janvier 20, 2015

Impôts 2015 - Le calendrier, soyez con fiant - L'Etat vous veux du bien !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Sommaire:

A) - Impôts 2015, ce que vous devez savoir - RTL par James Abbott

B) - Impôts - Wikibéral




A) - Impôts 2015, ce que vous devez savoir

La première échéance fiscale de l'année est déjà arrivée avec le premier paiement des mensualités de l'impôt sur le revenu ce jeudi 15 janvier. Pour rappel, la France se situerait à la deuxième place des pays européens où la pression fiscale est la plus forte derrière le Danemark selon une étude de l'OCDE en 2014. 

Janvier

Le premier prélèvement mensuel est donc prévu pour ce jeudi 15 janvier pour les foyers ayant opté pour les impôts mensualisés.

Si vous adhérez par internet ou auprès de votre Centre Prélèvement Service, vous avez jusqu'au 31 janvier pour choisir le prélèvement à l'échéance avec effet dès le premier acompte provisionnel. Le prélèvement sur votre compte bancaire aura lieu le 26 février.

Février, mars et avril

Vous avez jusqu'au 16 février pour payer le premier acompte de l'impôt sur le revenu si vous n'utilisez pas un moyen de paiement dématérialisé, comme le paiement en ligne ou le prélèvement mensuel par exemple. La limite pour ce paiement dématérialisé est prévue le 21 février.

Le 16 février est également la date limite pour adhérer au paiement par mensualités. En adhérant à la mensualisation de votre impôt sur le revenu et prélèvements sociaux avant cette date, vous êtes dispensé du paiement du premier acompte. Le premier prélèvement intervient à compter du 15 du mois suivant votre adhésion. Vous recevrez un échéancier vous précisant le montant et la date de chaque mensualité.


Sinon, les prélèvements mensuel sont prévus pour les 16 février, 16 mars et 15 avril.

Si vous adhérez par internet ou auprès de votre Centre Prélèvement Service, vous avez jusqu'au 30 avril pour choisir le prélèvement à l'échéance avec effet dès le deuxième acompte provisionnel. Le prélèvement sur votre compte bancaire aura lieu le 26 mai. Cette adhésion au prélèvement à l'échéance vaut également pour le solde de votre impôt sur le revenu et prélèvements sociaux (le 15 septembre).

Mai et juin

Ces deux mois sont très chargés dans le calendrier fiscal. Tout d'abord le 5 mai marque la date limite de dépôt des déclarations n°2071 et n°2072 des sociétés civiles immobilières.

Vous avez ensuite jusqu'au 15 mai pour payer, si vous n'utilisez pas les moyens dématérialisés, le deuxième acompte de l'impôt sur le revenu et les prélèvements sociaux.

Vous avez jusqu'au 20 mai minuit pour payer en ligne votre deuxième acompte provisionnel d'impôt sur le revenu et prélèvements sociaux. Le prélèvement sur votre compte bancaire aura lieu le 26 mai. Vous pouvez utiliser ce mode de paiement si vous n'êtes pas prélevé (mensuellement ou à l'échéance) pour votre impôt sur le revenu et prélèvements sociaux.

Par ailleurs, le 30 juin sera la date limite d'adhésion à la mensualisation pour 2015. Si vous adhérez par internet, ou auprès de votre Centre Prélèvement Service, vous avez jusqu'à cette date pour choisir le prélèvement mensuel avec effet dès 2015. En revanche, si vous adhérez après cette date, la mensualisation commencera en 2016. Dans ce cas, vous devez payer le solde de vos impôts par tout autre moyen de paiement.

Sinon les prélèvements mensuels auront lieu le 15 mai et le 15 juin.

Juillet et août

Le 31 août marquera la date limite pour l'adhésion au "prélèvement échéance". Si vous adhérez par internet, ou auprès de votre Centre Prélèvement Service, vous avez jusqu'à cette date pour choisir le prélèvement à l'échéance de l'impôt sur le revenu et prélèvements sociaux payable le 15 septembre. Le prélèvement sur votre compte bancaire se fera le 15 septembre.
Votre contrat de prélèvement à l'échéance sera reconduit, sauf avis contraire de votre part, pour votre impôt sur le revenu 2016 (revenus de 2015).

Pas de trêve estivale pour les prélèvements mensuels qui s'effectueront le 15 juillet et le 17 août.

Septembre et octobre

La rentrée des classes est aussi synonyme de rentrée fiscale. Vous aurez jusqu'au 15 septembre pour payer le solde de l'impôt sur le revenu si vous n'utilisez un moyen dématérialisé. Le solde de votre impôt est égal à l'impôt sur le revenu calculé cette année, en retranchant les deux acomptes versés (un en février et un en mai). Attention, dans certains cas, la date limite de paiement de cet impôt est fixée à une autre échéance (16 novembre). Vous recevrez alors votre avis au cours du mois précédent.

Le fameux impôt sur la fortune (ISF) doit être réglé avant le 15 septembre également pour les patrimoines dont la valeur nette s'élève au minimum à 1 300 000 € mais est inférieure à 2 570 000 €

Le 20 octobre, les contribuables devront s'acquitter du paiement de la taxe foncière par internet ou par smartphone. Ils auront ensuite jusqu'au 31 octobre pour choisir d'adhérer au prélèvement à l'échéance pour la taxe d'habitation et la redevance à l'audiovisuel public.

Les prélèvements mensuels s'effectueront les 15 septembre et 16 octobre

Novembre - décembre

Le 16 novembre sera la date limite pour le paiement de la taxe d'habitation et de la redevance à l'audiovisuel public. Ceux qui payent par internet ou sur smartphone auront jusqu'au 21 novembre.

