Sommaire:

A) Dix idées reçues sur le Royaume-Uni - Eudoxe Denis - Paroles d'experts - Le think tank de l'entreprise: institut-entreprise

B) Élections au Royaume Uni : erreur des instituts de sondage ou versatilité de l’opinion ? - Par Claude Robert - contrepoints et sa liste de liens sur ce thème

C) Quand Cameron est là, les sur-riches dansent - Une critique, analyse de Sonia DELESALLE-STOLPER

D) Hollande rappelle Cameron à l'ordre sur l'Europe - Par avec AFP

E) Royaume-Uni : les défis qui attendent David Cameron - Par avec AFP

F) Victoire écrasante des indépendantistes écossais - Philippe Bernard (Londres, correspondant) (source)

G) Histoire du Royaume-Uni de Wikiberal

H) David Cameron ne veut pas que son pays soit «aussi mauvais que la France» - M.P. avec AFP

I) Mathieu Laine : et si la France s'inspirait de Cameron - Le Point


A) Dix idées reçues sur le Royaume-Uni

1. « La croissance de l’emploi britannique repose sur des petits boulots, précaires et peu qualifiés »
Si les contrats zéro heure ont vu leur nombre augmenter depuis la crise, leurs titulaires ne représentent que 2,3% de la population active, et d’après l’ Office for National Statistics, les deux tiers d’entre eux ne souhaitent pas travailler davantage d’heures.

Les emplois indépendants (self employement) représentent quant à eux un peu plus de la moitié (56%) des emplois créés depuis mai 2008, mais cette part décroît si l’on avance le point de comparaison (seulement 15% des emplois créés en 2014). D’après la Banque d’Angleterre, l’essentiel de la croissance de l’emploi indépendant depuis 2010 s’explique par des facteurs de long terme comme le progrès technologique ou l’évolution démographique (le vieillissement de la population active, par exemple, explique environ la moitié de la croissance du nombre de travailleurs indépendants depuis 2004). Si la récession a pu conduire certains salariés à se mettre à leur compte, l’idée selon laquelle elle constituerait le principal facteur de la croissance de l’emploi indépendant n’est pas étayée par les faits.

Sur les douze derniers mois, les emplois salariés à temps plein représentent les trois quarts des créations d’emplois. Entre 2006 et 2013, le Royaume-Uni a créé davantage d’emplois qualifiés que n’importe quel autre pays de l’Union Européenne .

Evolution de l’emploi par statut et qualification entre décembre 2007 et décembre 2014 (en milliers)



Source : Office for National Statistics – analyse de l’Institut de l’entreprise
Note méthodologique :
- ‘high skill’ = ‘managers and senior officials’, ‘professionals’, ‘associate professionals and technicians’
- ‘middle skill’ = ‘administrative and secretarial’, ‘skilled trades’
- ‘service intensive’ = ‘care, leisure and other service’, ‘sales and customer service’
- ‘labour intensive’ : ‘process, plant and machine operatives, and elementary occupations’

2. « Les salariés britanniques sont moins productifs que les salariés français »

ð En 2013, la productivité horaire française s’établit bien 27 points au dessus de celle des britanniques. Cet écart tient toutefois en grande partie à deux facteurs : une durée effective du travail moins élevée dans notre pays, et un taux d’emploi plus faible qu »au Royaume-Uni (écart de 8 points). Le premier facteur explique que l’écart entre nos deux pays soit plus faible en termes de productivité par tête (13 points) et que ce dernier écart se réduise. Le second implique qu’en France, l’emploi est concentré sur les personnes les plus productives, quand la productivité décline au Royaume-Uni à mesure que sont ramenés vers l’emploi les individus qui en sont les plus éloignés (même s'il existe d'autres facteurs plus structurels derrière le décrochage des gains de productivité britanniques, comme une mauvaise allocation du capital).
 

3. « Les inégalités et la pauvreté ont explosé au Royaume-Uni »

L’essentiel de la croissance des inégalités ces trente dernières années au Royaume-Uni s’est produite dans les années 1980. Alors que dans les années 1960-70, le coefficient de Gini se situait autour de 0,26, il a cru significativement durant la décennie suivante pour s’établir à 0,34 en 1990. Mesurées par le coefficient de Gini, les inégalités ont atteint leur pic depuis 1961 entre 2007 et 2009, avant de chuter brutalement en 2010. Elles connaissent un niveau quasiment inchangé entre 2010 et 2012, dernière année pour laquelle des statistiques existent. Le coefficient de Gini s’élève à cette date à 0,34 contre 0,36 en 2007.

L’Institute for Fiscal Studies (IFS) souligne par ailleurs que la part des revenus détenue par les 1% a chuté pendant la crise au Royaume-Uni pour retrouver son niveau de la fin des années 1990. Quant au ratio entre les neuf premiers et le dernier décile (90/10), celui-ci avait atteint en 2012 son plus bas niveau depuis la fin des années 1980. Les projections réalisées par l’IFS lui permettent d’affirmer que ce ratio serait resté stable entre 2012 et 2014.



L’IFS a réalisé aussi des projections pour évaluer l’évolution de la pauvreté entre 2007 et 2014. Sur cette période, la proportion des personnes vivant en situation de pauvreté absolue[1] devrait diminuer de 18,2% à 16,1%, tandis que le taux de pauvreté relative devrait connaitre une évolution similaire (de 18,2% à 16,1%). Dans le second cas, on devrait toutefois observer une hausse entre 2012 et 2014 (le taux de pauvreté absolue devant au contraire rester constant sur la période).