Si vous adhérez par internet ou auprès de votre Centre Prélèvement Service, vous avez jusqu'au 30 novembre pour choisir le prélèvement à l'échéance de votre taxe d'habitation et la contribution à l'audiovisuel public payable le 15 décembre. La somme sera prélevée sur votre compte bancaire le 28 décembre. Votre contrat de prélèvement sera reconduit, sauf avis contraire de votre part, pour votre taxe d'habitation 2016.

La taxe sur les logements vacants est à régler avant le 15 décembre. Vous pouvez payer par TIP, chèque, virement ou en espèces. Vous pouvez également payer en ligne cet impôt par internet ou par smartphone jusqu'au 20 décembre.

Si vous êtes un particulier, vous avez jusqu'au 20 décembre minuit pour payer en ligne votre taxe d'habitation et votre contribution à l'audiovisuel public. Le prélèvement sera effectué sur votre compte bancaire le 28 décembre.


Et finalement, un dernier prélèvement mensuel est prévu pour le 15 décembre en cas de hausse de votre impôt en 2015.


B) - Impôt

De Wikiberal
 
L'impôt est un prélèvement autoritaire et sans contrepartie directe en vue de couvrir les charges publiques (celles de l'État ou d'une collectivité publique).

L'Impôt strictement encadré (position libérale)

Qu'est-ce que la justice fiscale ?

Adam Smith établit quatre règles fiscales immuables dans son Essai sur la richesse des nations (1776), conditions minimales pour ne pas tomber dans l’arbitraire fiscal :
  • égalité : chaque sujet contribue en proportion de ses facultés, c’est-à-dire en proportion de son revenu ;
  • certitude : la portion d’impôt que chaque individu est tenu de payer doit être certaine, et non arbitraire (quand et comment s'effectue le paiement, pour quelle quantité) ;
  • commodité : tout impôt doit être perçu à l’époque et selon le mode qui convient le mieux au contribuable ;
  • économie : tout impôt doit être conçu de manière qu’il fasse sortir des mains du peuple le moins d’argent possible au-delà de ce qui entre dans le Trésor d'État.

Taxation et représentation

Un des principes libéraux concernant la fiscalité est "pas de taxation sans représentation" : celui qui subit la fiscalité a le droit de prendre part aux affaires publiques (au moins indirectement, par la démocratie représentative). C'est la Révolution américaine qui a consacré ce principe déjà énoncé dans le Bill of Rights anglais, les colons américains s'insurgeant contre de nouvelles taxes lors de la Boston Tea Party.

Contre la progressivité de l'impôt

Les libéraux non libertariens sont en général en faveur d'un impôt proportionnel (du type flat tax), qui laisse intacts les rapports entre les différents revenus nets. En revanche, ils sont opposés à l'impôt progressif, qu'ils jugent confiscatoire et illégitime. La taxation est considérée comme une charge pour couvrir les frais de la production des services offerts par l'État. Au demeurant, l'impôt progressif avait été préconisé par Marx et Engels comme une des premières mesures brutales que devrait prendre le gouvernement révolutionnaire en vue de centraliser les décisions économiques et de renverser in fine la « société capitaliste ».
Dans L'Action humaine, Ludwig von Mises explicite admirablement l'une des raisons de l'opposition libérale à la progressivité de l'impôt, en montrant qu'elle ferme l'accès à la constitution de nouvelles fortunes et profite en fait aux fortunes établies :
« Mais aujourd'hui, les impôts absorbent la plus grande part des profits « excessifs » du nouveau venu. Il ne peut accumuler du capital ; il ne peut étendre sa propre affaire ; il ne deviendra jamais une grande affaire et le rival des situations établies. Les firmes anciennes n'ont pas à redouter sa concurrence, elles sont abritées par le percepteur. Elles peuvent sans danger rester dans la routine, se moquer des désirs du public et refuser le changement. Il est vrai que le percepteur les empêche, elles aussi, d'accumuler du capital neuf. Mais le plus important pour elles est que le dangereux nouveau venu ne puisse pas accumuler de capitaux. Elles sont virtuellement privilégiées par le régime fiscal. En ce sens, la fiscalité progressive entrave le progrès économique et favorise la rigidité sociale. Alors que dans l'économie de marché non entravée la possession d'un capital est une source d'obligation forçant le possesseur à servir les consommateurs, les méthodes modernes de fiscalité la transforment en privilège. »
    — Ludwig von Mises, L'Action humaine, 1949
Pour Friedrich Hayek, la progressivité est "une invitation à la discrimination et le prétexte à un pur arbitraire" (The Constitution of Liberty, 1960). Hayek donnait une autre conséquence provoquée par l'instauration de l'impôt progressif : la déspécialisation. Quelqu'un sachant qu'il sera beaucoup plus imposé en travaillant plus sera désincité à fournir des efforts supplémentaires et préfèrera donc occuper autrement ses heures qu'il aurait normalement consacrées à son labeur. Il optera pour des loisirs ou pour des travaux qu'il exécutera lui-même, évitant ainsi de devoir payer un homme du métier qu'il aurait dû rétribuer normalement avec le salaire récompensant ses propres heures de travail spécialisé.
De plus, Hayek fait un sort à la croyance selon laquelle l'impôt progressif serait bénéfique aux pauvres. Il invoque trois arguments à l'appui de sa thèse :
  1. Les recettes obtenues par l'imposition des tranches élevées des revenus sont plutôt négligeables en comparaison des autres sources fiscales. Elles pourraient tout aussi bien être obtenues en instituant une légère hausse de la proportionnalité.
  2. Les vrais bénéficiaires de l'impôt progressif sont les classes moyennes, et non les indigents.
  3. Par sa propagande laissant croire aux classes moyennes que l'essentiel de la charge fiscale reposait sur les plus fortunés, l'État a réussi à rendre plus tolérable aux contribuables l'augmentation générale de la fiscalité en légitimant ainsi le sentiment d'envie.
Pour Pascal Salin (L'arbitraire fiscal), l'impôt proportionnel ne représente rien d'autre qu'un cas de discrimination sociale, et la progressivité renforce encore ce caractère arbitraire et inégalitaire. Les arguments avancés pour justifier la progressivité de l'impôt sont généralement les suivants :
  • égalisation des sacrifices ("il est normal de demander plus à ceux qui ont plus") ;
  • l'État doit assumer une fonction de "redistribution" et de "solidarité" des "riches" envers les "moins riches".
Le premier argument invoque la loi de l'utilité marginale décroissante, mal comprise et appliquée avec une vision mécaniciste de la société, car l'utilité est un jugement de valeur personnel et il est impossible de comparer l'utilité entre individus différents ; de plus on ne peut parler de "sacrifices", car il n'y a pas de consentement. Le second argument impose une solidarité obligatoire, sans valeur morale ; il n'y a par ailleurs aucune preuve qu'il y ait une redistribution effective vers ceux qui ont réellement besoin d'être aidés.
Maurice Allais, quant à lui, souligne le côté rétrograde de l'impôt progressif :
« L'impôt progressif sur le revenu pénalise les plus capables et favorise indûment les moins capables en les affranchissant de l'impôt. Il constitue un obstacle à la promotion sociale. C'est un impôt conservateur et réactionnaire qui protège la fortune acquise et compromet la constitution de patrimoines pour tous ceux qui ne disposent d'autres ressources que celles de leur travail. »
    — Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975

L'impôt, c'est le vol (position libertarienne)

Impôt et libéralisme

L’impôt n’est pas conforme au principe du libéralisme car il constitue une atteinte à la propriété privée et à la liberté individuelle (comme son nom l'indique, l'impôt est « imposé »[1]). Le prélèvement de l'impôt est fondé par la coercition. La propriété privée concerne à la fois ce qu’un individu possède à un instant donné, et les revenus qu’il retire de son travail ou des biens qu’il possède. Ainsi, l’impôt sur le revenu est une atteinte à la propriété de l’individu sur le fruit de son travail ; l’impôt sur les dividendes est une atteinte à la propriété sur les revenus de ce qu’il possède ; l’impôt sur la fortune est une atteinte à la propriété des biens eux-mêmes :
« L'impôt est contraire au principe de base [du libertarisme] parce qu'il implique une agression contre les citoyens non agressifs qui refusent de le payer. Que le gouvernement offre des biens et services en échange de l'argent des impôts n'y change absolument rien. Le point important est que le soi-disant "échange" (impôt contre services publics) est coercitif : l'individu n'est pas libre de le refuser. Qu'une majorité de citoyens soient d'accord pour la coercition fiscale n'y change rien non plus. L'initiation de l'agression, même supportée par la majorité des gens, est illégitime. »
    — Walter Block, Defending the Undefendable
Alors que beaucoup de personnes estiment que les impôts sont justifiés, soit parce qu'ils réaliseraient une redistribution plus « juste » des revenus (mais on se demande au nom de quel principe d'égalité, puisque le taux de prélèvement est toujours fixé arbitrairement), soit parce qu'ils seraient la contrepartie de services rendus par l'État (éducation, sécurité, voirie, etc.) selon la théorie des biens publics, les libertariens estiment qu'il s'agit d'une extorsion. L'individu ne paye pas en fait des services à un juste prix, il est transformé en payeur aveugle au nom d'un principe collectiviste : fiscalement, il n'y a pas d'affectation des ressources aux dépenses (le butin volé est partagé arbitrairement), et toutes les cours de justice précisent bien que l’impôt est dû « sans contrepartie ». Il n'y a plus pour le citoyen que le choix entre être un esclave (auquel on vole le fruit de son travail) ou un receleur (s'il est bénéficiaire net de l'argent volé).
En résumé, l'impôt est toujours immoral pour les raisons suivantes :
  • absence de consentement : il faudrait que celui qui paie l’impôt y consente librement, et ait la possibilité de refuser ;
  • absence d'affectation : l'impôt devrait être affecté à des dépenses approuvées par celui qui le paie, qui pourrait de plus en vérifier l'affectation (alors qu'en pratique le contribuable ne peut contester le montant de ses impôts en invoquant son désaccord avec l’affectation de tout ou partie des deniers publics)
  • absence d'efficacité : il faudrait que les biens ou les services fournis par l'impôt ne puissent être fournis à de meilleures conditions par le secteur privé, ce que les monopoles publics empêchent ;
  • absence de rétribution : l'impôt devrait être considéré comme un prêt volontaire fait par le contribuable à l'État, il conviendrait donc de le rétribuer par un intérêt conforme aux lois du marché.
Les discussions entre économistes quant à savoir si tel type d'impôt, direct ou indirect, proportionnel ou progressif, serait plus juste que tel autre type d'impôt, sont donc totalement absurdes.

Illusion fiscale

Nuvola apps colors.png Article principal : illusion fiscale.
 
L'illusion fiscale empêche le citoyen de remettre en question la pertinence de l'impôt qui est levé par le pouvoir et l'emploi qui en est fait.