4. « Les ménages britanniques ne bénéficient pas du retour de la croissance »

>> Le Royaume-Uni a fait le choix de l’emploi – avec un taux record de 73,4% en février 2015 contre 72,4% sur la période 1997-2007 – plutôt que des revenus. Les salaires réels sont toutefois repartis à la hausse et le revenu net disponible des ménages (par tête) se situait fin 2014 2,2 points au dessus de son niveau d’avant-crise.

Au total, entre avril 2010 et février 2015, le pays compte deux millions de personnes en emplois supplémentaires.

Le nombre de ménages sans emploi (‘workless households’ [2]) a diminué de 604 000 entre 2014 et 2010, contre seulement 140 000 entre 1997 et 2007, et le nombre d’enfants vivant dans l’un de ces foyers de 372 000 (vs. 408 000). En pourcentage du nombre total d’enfants, il n’a jamais été aussi bas (12,7% contre 16,2% en 2010 et 16,5% en moyenne entre 1997 et 2007)



Source : ONS

5. « Les sondages traduisent le rejet par les britanniques des politiques d’austérité »

>>  D’après la British Social Attitude survey, après cinq ans d’austérité, seuls 37% des britanniques souhaitent augmenter à nouveau les dépenses publiques.

Un sondage réalisé par Yougov en janvier dernier donne des conclusions similaires : interrogés sur les choix à conduire du prochain gouvernement, seuls 32% des britanniques s’exprimaient en faveur « de moyens accrus pour les services publics et l’investissement public, même si cela devait se traduire par davantage de déficit et de dette publique ». A noter toutefois l’existence d’un vrai clivage politique, avec seulement 12% des sympathisants conservateurs favorable à cette proposition, contre 58% des sympathisants travaillistes.

6. « Les différences entre le programme des travaillistes et celui des conservateurs ont des implications déterminantes sur la trajectoire des finances publiques »

>> Réel, l’écart entre l’impact des mesures des deux partis reste marginal par rapport aux implications résultant des scénarios d’évolution des gains de productivité. Si ces derniers renouaient au Royaume-Uni avec leur rythme des années 1980, l’impact sur la croissance serait tel qu’il serait inutile de mettre en œuvre des coupes supplémentaires dans les dépenses publiques. A l’inverse, si les tendances actuelles se poursuivent, on peut prévoir une nouvelle crise budgétaire dans les cinq ans à venir, quelles que soient les mesures contenues dans les différents programmes.

7. « La politique d’austérité a été abandonnée en cours de route »

>> La réévaluation du déficit structurel et la faiblesse non anticipée des recettes fiscales ont conduit le gouvernement britannique à revoir à la hausse l’ampleur de l’effort budgétaire à fournir et à étaler celui-ci dans le temps. Néanmoins, l’essentiel des mesures prises lors du Budget de juin 2010 et la Spending Review de l’automne 2010 ont bien été mises en œuvre par le chancelier britannique, même si la composition des coupes budgétaires a pu évoluer en mettant davantage l’accent sur les dépenses courantes que sur les dépenses d’investissement.


8. « David Cameron est un réformateur moins radical que Margaret Thatcher »
>> En un seul mandat, le gouvernement de coalition s’est attaqué à la réforme de l’ensemble des services publics – l’éducation, la santé, les services sociaux et celui du retour à l’emploi – quand Margaret Thatcher s’était refusé à reformer le NHS avant son troisième mandat, et avait buté sur la réforme du système éducatif au cours du deuxième. Même si elle a eu lieu plus tard que prévu, l’introduction du Crédit Universel pourrait, si elle est menée à bout, constituer avec celle du système des retraites la plus grande réforme de l’Etat-Providence depuis Beveridge.

Enfin, du côté des finances publiques, si la stratégie du chancelier Nigel Lawson avait su porter ses fruits entre 1984 et 1988, la mise en œuvre du plan Howe de réduction des finances publiques s’était d’abord soldée entre 1980 et 1983 par un dérapage de près de 4 points de PIB par rapport aux prévisions initiales.

9. « Le gouvernement de coalition a entraîné la casse des services publics et la privatisation de l’Etat-providence »

>> Si c’est sur le fonctionnement des services publics qu’a pesé l’essentiel de l’effort de réduction des dépenses, avec une baisse en termes réels de la dépense courante de service public par habitant de près de 13% entre 2009 et 2013, les enquêtes d’opinion ne montrent pas de dégradation de la satisfaction des usagers vis-à-vis de ces derniers. Dans le cas du système de santé (NHS), il est vrai en partie épargné par cet effort, la satisfaction se situe même en 2014 en hausse par rapport à l’année suivante (65% vs. 60%).

Par ailleurs, si l’on estime que les dépenses liées à l’externalisation de services publics ont doublé au cours des cinq dernières années, les craintes liées à la privatisation de certains services publics ou sociaux paraissent exagérées. Ainsi, seuls 5,9% de l’activité du système de santé (NHS) était externalisés auprès de prestataires privés fin 2014. – soit une hausse modeste par rapport à 2010 (4,4%).

10. « La Big Society a été un échec outre-Manche »

>> Si l’expression n’est plus mise en avant – elle figure toutefois dans le programme des conservateurs – les politiques qui s’en inspirent restent nombreuses. Dans le domaine éducatif, 400free schools ont été lancées ou sont sur le point de l’être à la rentrée 2015 et Cameron a promis la création de 500 nouvellesfree schools s’il est réélu. Surtout, près des deux tiers des écoles secondaires publiques ont été transformées en academies : la révolution de l’autonomie scolaire engagée par le gouvernement de coalition dès 2010 apparaît aujourd’hui difficilement réversible.