Social-démocratie

La social-démocratie, tendant vers le socialisme, a tendance à admettre l'idée que l'État a par principe un droit de propriété sur tout ce que possède le citoyen. On parlera par exemple de « cadeau fiscal » lorsqu'il s'agit de baisser tel ou tel impôt. Derrière le mot « cadeau fiscal » il y a l'idée que la totalité des revenus du citoyen appartient en réalité à l'État : l'individu est apparemment censé être content que l'État lui laisse généreusement de quoi vivre, alors qu'avec la taxation il s'agit bien d'une réduction autoritaire et arbitraire de sa propriété en faveur de l'État ! L'État, qui est une cleptocratie, s'ingénie à forger des expressions pour brouiller les idées de ses sujets (un non-vol serait un « cadeau ») et ainsi éviter d'être mis en cause.
L'impôt volontaire, auquel le citoyen est présumé « consentir librement » (article 14 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen) est un mythe qui ne vise qu'à cacher l'oppression fiscale (essayez, pour voir, de « ne pas consentir » à payer l'impôt, voir Consentement à l'impôt).
Les impôts sont une continuation, avec certaines transformations purement formelles, de l'esclavage : c'est le tribut exigé par quiconque exerce le pouvoir sur les autres. Un esclave, au sens moderne, est celui qui remet la totalité de sa production à son "maitre-propriétaire". Le citoyen contemporain verse la moitié de sa production à l'État, il est donc un semi-esclave de l'État.

L'alternative à l'impôt

Il est évident que certaines fonctions de l’État sont utiles et qu'on ne peut les supprimer, la question est de savoir s'il est nécessaire de les financer par la coercition fiscale et s'il est nécessaire que ce soit la fonction publique (ou le parapublic) qui les prenne en charge. Les solutions libertariennes sont les suivantes :
  • privatisation du maximum d'activités étatiques (par exemple il n'y a aucune raison que l'enseignement, la santé, le réseau routier, la télévision et la radio, la banque, etc. soient pris en charge par l’État) ;
  • les secteurs peu justifiés économiquement (par exemple la culture, le sport, l'assistanat...) seraient pris en charge sur une base volontaire soit par le marché, soit par le milieu associatif (associations culturelles, sportives, caritatives...), soit disparaîtraient d'eux-mêmes (faisant ainsi la preuve de leur inutilité) ;
  • cessation de toute subvention aux associations, aux entreprises, aux syndicats, aux partis, aux églises, etc.
  • concernant les fonctions régaliennes (défense, police, justice), il n'y a pas d'unanimité ; Ayn Rand suggère un impôt volontaire, ce qui est jugé en général illusoire. Dans tous les cas, doivent être respectés :
    • le principe de neutralité de l'impôt : l’État doit laisser jouer les mécanismes du marché et rester en dehors de l'activité économique ;
    • le principe de l'égalité devant l'impôt : impôt égal à capacité contributive égale ;
    • des règles stables dans le temps [2].
Il a existé historiquement plusieurs cas d'États dépourvus de tout impôt et gérés comme des entreprises, comme l'État bernois jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, qui était « un État-entrepreneur domanial »[3] :
Berne était la plus grande république au nord des Alpes, s’étendant des portes de Genève aux portes de Zurich. Ses ressources financières étaient la propriété foncière, les émoluments des offices, les contributions aux routes et le commerce du sel et du blé. En plus, au XVIIIe siècle, les placements à l’étranger fournissaient un septième du budget. (Beat Kappeler, La fin de l’État idéal, Le Temps, 2 juillet 2011)

Courbe de Laffer

Courbe de Laffer
Nuvola apps colors.png Article principal : Courbe de Laffer.
La courbe de Laffer montre qu'au-delà d'un certain seuil, plus la pression fiscale augmente, plus les recettes fiscales diminuent, en raison de l'effet désincitatif sur l'offre de travail (trop d'impôt tue l'impôt).

Synthèse

Dans une perspective libérale classique, un état minimal conduit nécessairement à un impôt minimal, qui n'entrave pas le développement économique (le taux d'imposition est plus proche de 0% que de 100%). En revanche, dans une social-démocratie, l'histoire montre qu'il n'y a pas de limite au taux d'imposition, si ce n'est la désincitation que traduit la courbe de Laffer.
Tel que le conçoivent les libertariens, l'axiome de non-agression aboutit à rejeter le principe même de l'impôt. Les partisans du contrat social, libéraux ou non, arguent que l'impôt fait partie d'un contrat libre passé entre le gouvernement et la population : quiconque n'est pas d'accord peut toujours se libérer du contrat en quittant le pays. En réponse à cette objection, certains libertariens (tendance anarcho-capitaliste) soulignent le caractère fictif du contrat social, qui n'est qu'une justification de l'agression étatique. D'autres (tendance minarchiste) comptent davantage sur la concurrence fiscale entre pays pour « limiter » cette agression.
Il est intéressant d’observer que les origines des droits de l'homme sont liées à la résistance à l'impôt : la Grande Charte (Magna Carta, 1215), la Déclaration d'Indépendance des États-Unis (4 juillet 1776) et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (20 Août 1789) ont leurs origines respectives dans la résistance fiscale, sans compter le plus ancien symbole de la liberté connu, le Ama-gi. Max Stirner l'explique ainsi :
«La propriété fut l'étincelle qui mit le feu à la Révolution. Le gouvernement avait besoin d'argent. Il devait dès lors, pour être logique, montrer qu'il était absolu, et par conséquent maître de toute propriété, en reprenant possession de son argent, dont les sujets avaient la jouissance, mais non la propriété. Au lieu de cela, il convoqua des états généraux, pour se faire accorder l'argent nécessaire. En n'osant pas être conséquent jusqu'au bout, on détruisit l'illusion du pouvoir absolu : le gouvernement qui doit se faire « accorder » quelque chose ne saurait plus passer pour absolu. Les sujets s'aperçurent que les véritables propriétaires étaient eux, et que c'était leur argent qu'on exigeait d'eux. »
    — Max Stirner, L’unique et sa propriété


 

 

janvier 19, 2015

Barème de saisie des rémunérations 2015

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 Vous saisissez !!

Les nouvelles limites de saisie des rémunérations des salariés par leurs créanciers pour 2015 sont fixées.

JORF n°0299 du 27 décembre 2014 page 22495
texte n° 24


DECRET Décret n° 2014-1609 du 24 décembre 2014 révisant le barème des saisies et cessions des rémunérations
NOR: JUSC1427228D
ELI: http://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2014/12/24/JUSC1427228D/jo/texte
ELI: http://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2014/12/24/2014-1609/jo/texte

Publics concernés : juges d'instance, greffiers et greffiers en chef des tribunaux d'instance, tiers saisis, justiciables.
Objet : revalorisation annuelle du calcul de la portion saisissable et cessible des rémunérations.
Entrée en vigueur : le texte entre en vigueur le 1er janvier 2015.
Notice : le décret revalorise, comme chaque année, et sur le fondement des dispositions de l'article L. 3252-2 du code du travail, les seuils permettant de calculer la fraction saisissable et cessible des rémunérations, et ce, en fonction de l'évolution de l'indice des prix à la consommation des ménages urbains tel qu'il est fixé au mois d'août de l'année précédente, dans la série « France-entière, hors tabac, ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé ».
Références : les dispositions du code du travail modifiées par le présent décret peuvent être consultées, dans leur version résultant de cette modification, sur le site Légifrance (http://www.legifrance.gouv.fr).
Le Premier ministre,
Sur le rapport de la garde des sceaux, ministre de la justice, et du ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social,
Vu le code du travail, notamment ses articles R. 3252-2 à R. 3252-4,
Décrète :


L'article R. 3252-2 du code du travail est remplacé par les dispositions suivantes :


« Art. R. 3252-2.-La proportion dans laquelle les sommes dues à titre de rémunération sont saisissables ou cessibles, en application de l'article L. 3252-2, est fixée comme suit :
1° Le vingtième, sur la tranche inférieure ou égale à 3 720 € ;
2° Le dixième, sur la tranche supérieure à 3 720 € et inférieure ou égale à 7 270 € ;
3° Le cinquième, sur la tranche supérieure à 7 270 € et inférieure ou égale à 10 840 € ;
4° Le quart, sur la tranche supérieure à 10 840 € et inférieure ou égale à 14 390 € ;
5° Le tiers, sur la tranche supérieure à 14 390 € et inférieure ou égale à 17 950 € ;
6° Les deux tiers, sur la tranche supérieure à 17 950 € et inférieure ou égale à 21 570 € ;
7° La totalité, sur la tranche supérieure à 21 570 €. »


A l'article R. 3252-3, la somme de 1 400 € est remplacée par la somme de 1 410 €.


Le présent décret entre en vigueur le 1er janvier 2015.


La garde des sceaux, ministre de la justice, et le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.


Fait le 24 décembre 2014.

Manuel Valls

Par le Premier ministre :

La garde des sceaux, ministre de la justice,

Christiane Taubira

Le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social,

François Rebsamen



Les créanciers d’un salarié peuvent engager une procédure leur permettant de saisir directement entre les mains de l’employeur une partie du salaire versé. Comme chaque année, le montant de cette partie saisissable vient d’être réévalué. Ce nouveau barème est applicable à compter du 1er janvier 2015.
 
Attention : la saisie ne doit pas avoir pour effet de réduire la somme laissée à la disposition du salarié à un niveau inférieur au revenu de solidarité active (RSA), soit 513,88 € par mois pour une personne seule depuis le 1er janvier 2015. 

Barème 2015 des fractions de salaires saisissables
 
Tranche annuelle de rémunération (sans personne à charge) (1) Tranche mensuelle de rémunération* (sans personne à charge) (1) Quotité saisissableFraction mensuelle saisissable cumulée*
Jusqu’à 3 720 €Jusqu’à 310 €1/2015,50 €
Supérieure à 3 720 € et inférieure ou égale à 7 270 €Supérieure à 310 € et inférieure ou égale à 605,83 €1/1045,08 €
Supérieure à 7 270 € et inférieure ou égale à 10 840 €Supérieure à 605,83 € et inférieure ou égale à 903,33 €1/5104,58 €
Supérieure à 10 840 € et inférieure ou égale à 14 390 €Supérieure à 903,33 € et inférieure ou égale à 1 199,17 €1/4178,54 €
Supérieure à 14 390 € et inférieure ou égale à 17 950 €Supérieure à 1 199,17 € et inférieure ou égale à 1 495,83 €1/3277,43 €
Supérieure à 17 950 € et inférieure ou égale à 21 570 €Supérieure à 1 495,83 € et inférieure ou égale à 1 797,50 €2/3478,54 €
Au-delà de 21 570 €Au-delà de 1 797,50 €en totalité478,54 € + totalité au-delà de 1 797,50 €
 
 
* Calculée par nos soins.
(1) Chaque tranche annuelle de ce barème est majorée de 1 410 € par personne à la charge du débiteur (enfants à charge, conjoint ou concubin et ascendants dont les ressources personnelles sont inférieures au montant du RSA), et chaque tranche mensuelle de 117,50 €.
 