[1] La pauvreté absolue est définie ici par l’IFS comme définissant des individus dont le revenu se situe en dessous d’un seuil fixe, ici égal à 60% du revenu médian de 2010 (soit 278£ par semaine pour un couple sans enfant en 2014), alors que la pauvreté relative se rapporte à des individus dont le niveau se situe en dessous de 60% du revenu médian pour une année donnée. Les taux de pauvreté calculés par l’IFS intègrent ici les coûts du logement.
[2] Foyer comprenant au moins une personne de 16 à 64 ans, et où aucun membre de plus de 16 ans ne travaille

David Cameron's 12-month election honeymoon: Prime Minister's chance for radical Conservative policy blitz on welfare, schools... and even an early referendum on Europe



B) Élections au Royaume Uni : erreur des instituts de sondage ou versatilité de l’opinion ?

La large victoire de David Cameron a été une surprise pour les médias. Les instituts de sondage se sont lourdement trompés.

Rares sont les erreurs aussi manifestes des prévisions de vote que celles avérées jeudi lors des élections au Royaume Uni. Les sondages annonçaient la veille même des scores historiquement serrés entre conservateurs et travaillistes. Le lendemain, les urnes révélaient une victoire écrasante, et tout aussi historique, du parti de David Cameron. Le plus étonnant est de constater que l’ensemble des instituts de sondage a commis la même erreur en anticipant non seulement une absence de majorité absolue, mais des scores à peu près égaux entre les deux principales formations britanniques.

L’image des instituts de sondage n’avait pas besoin de cela. Les quolibets ont fusé très rapidement, les médias parlant d’erreur monumentale, le maire de Londres y allant de ses formules humoristiques : « Les instituts de sondage devraient commencer par se sonder. » Pourtant, il n’est pas certain que de telles critiques soient méritées. Pourquoi ?

Parce que les sondages ne sont pas des pythies qui tentent de deviner le futur. Leur objectif est somme toute assez modeste et consiste au contraire à mesurer l’état de l’opinion à un instant donné. Les méthodes utilisées pour les échantillonnages ne visent d’ailleurs qu’à rationaliser la collecte des informations. Il serait en effet stupide de vouloir interroger la totalité des électeurs pour avoir une idée fiable de ce qu’ils pensent faire dans l’isoloir. Grâce aux méthodes statistiques basées sur la loi normale (ou loi de Gauss), il est tout à fait possible d’obtenir une photographie fidèle en n’interrogeant qu’une partie représentative d’un ensemble. À moins d’outrepasser ces règles de calculs d’échantillon, d’estimation de degré de précision et d’intervalles de confiance, ce que ne peuvent décemment pas faire les instituts de sondages, de telles surprises sont inquiétantes et doivent être impérativement analysées.

Il existe parfois des biais que les instituts doivent connaître sous peine de ne pas obtenir de résultats fiables. Une fois ces biais connus, ceux-ci peuvent faire l’objet de « redressements ». Les cas les plus connus de ces dernières années en Europe concernaient les scores du Front National en France et de Silvio Berlusconi en Italie. Les sondages avaient considérablement sous-estimé leurs résultats respectifs. Dans les deux cas, le biais avait une même origine. Que ce soit en Italie ou en France, la pression médiatique était tellement forte contre Berlusconi et la famille Le Pen que seuls les électeurs courageux osaient affronter le jugement des enquêteurs et avouer leur véritable choix. Un pourcentage non négligeable d’entre eux préférait adapter leurs réponses et sauver les apparences au moment de l’interview. Ce phénomène « de rationalisation » est un biais classique en matière de sociologie et se retrouve chaque fois que les réponses à un questionnaire peuvent donner lieu à une réprobation. Connaître la part des répondants qui a travesti ses réponses pour sauver la face permet de corriger les sondages et d’obtenir des résultats beaucoup plus fiables. De même que chaque questionnaire doit faire l’objet d’un test afin de vérifier qu’il est bien compris, et qu’il ne génère pas en lui-même des réponses de circonstance .



Dans certaines investigations encore plus délicates, le biais peut toucher la totalité des répondants. Il s’agit alors de ce que l’on appelle, en sciences humaines, le « syndrome du test » : le seul fait de poser la question induit des réponses biaisées. Soit parce que le sujet est trop personnel, soit parce qu’il est moralement tabou, etc.

Or ni les enjeux de l’élection au Royaume Uni, ni même les candidats ou les partis en lice, ne semblaient de nature à déclencher ne serait-ce que des réponses de « rationalisation ». Aucun candidat n’était en effet ostracisé par les médias, aucun parti ne sentait le soufre. Que s’est-il donc passé ?