 
 
 

janvier 17, 2015

Libéralisme (gauche/droite; social) qu'en est-il exactement ? avec François-René Rideau et Jacques de Guenin

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



 Sommaire:

A) - Libéral(isme) « de gauche » ou « de droite » ? Quel(les) con(tradictions)  ! (ou "libéral de gauche ou de droite, quel con !!") avec François-René Rideau Traduction en langue française de « “Right-” and “Left-” Libertarians are (oxy)morons » écrit pour Vulgar Libertarians et publié le 11 février 2014. Traduit de l’américain par l’auteur et Jan Krepelka. source

B) -  Savez vous vraiment ce qu'est le libéralisme ? par Jacques de Guenin

C) - Oui, le libéralisme est social par Jacques de Guenin

D) - La page Université Liberté: Libéralisme



A) - Libéral(isme) « de gauche » ou « de droite » ? Quel(les) con(tradictions)  !

Le libéralisme n’est ni de gauche, ni de droite. Le libéralisme est une théorie du Droit qui délégitime la politique. « Gauche » et « droite » sont des affiliations tribales dans le cadre de conflits politiques. Dans la mesure où l’on est « de gauche » ou « de droite », l’on n’est pas libéral dans la même mesure. Dans la mesure où l’on est libéral, l’on n’est ni « de gauche » ni « de droite » dans la même mesure.

Être « de gauche » ou « de droite », c’est rêver d’imposer sa volonté à d’autres personnes, soit par la violence politique qui les contraindra à s’y plier, soit par quelque poudre de perlimpinpin qui les fera magiquement changer d’avis. Être « de gauche » ou « de droite », c’est se soucier de ce que les autres personnes font de leur propre propriété — et vouloir les contrôler. C’est aussi se parer de supériorité morale et répondre par « oui » ou par « non » à des questions telles que « faut-il être plus gentil — ou moins gentil — envers les autres, selon leur sexe, leur ethnicité, leur lieu de naissance, leur religion, leur culture, leur fortune, leur éducation, etc. ? » Le libéral, au contraire, répond : « Mais qui donc êtes-vous pour prétendre commander autrui ? Quels sont vos titres de supériorité ? Si vous vous souciez vraiment des “pauvres” (ou de tout autre groupe de personnes plus ou moins vaguement défini), alors faites quelque chose pour eux avec vos propres ressources ! Ne dépouillez pas des tiers de leurs ressources, de leur temps, de leur libre-arbitre, pour le faire à votre place. »

Le libéralisme n’est jamais partisan. Un libéral qui se soucie vraiment des « pauvres » n’est pas un « libéral de gauche », militant en faveur de règles spéciales favorisant certains « pauvres », mais un libéral qui soutient financièrement ces « pauvres », ou mieux, développe activement soit une œuvre de bienfaisance, ou mieux encore, une entreprise commerciale, qui améliore leur sort jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus, « pauvres ». Un libéral qui se soucie vraiment des « bébés non-nés » n’est pas un « libéral de droite », luttant pour des règles spéciales favorisant certains « bébés non-nés », mais un libéral qui dépense son temps et son argent à améliorer le sort de ces bébés non-nés, en soutenant leurs mères adolescentes ou démunies, en adoptant l’un de ces bébés, en éduquant les parents potentiels sur les moyens de contraception, etc. De même, un libéral qui se soucie du Paris Saint-Germain n’est pas un « libéral pro-PSG », exigeant des règles spéciales favorisant le PSG, mais bien un libéral qui travaille dur en tant que membre de l’équipe du PSG ou du personnel d’accompagnement. Dans tous les cas, l’identification tribale et les slogans décervelés sont au mieux des vices lorsqu’ils sont des prétextes pour s’auto-congratuler en restant oisifs, au pire des péchés quand ils inspirent des violations de droits.

Il existe bien sûr une infinie variété de buts qu’un libéral peut poursuivre ; mais à aucun moment un libéral ne demande que tout le monde suive son choix de causes à soutenir ; il n’exige rien des autres, si ce n’est le respect du Droit, c’est à dire le respect des droits de propriété, les siens propres et ceux de toute autre personne. Bien sûr, un libéral préférera s’associer à des personnes qu’il apprécie, qui l’apprécient, qui partagent ses valeurs, etc. Autrement dit, il discriminera en leur faveur, au détriment des autres. Mais il n’exigera pas que d’autres discriminent de la même façon que lui : c’est là le principe même de la liberté d’association ! Bien entendu, il aimera propager ses idées, et se réjouira lorsque d’autres viendront à les partager ; mais jamais il ne considérera la force comme un moyen légitime pour arriver à cette fin, et encore moins la force suprême des sicaires de l’État.

Le libéralisme est une théorie du Droit : il explique que les conflits entre les hommes sont minimisés lorsqu’ils se reconnaissent mutuellement les droits de propriété les uns des autres, selon les principes de la propriété de soi, de l’appropriation initiale des ressources non-appropriées, de la préservation de la propriété quand elle est transformée par le travail, et de sa transmission par échange et don volontaires. Le seul et unique impératif social est de respecter ces droits de propriété ; toute violation de ces droits de propriété est destructrice de l’ordre social ; et cette destruction est encore pire lorsque la violation est promue plutôt que condamnée par les institutions humaines. La politique consiste en la violation institutionnelle des droits de propriété par les puissants, par la violence et la menace de violence. Ces puissants peuvent tirer leur pouvoir d’une technologie plus avancée, d’une plus grande fortune, d’une meilleure santé, d’une population plus nombreuse, d’une intelligence supérieure, d’un régime alimentaire plus riche, d’une organisation plus efficace, d’une culture généralement supérieure, d’une meilleure capacité à laver le cerveau de leurs victimes, ou de toute combinaison des facteurs ci-dessus ou d’autres facteurs omis. Quoi qu’il en soit, la politique est l’antithèse du Droit libéral.