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce phénomène :
  • Le seul fait d’avoir sur-communiqué sur le risque d’absence de majorité a probablement alerté l’opinion publique. Celle-ci s’est alors adaptée à ce risque. Il ne faut jamais oublier que l’opinion publique n’existe pas en soi. C’est la somme des jugements collectés à un instant donné, ni plus ni moins.
  • L’un des candidats, David Cameron, dont c’était le rôle, semble avoir beaucoup capitalisé sur ce risque au tout dernier moment, ce qui a pu aider à retourner une part significative de l’électorat.
  • Une partie de l’opinion publique ne prend pas au sérieux les instituts de sondage, et se joue d’eux en répondant n’importe quoi aux questions. Ce problème constitue d’ailleurs un risque majeur pour les instituts car leur métier serait rendu beaucoup plus difficile.
  • Une partie de l’opinion a simplement changé d’avis le jour du vote, pour une raison que l’on ne connaît pas.
  • Les instituts de sondages se sont tous trompés dans leur échantillonnage ou dans la façon de rédiger le questionnaire. Mais peut-on vraiment l’imaginer ?
Pour la crédibilité des instituts de sondage, il est bien évidemment impératif d’analyser ce qui s’est produit et de lever le doute. Le jour où les instituts ne seront plus pris au sérieux, ils ne pourront plus faire leur job.

Par Claude Robert  


la victoire de l'austérité par G. Koenig

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Les Français doivent-ils s’inspirer de David Cameron ?

 

C) Quand Cameron est là, les sur-riches dansent - Une critique, analyse de Sonia DELESALLE-STOLPER

ANALYSE

Durant le mandat du Premier ministre conservateur, le fossé entre pauvres et nantis s’est sensiblement élargi.


Les riches ont un problème. Ils sont de plus en plus riches. Avant, il n’y a pas si longtemps, on les appelait simplement les riches. Puis, il y a peu, ils sont devenus les super riches. Maintenant, on dit les überriches (les sur-riches). Et le Royaume-Uni est le pays au monde, à part les Etats-Unis, qui les attire le plus. Cela fait un moment que ces riches sont de toute façon outrageusement fortunés, mais le problème, c’est qu’il faut être aujourd’hui de plus en plus riche pour faire partie de la liste des 1 000 personnes les plus riches au Royaume-Uni. Sur ce millier de personnes, 117 sont des milliardaires, soit plus par habitant que dans n’importe quel pays développé. La France en accueille 43. En fait, il faut disposer en 2015 d’au moins 100 millions de livres (136 millions d’euros) pour entrer dans le club très sélect de la «rich list» publiée tous les ans en avril par le Sunday Times. L’an dernier, 85 millions suffisaient.

Flot. Récession, ralentissement de l’économie, austérité, coupes dans les budgets, rien n’y a fait, rien n’a eu le moindre impact sur les plus riches, qui ont, ces dernières années, continué de s’enrichir. Seule l’année 2009 a un peu freiné le flot, avant que cela ne reprenne aussi sec en 2010. Par contraste, le revenu moyen du Britannique moyen n’a, ces cinq dernières années, presque ou pas du tout augmenté. Et les plus pauvres sont devenus encore plus pauvres. Les visites dans les banques alimentaires ont augmenté de 18% en 2014-2015 par rapport à l’année précédente. Trussel Trust, qui gère 445 banques alimentaires dans le pays, a ainsi fourni cette année de la nourriture d’urgence pour trois jours à près de 1,1 million de personnes.

L’économie britannique est en croissance, le chômage a fortement baissé - il se situe à 5,6% de la population - et des emplois ont été créés. Mais ces derniers ne sont pas tous stables. Certains sont des contrats «zéro heure», qui permettent à un employeur de ne pas licencier un salarié mais de ne l’employer que s’il a du travail à lui offrir et de ne lui payer que les heures travaillées. Selon l’Office national des statistiques (ONS), un emploi sur dix-sept ne garantit aucune heure. Parallèlement, les salaires n’ont pas ou que très peu augmenté, alors que le coût de la vie a, lui, continué à grimper. «Le Royaume-Uni est désormais l’un des pays au monde où les inégalités sont les plus prononcées et ce fait devrait nous embarrasser et nous faire honte», a ainsi estimé Duncan Exley, directeur général de l’organisation caritative Equality Trust. La fortune totale des 1 000 personnes les plus riches du Royaume-Uni a augmenté de 5,4% l’an dernier, pour atteindre un record de 547,13 milliards de livres sterling. Cette somme représente plus que la fortune combinée des 40% des foyers les plus pauvres du pays, soit environ 25,6 millions de personnes. Ces pauvres disposent, ensemble, de 452 milliards de livres, selon un rapport de l’ONS. En fait, par rapport à il y a dix ans, le top 1% de la population britannique s’est enrichi de 100%.

Manoirs. Tous ces riches ne sont pas britanniques, mais tous sont attirés par le Royaume-Uni. Un régime fiscal avantageux pour les grosses fortunes (notamment avec le statut de non-domicilié qui permet à un étranger de payer peu d’impôts sur place, et que veut abolir le travailliste Ed Miliband), la langue anglaise, un système légal renommé… la City attire beaucoup de fortunes étrangères.

Avant, on parlait de l’«allée des millionnaires». Maintenant, on dit «l’allée des milliardaires». En fait, elles sont deux. Il y a, entre Notting Hill et Kensington, la coquette Kensington Palace Gardens, bordée de grands arbres et de manoirs immenses. Et, plus au nord, entre Highgate et Hampstead, on trouve aussi Bishops Avenue. Forcément, la corrélation entre ces avenues et la rich list du Sunday Times est forte. L’Américain d’origine ukrainienne Len Blavatnik, par exemple, numéro 1 du classement avec une fortune estimée à 13,17 milliards de livres grâce à ses investissements dans les médias et la musique (il possède entre autres Warner Music), a choisi Kensington Palace Gardens comme «home sweet home». Il y a acheté une propriété pour environ 41 millions de livres qu’il n’en finit pas de rénover. La moyenne de la valeur d’une maison au Royaume-Uni est de 249 000 livres. Mais attention, pas de Ferrari rouge ou Lamborghini jaune dans la rue, l’überriche la joue discrète. Les Ferrari sont cachées dans les garages. En revanche, les gardes et les vigiles pullulent devant les portails, mais l’avenue abrite aussi un grand nombre de résidences d’ambassades, dont celle de France.

Il fut un temps, au cours du XXe siècle, où l’entretien de ces manoirs, construits à partir de 1840, était devenu trop onéreux pour des personnes individuelles. Ce sont donc des Etats qui s’étaient portés acquéreurs. Et puis, depuis une vingtaine d’années, les fortunes personnelles ont permis à certains de les acheter et de les entretenir. Tamara Ecclestone, fille de Bernie Ecclestone, le magnat de la Formule 1 et 33e sur la rich list, habite l’avenue, comme l’oligarque russe Roman Abramovich, propriétaire du club de foot de Chelsea (10e). Il y a aussi le roi de l’acier indien Lakshmi Mittal (7e), qui a même acheté en tout trois résidences, pour y loger ses enfants. Et, bien entendu, des membres de la famille royale saoudienne et du Qatar. L’endroit est calme, discret à souhait, et bien surveillé. Logique puisque, outre les ambassades, le bas de l’avenue borde la résidence royale de Kensington Palace. C’est là que la nouvelle petite princesse Charlotte Elizabeth Diana de Cambridge a passé ses premières nuits. Son arrière-grand-mère, la reine Elizabeth II, vient d’ailleurs d’être expulsée, pour la première fois de sa vie, des 300 premières fortunes de ses propres sujets, un vrai scandale.


D) Hollande rappelle Cameron à l'ordre sur l'Europe

Le chef de l'Etat a rappelé au Premier ministre britannique, victorieux des législatives, qu'il y a "des règles en Europe". 

Après une victoire aux élections, il est d'usage de recevoir des coups de fil de ses pairs. Mais ce n'est pas uniquement pour le féliciter que François Hollande a appelé David Cameron, grand vainqueur des élections législatives britanniques de jeudi. À son arrivée à l'aéroport de Grand Case à Saint-Martin (Antilles), le chef de l'Etat français a rappelé à son allié vendredi soir qu'il y avait "des règles en Europe".

 "Hollande m'a appelé pour me faire la leçon sur l'UE !
Ma réponse : Tu as combien de chômeurs ? 10,6% ? Moi 5,5% !" 

"Parmi les règles, il y a la concertation". "Il est légitime de tenir compte des aspirations des britanniques mais il y a des règles en Europe et parmi ces règles il y la concertation", a affirmé François Hollande alors que le Premier ministre britannique a réaffirmé sa volonté d'organiser un référendum pour ou contre la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne. 

"Je lui ai dit que je voulais travailler avec lui notamment pour que nous puissions regarder la place du Royaume-Uni dans l'Union européenne", a déclaré François Hollande. "Il est légitime de tenir compte des aspirations des Britanniques" mais "parmi ces règles il y a la concertation", a-t-il ajouté. "Le fait qu'il ait une majorité permettra justement d'avoir une stabilité car ce qu'on pouvait craindre c'était une instabilité qui aurait rendu difficiles les choix pour les britanniques", a encore dit le président. "Ils n'ont pas dit qu'ils voulaient partir de l'UE", a-t-il précisé. "Cameron a dit qu'il voulait discuter, donc discutons", a-t-il conclu.

Cameron veut un référendum. Vendredi, David Cameron, à peine réélu, a réitéré sa principale promesse : l'organisation d'ici à 2017 d'un référendum sur le maintien ou non du pays dans l'Union européenne. Une perspective inquiétante pour ses partenaires européens, qui craignent un "Brexit", un acronyme désignant une sortie du club des 28.

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E) Royaume-Uni : les défis qui attendent David Cameron

Le Premier ministre sortant, grand vainqueur des élections législatives, est reconduit pour un second mandat. 

Tout sourire, aux bras de son épouse, David Cameron a entamé vendredi le premier jour de son second mandat. Le Premier ministre sortant, grand vainqueur des élections législatives britanniques de jeudi, sort considérablement renforcé de ces résultats aussi inattendus que spectaculaires. Alors que l’ensemble des sondages annonçaient une bataille serrée, le parti au pouvoir a déjoué tous les pronostics. Les conservateurs, assurés de disposer de la majorité absolue avec plus de 326 députés, ont largement battu leurs rivaux travaillistes. Pourtant, ce triomphe du parti de David Cameron n’occulte pas les immenses défis qui attendent le Royaume-Uni. Entre menaces de sortie de l’Union européenne, volonté indépendantiste de l’Ecosse et lutte contre les inégalités sociales, le second mandat du leader des Tories s'annonce semé d’embûches.  
  • Le spectre du "Brexit"
A peine réélu, David Cameron a réitéré sa principale promesse de campagne : l’organisation d’ici 2017 d’un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne. La victoire du Premier ministre sortant ravive ainsi le spectre d’un "Brexit", l’acronyme désignant la sortie du pays de l’UE. "En politique, nous ne devons jamais esquiver les grande questions, comme le référendum que nous devons tenir pour décider de l’avenir de la Grande-Bretagne en Europe", a clamé David Cameron. La victoire des partisans d’un "Brexit" n’est toutefois pas acquise. "Le référendum est gagnable", a assuré un haut responsable européen, sous couvert d’anonymat. "Je compte sur le nouveau gouvernement britannique pour plaider en faveur du maintien de la Grande-Bretagne au sein de l'UE", a ajouté le président du conseil européen, Donald Tusk.