Gauche et droite sont deux pôles dans la polarisation naturelle de la politique : il y a inévitablement dans la conquête du pouvoir sur les hommes et les ressources naturelles un vainqueur qui emporte toute la mise, et des alliances binaires se forment spontanément dans un tel contexte. Cet axe gauche-droite n’a donc jamais été fondé sur quelqu’ensemble déterminé d’idées, mais toujours sur une lutte partisane pour le pouvoir. La division historique entre ces pôles s’est en général faite autour d’une « droite » qui prétend défendre les intérêts de ceux favorisés par l’ordre traditionnel et d’une « gauche » qui prétend défendre les intérêts de ceux défavorisés par cet ordre traditionnel — avec des variations dérisoires lorsque la « gauche » maintient un nouvel ordre assez longtemps pour qu’il devienne une tradition. La « droite » tend donc à défendre l’intensification des formes anciennes d’oppression et tout ce qu’il y a de mauvais dans l’ordre actuel, cependant que la « gauche » tend à proposer de nouvelles formes d’oppression et est subversive de tout ce qu’il y a de bon dans l’ordre actuel. Les politiciens des deux côtés sont en général d’accord sur la croissance indéfinie du pouvoir politique, avec occasionnellement la diminution ou l’abolition d’un programme qui ne soutient le pouvoir que d’un seul parti, minoritaire.

Dans une société libérale, nulle personne honnête et saine d’esprit ne pourra se revendiquer sérieusement d’être « de gauche » ou « de droite » : il n’y aura pas de partition politique entre deux alliances pour s’emparer du pouvoir, chaque camp proposant un assemblage donné arbitrairement défini de revendications et d’opinions ; au contraire, l’intérêt de chaque individu sera unique et ne rentrera dans aucune classification grossière de ce type. Toute personne proclamant sérieusement être « de gauche » ou « de droite » sera au pire un criminel fier de l’être, devant être traité comme tel, au mieux une personne dérangée mentalement prétendant être un tel criminel, probablement un vieux radoteur laissant s’exprimer un traumatisme remontant à une époque pré-libérale ; ou moins sérieusement, un comédien incarnant temporairement l’un des cas précédents.

Ceux qui se proclament aujourd’hui « libéraux de gauche » ne comprennent pas le libéralisme ; ils ne sont souvent que des « idiots utiles » au sens employé par Lénine, faisant la promotion de certaines idées communistes sans en comprendre les conséquences — à moins d’être d’authentiques agitateurs socialistes avançant masqués (la distinction entre les deux n’est pas toujours claire). Ceux qui se proclament aujourd’hui « libéraux de droite » ne comprennent pas non plus le libéralisme ; ils ne sont que les pantins de vieilles superstitions, et soutiennent souvent un politicien de droite contemporain qui reprend mal les opinions de politiciens de gauche du siècle précédent. Il y a toutes sortes de dupes, bien sûr, et certaines parmi elles pourront effectivement partager sincèrement un certain nombre d’idées libérales.

Mais soyons clairs : ceux qui sentent devoir assortir leur libéralisme d’un qualificatif « de gauche » ou « de droite », ou l’affubler de quelque préfixe ou suffixe que ce soit, révèlent ainsi clairement qu’ils rejettent certaines parties du libéralisme pour adopter une philosophie politique opposée sur des sujets pour lesquels ils jugent que certains viols de droits de propriété sont justifiés. Si de telles personnes ressentent le besoin de s’appeler libéraux de gauche, libéraux de droite, du milieu, de l’avant ou de l’arrière, libéraux-conservateurs, national-libéraux, néo-libéraux, paléo-libéraux, végo-libéraux ou que sais-je encore, soyez certains qu’il y a au moins un sujet sur lequel ils ne sont pas libéraux. Bien sûr, sur ce sujet, ils expliqueront pourquoi ceux qui, ne suivant par leurs théories, s’en tiennent au libéralisme, ne sont que de « vulgaires » libéraux, ou des libéraux vulgaires. Ainsi soit-il. Nous, les contributeurs de ce site, nous bornons bien à n’être guère que de simples libéraux — de vulgaires libéraux ! — sur chacun des sujets variés que ces divers post-libéraux éclairés tiennent à cœur comme exceptions aux droits de propriété. Notre réponse consiste à reconnaître à chacun ses propres intérêts, ses propres obsessions, et ses propres névroses sur certains sujets — avec toutefois cette réserve que nul n’a le droit d’utiliser ses préférences personnelles comme prétexte pour violer les droits d’autrui. Ces libéraux à particule pourront prétendre avoir « dépassé » le libéralisme ; nous affirmons qu’ils ne l’ont pas encore atteint.



B) -  Savez vous vraiment ce qu'est le libéralisme ?