D’ici là, les partenaires européens du Royaume-Uni s’attendent à deux années de difficiles négociations. David Cameron a notamment demandé le rapatriement de certaines compétences de l’UE vers les Etats membres, comme la politique étrangère commune ou la PAC (politique agricole commune). Pourtant Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a ouvert la porte à des modifications à la marge des traités, mais il a exclu catégoriquement toute concession majeure. Une porte-parole de l’exécutif bruxellois a ainsi déclaré vendredi que les libertés inscrites dans le traité européen, dont la liberté de circulation, ne sont "pas négociables". La Grande-Bretagne, qui est un membre à part dans l'Union européenne, a pourtant déjà obtenu d'importantes concessions. Le pays n’est par exemple pas membre de l’espace Schengen, l’espace sans frontières intérieures formé par 22 pays de l’UE et quatre non membres (Norvège, Suisse, Islande et Liechtenstein), et n'a pas adopté l'euro. 
  • Le poil à gratter écossais
La Grande-Bretagne n’a jamais semblé aussi désunie. Car, outre le triomphe des conservateurs, les élections britanniques ont consacré le parti nationaliste écossais. Le SNP (Scottish national party) a réalisé une percée historique, avec le gain de 56 des 59 députés mis en jeu dans la  région. Cette spectaculaire victoire, dans une Ecosse réputée pour être un bastion travailliste, a renforcé les ardeurs des indépendantistes. Une importante frange des militants SNP ne cachent pas sa volonté de prendre sa revanche. Ils aspirent en effet à la tenue d’un nouveau référendum d’indépendance, malgré leur défaite au scrutin de septembre dernier.

Le parti mené par Nicola Sturgeon, désormais troisième force du pays derrière les conservateurs et les travaillistes, est toutefois en position de peser sur les décisions du gouvernement. Le SNP a mis la pression sur David Cameron, lui demandant d’honorer ses promesses formulées avant le référendum sur l’indépendance. Les nationalistes écossais espèrent notamment obtenir des pouvoirs accrus sur les impôts et la maîtrise des finances. Autre point de friction avec le gouvernement : l’attitude face à un éventuel "Brexit". Nicola Sturgeon, europhile convaincue, a prévenu qu’une sortie de l’UE serait une condition suffisante pour reposer la question de l’indépendance.
  • Lutter contre le creusement des inégalités sociales
L’élection de David Cameron a fait des heureux du côté de la City. La place financière de Londres a salué vendredi la victoire sans appel des conservateurs, attendant la poursuite d’une politique d’austérité favorable aux entreprises. Les milieux économiques, partisans des mesures prises par David Cameron depuis 2010, s’inquiètent toutefois d’un référendum sur le maintien ou non du pays dans l’UE. Les entreprises, dont l’activité dépend énormément des échanges avec le reste de l’Europe, sont en majorité pour un maintien dans l’UE.

Si l’économie britannique obtient de bons résultats, avec une croissance solide de 2,8 % l’an dernier et un chômage en baisse, le creusement des inégalités commence toutefois à inquiéter. Les adversaires de David Cameron lui ont reproché durant la campagne les dégâts de sa politique d’austérité, qui a certes permis de redresser l’économie du pays mais a creusé le fossé entre les riches et les pauvres. Dans son discours de victoire, vendredi, le Premier ministre a semblé tenir compte de ces critiques. David Cameron a ainsi émaillé son propos de préoccupations sociales, avec les mots "emplois", "apprentissage" ou encore "logement". La réduction des inégalités sera une autre des priorités du second mandat du leader conservateur.


F) Victoire écrasante des indépendantistes écossais

Historique », « sensationnel », « sans précédent ». Pour une fois, les superlatifs ne semblent pas déplacés. En l’espace d’une soirée électorale, les indépendantistes écossais ont tourné une page de l’histoire de leur province et sans doute marqué une étape décisive vers la satisfaction de leur revendication ultime : l’indépendance.

La page d’histoire, c’est celle de l’enracinement séculaire du Parti travailliste parmi les classes populaires de cette région pauvre et industrieuse. Des décennies de domination du Labour sur la vie politique écossaise ont pris fin jeudi 7 mai. « Nous sommes désormais des outsiders », a concédé dignement Jim Murphy, le patron des travaillistes écossais, battu dans son fief comme38 de ses compagnons de parti.

Le Labour, qui détenait 40 des 59 sièges de députés écossais, n’en garde qu’un seul,à Edimbourg. Le Parti national écossais (SNP, indépendantiste), qui n’en possédait que 6, en a conquis un total de56.

Sturgeon, star de la campagne
Personne, au lendemain du référendum sur l’indépendance, en septembre 2014, n’avait prévu ce chassé-croisé spectaculaire qui apparaît pourtant aujourd’hui comme la conséquence de ce vote à 45 % en faveur de l’indépendance. En réveillant la vie politique dans une région tenue pour acquise par le Labour, en redonnant fierté et confiance aux Ecossais, le SNP a enclenché une dynamique hautement perceptible sur le terrain pendant la campagne électorale.

L’élection de Mhairi Black, une étudiante en sciences politiques de 20 ans, militante du SNP depuis l’adolescence, totalement inconnue, contre un baron local, Douglas Alexander, ministre des affaires étrangères dans le cabinet fantôme travailliste et chef stratège de M. Miliband, en est le plus fort symbole.

Impressionnant, le triomphe du SNP résulte en réalité d’une montée en puissance progressive permise par la création, en 1997, par Tony Blair, du Parlement écossais. Ironiquement, l’ancien dirigeant travailliste a alors préparé sans le savoir l’écrasement de son propre parti, dix-huit ans plus tard, au nord du mur d’Hadrien. En dépit d’un système électoral conçu pour le contenir, le SNP a conquis en 2007 une majorité relative, puis en 2011 une majorité absolue dans cette Assemblée d’Edimbourg. Le parti, positionné plus à gauche que le Labour, s’est fait apprécier de la population pour sa politique sociale.

Cette année, c’est en se faisant la championne de la dénonciation de l’austérité décidée à Londres par les tories, que Nicola Sturgeon, patronne du SNP depuis novembre 2014, est devenue la vedette de la campagne électorale nationale. En promettant d’aider Ed Miliband à gouverner, elle lui a probablement donné le baiser de Judas, tant cette perspective était insupportable aux électeurs anglais.

Alex Salmond, ancien chef du SNP et nouveau patron des députés indépendantistes à Westminster, a déclenché les hostilités en mettant en doute, jeudi, « la légitimité d’un gouvernement Cameron en Ecosse ». En provoquant un « tsunami », selon le mot de M. Salmond, le SNP a placé de fait l’Ecosse en situation de sécession électorale. La victoire de M. Cameron, loin de contrecarrer les plans du SNP, pourrait les accélérer. Le premier ministre, en agitant le spectre d’une alliance gouvernementale entre le Labour et le SNP mortelle pour l’unité du royaume, tout en gratifiant Mme Sturgeon d’incessants compliments, a clairement joué la carte du SNP pour écraser le Labour. Le résultat confirme la terrible efficacité de cette stratégie. Mais ce choix à court terme favorise doublement les desseins du SNP.

Tensions exarcerbées  ?
La victoire de David Cameron, archétype de la suffisance de l’élite anglaise aux yeux de beaucoup d’Ecossais, risque d’exacerber les tensions avec Londres. Les Ecossais ne se plaignent-ils pas couramment d’être dirigés par un gouvernement de sensibilité contraire à leur choix électoral ?

Le référendum sur la sortie de l’Union européenne promis par David Cameron pour 2017 pourrait favoriser plus encore la marche vers l’indépendance. Mme Sturgeon n’a pas caché que les Ecossais, plutôt proeuropéens, refuseraient d’être entraînés hors de l’UE par les seuls Anglais.

Que l’Ecosse et l’Angleterre votent de façon divergente sur le « Brexit », et Mme Sturgeon réclamera un nouveau référendum, sur l’indépendance de l’Ecosse cette fois. La nouvelle « dame de fer » de l’Ecosse a prédit que son pays accéderait à l’indépendance « de son vivant ». Et elle a 44 ans.

Philippe Bernard (Londres, correspondant)





G) Histoire du Royaume-Uni de Wikiberal

La monarchie britannique est souvent présentée comme un modèle de monarchie libérale : ce modèle est le produit de l'histoire du Royaume-Uni






H) David Cameron ne veut pas que son pays soit «aussi mauvais que la France»

Le french bashing bat son plein outre-manche. David Cameron, le Premier ministre conservateur britannique, a ironisé sur le «rêve français» du chef de l'opposition travailliste Ed Miliband, critiquant par la même occasion la situation économique française, dans une tribune publiée dimanche dans le Sunday Times.

Dans cette tribune titrée «Le Labour nous rendra aussi mauvais que la France» et publiée à moins de sept semaines des élections législatives du 7 mai, le Premier ministre conservateur affirme que son concurrent travailliste, Ed Miliband, voulait il y a trois ans que le Royaume-Uni «suive la même dynamique que le gouvernement français».

«Une dette à faire pleurer»

«Mais où cette dynamique a-t-elle mené?» s'interroge-t-il avant de répondre: «le chômage de l'autre côté de la Manche est presque deux fois plus important qu'au Royaume-Uni et notre économie croit sept fois plus rapidement que celle de la France».

«Imaginez si Miliband avait eu la liberté de réaliser son rêve français: les retombées se feraient sentir via des pertes d'emplois catastrophiques, une baisse du niveau de vie, une dette à faire pleurer et la chute rapide de tout espoir en notre avenir», a-t-il écrit.

Plus d'emplois créés dans le Yorkshire qu'en France...

Il a également répété une affirmation formulée cette semaine par le ministre des Finances George Osborne, en avançant que le comté du «Yorkshire avait créé davantage d'emplois que la France toute entière».

George Osborne s'était déjà livré à un exercice de critique de la France en présentant mercredi le budget. Les élus du peuple britannique avaient bruyamment signalé leur approbation quand le grand argentier s'était livré à une analyse comparative défavorable pour la France de la situation économique des deux pays.

Concernant le taux de croissance, à 2,6% en 2014, il s'était ainsi félicité qu'« il soit 50% supérieur à celui de l'Allemagne, trois fois supérieur à celui de la zone euro, et sept fois supérieur à celui de la France ».






I) Mathieu Laine : et si la France s'inspirait de Cameron

L'essayiste libéral tire les leçons de la réélection de David Cameron, icône de la réforme en Grande-Bretagne. Qui ose la rupture gagne.

Quels enseignements les politiques français peuvent-ils tirer de la réélection de Cameron en Grande-Bretagne ? 
Quand la rupture est assumée, quand elle est fondée sur une véritable politique de l'offre alliant baisse substantielle des impôts et de la dépense publique (passée de 45 à 40 % grâce au licenciement de 400 000 fonctionnaires et au plafonnement des aides sociales), simplification réglementaire, assouplissement du droit du travail et transfert des pouvoirs de l'État vers les citoyens, non seulement les résultats économiques sont au rendez-vous, mais les électeurs aussi !

La comparaison avec la France est redoutable : la croissance outre-Manche avoisine les 3 % contre 0,8 % chez nous. Cameron a réduit le chômage de 8,3 à 5,4 % en créant plus de 1,8 million d'emplois quand le chômage français ne cesse de croître et atteint 10,5 %. Il a même réduit les inégalités. C'est plus qu'une leçon, c'est une correction : les électeurs élisent et réélisent les dirigeants qui ont le courage d'assainir véritablement l'économie de leur pays et de leur offrir de plus grandes opportunités de travailler et d'améliorer leurs conditions de vie.

Nos dirigeants sont-ils prêts à cela ?
Un tel retour sur investissement électoral est totalement contre-intuitif pour nos dirigeants. Dès que vous leur parlez réforme audacieuse, ils se réfugient derrière la défaite de Schröder ou les 3 % de Madelin pour la réfuter. Quand j'ai tenté d'expliquer à Nicolas Sarkozy qu'il avait perdu en 2012 parce qu'il avait trahi la promesse de "rupture" de 2007 et s'était ainsi privé des résultats économiques qui lui auraient offert sa réélection, il m'a répondu que les Français n'attendaient pas cela de lui et que, tel Poulidor, 2012 avait été sa meilleure campagne ! Quand j'ai par ailleurs évoqué avec Manuel Valls l'utilité purement électorale du réformisme véritable, qui pouvait faire de lui le réformateur tant attendu capable de fédérer à droite comme à gauche, sa conviction paraissait faite, mais il a été pris en étau entre un président hésitant et des parlementaires archaïques. En France, on trouve toujours une bonne excuse pour ne pas réformer en profondeur. Résultat : les performances économiques ne sont jamais au rendez-vous, et on perd les élections.

Vous faites de Cameron l'icône de la réforme, mais son exemple est-il soluble ailleurs qu'en Grande-Bretagne ?
Pas seulement Cameron. Merkel comme Thatcher, Reagan, Chrétien et d'autres à leur époque ont également osé la réforme, et ont tous été réélus car ils ont su réduire le chômage et la pauvreté. Les électeurs sont bien plus lucides que ne le pensent nos dirigeants. Mais, pour gagner, il faut des convictions fortes et savoir adjoindre une part de rêve au sérieux budgétaire. La réforme, ce n'est pas une punition, c'est une ambition. C'est la promesse tenable d'une vie meilleure pour un nombre plus important de personnes. Cameron a terrassé la démagogie dépensière de son opposant socialiste tout en promettant une coupe des dépenses publiques de plus de 50 milliards de livres d'ici à 2018 ! Pour autant, les Britanniques ne sont pas masochistes, croyez-moi !

Son projet de "Big Society" ne semble pas encore abouti...
La "Big Society", inspirée du philosophe Phillip Blond, n'a effectivement pas encore été achevée. Elle n'en demeure pas moins une vision sociétale parfaitement adaptée à notre époque. Son objectif : redonner le pouvoir aux citoyens libres, autonomes et responsables. Ce "conservatisme compassionnel", qui comprend que l'État n'est ni un monstre ni un sauveur, s'inscrit dans la continuité des tendances occidentales d'un monde bouleversé par la révolution NBIC. Fondée sur le réveil de la société civile, elle est une clé conceptuelle puissante dont nous devons nous inspirer. Sur ce plan, le bilan de Cameron n'est pas si nul. Sa réforme scolaire, qui donne vraiment plus d'autonomie aux établissements et a permis, tout en réduisant de 40 % le personnel administratif dans l'Éducation nationale, la création de 4 000 free schools, en fournit le meilleur exemple.

Vous qui avez pu voir le making of de sa campagne, quelle est la clé de sa réussite ?
Cameron est parvenu à révolutionner son parti pour en faire une machine électorale exceptionnelle, centrée sur les classes moyennes. Le département recherche, en lien avec les think tanks les plus audacieux, est le plus important. Des applications ont été créées pour fournir des argumentaires "anti-travaillistes" aux candidats conservateurs et appeler les militants à faire voter conservateur. La clé du succès : des convictions fortes, un spin doctor vraiment réformateur, des relais puissants dans le pays. Et la capacité de faire rêver à des lendemains meilleurs tout en demeurant extrêmement pragmatique.

Croyez-vous au scénario du Brexit ?
Tout est possible, mais je n'y crois pas. Le coût économique du Brexit a été valorisé à 14 % du PIB par la très sérieuse fondation allemande Bertelsmann. Le pragmatisme britannique devrait, là encore, l'emporter. En revanche, Cameron jouera un sérieux jeu de bras de fer avec Juncker et ses homologues pour faire évoluer les traités au soutien d'une Europe moins réglementée et plus respectueuse des pays réformateurs.
Mathieu Laine vit à Londres, où il dirige le cabinet de conseil en stratégie Altermind et la plateforme de marchés prédictifs Hypermind. Il enseigne l'économie et la philosophie politique à Sciences Po et va publier "Le Dictionnaire amoureux de la liberté" chez Plon.  

 

 

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