Je précise tout de suite que je ne vais pas parler de politique : ma brève incursion dans le monde politique m'a appris qu'il n'y a pas de parti complètement libéral, et que la plupart des hommes politiques sont plus prompts à nous forcer à entrer dans le système qu'ils préconisent, à coup de lois et de règlements, plutôt que nous laisser vivre comme nous l'entendons. Entre parenthèses, cela reflète de leur part un mépris certain pour l'individu, puisqu'ils ne le croient pas capable de se conduire honnêtement et solidairement s'il ne rentre pas dans leur système. Or c'est évidemment le contraire qui se produit. L'individu ne recherche plus la vertu lorsqu'il lui suffit d'appliquer les règlements pour se donner bonne conscience, et il ne ressent plus le besoin d'être solidaire lorsque l'État l'est à sa place.
Dans notre pays, la pensée libérale est ancienne et profonde. Elle été illustrée par une pléiade d'écrivains prestigieux, parmi lesquels on peut citer : La Boétie, Montaigne, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Turgot, Condorcet, Benjamin Constant, Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat, Victor Hugo, Alexis de Tocqueville, Gustave de Molinari, Jacques Rueff, Bertrand de Jouvenel, Raymond Aron, Jean-François Revel.
Vous remarquerez au passage que quatre de ces grands penseurs sont originaires d'Aquitaine. Il y a lieu d'en être fier.
A vrai dire, la pensée libérale est si prestigieuse qu'elle fait de l'ombre aux hommes de pouvoir. Aussi la dénigrent-ils sous des vocables variés, et se gardent-ils bien de l'enseigner dans leur système d'éducation. Si bien que les idées les plus fausses courent à son sujet. Mon ambition est de rétablir la vérité en définissant avec précision ce qu'est le libéralisme, et en montrant l'implacable logique qui lie ses différents concepts.
Mais si vous avez des convictions libérales, et si vous voulez défendre efficacement vos idées, la logique ne suffit pas. La plupart des gens ne sont pas disposés à se battre pour des raisonnements, si même ils veulent bien les écouter. En revanche ils sont prêts à se battre, voire à mourir si nécessaire, pour des principes moraux. Je vais donc m'efforcer de montrer que le libéralisme est non seulement le système le plus efficace sur le plan économique, mais encore le seul système social moralement cohérent.
Le libéralisme c'est d'abord une morale individuelle, ensuite une philosophie de la vie en société dérivée de cette morale, enfin seulement, une doctrine économique qui se déduit logiquement de cette morale et de cette philosophie.
 
Cette morale repose sur deux concepts-clés :
La responsabilité individuelle : être responsable, cela veut dire assumer soi-même les conséquences de ses propres actes. C'est un principe d'apprentissage par tâtonnement et d'autoperfectionnement.
La liberté individuelle : la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Article 4)
 
Ces deux concepts ne sont pas indépendants l'un de l'autre. Aucun des deux ne peut exister sans l'autre. En effet, on ne peut être responsable de ses actes que si on est libre de les commettre ou non. Réciproquement, si l'on veut respecter la liberté des autres, il faut assumer soi-même les conséquences de ses actes.
Ces deux concepts ne sont pas non plus arbitraires. Ils se déduisent d'un principe universel qui est celui du maintien de la vie et de la recherche du bonheur.
Toutes les fonctions de tous les être vivants, du plus simple au plus complexe, n'ont qu'un objectif : maintenir leur vie. On peut donc dire que tout ce qui la maintien est bon, et que tout ce qui la menace est mauvais. Voilà, pour les libéraux, le fondement de la morale.
Un être vivant doit se procurer l'énergie ou la nourriture dont il a besoin pour vivre et se propager, et se protéger des menaces extérieures. Il doit réagir aux conditions extérieures - comme le chaud et le froid -, ou aux agressions, par des actions. Chez les plantes et les animaux inférieurs, ces actions sont entièrement automatiques et inconscientes. Chez l'homme, les choses sont un peu plus compliquées :
L'homme a un cerveau développé qui lui permet :
  • de concevoir des objectifs
  • de lancer des actions dont les résultats vont augmenter ou diminuer sa satisfaction. Ces actions s'obtiennent au prix d'un EFFORT
  • de mémoriser le résultat de ces actions  
  • d'analyser ces résultats et de tirer des conclusions sur la façon de les améliorer
Cette faculté décisive s'appelle LA RAISON.
On voit tout de suite que grâce à ses efforts, et à l'utilisation de sa raison, l'homme ne peut progresser indéfiniment vers la recherche du bonheur qu'à deux conditions :
  • Qu'il soit libre de ses actions.
  • Qu'il en assume les conséquences.
S'il jouit de la liberté, l'homme peut créer, inventer de nouvelles voies.
S'il en assume les conséquences, il peut tirer parti de ses erreurs pour progresser.
Nous retrouvons ainsi les deux principes-clefs de la pensée libérale : la Liberté et la Responsabilité.
Voyons maintenant quelles conséquences on peut tirer de ces deux principes :
1. Pour assurer sa vie, l'homme doit produire des biens qu'il pourra consommer, stocker, ou échanger, et des services qu'il pourra échanger contre d'autres biens ou services. Celui qui n'a pas droit au produit de ses efforts n'a pas la certitude de pouvoir entretenir sa vie de la façon qu'il le désire. L'homme qui produit alors que d'autres disposent de ce qu'il produit est un esclave. La propriété acquise par l'effort et la raison est donc une condition impérative de l'exercice de la liberté.
 
Celui qui produit et échange gagne ce qu'il a. Il ne donne ni ne prend ce qui n'est pas mérité. Il ne s'attend pas à être payé sur sa bonne mine, ou sur ses plaintes, ou sur l'expression passive de ses besoins, mais sur ses réalisations, sur ce qu'il a accompli.
Réciproquement, la propriété acquise par la force, le vol, ou la tromperie, est en contradiction formelle avec la morale libérale. La règle peut être la plus forte du libéralisme, est qu'on ne doit rien obtenir des autres par la coercition, mais seulement avec leur consentement.
 
2. L'homme produit au prix d'un effort, en utilisant sa raison. Il obtiendra des résultats d'autant meilleurs qu'il fera plus d'efforts et utilisera mieux sa raison. C'est la seule source d'inégalité cohérente avec la morale libérale.
Le corollaire est que la morale libérale ne tolère pas l'inégalité devant la loi, quelles qu'en soient ses formes : l'esclavage, les castes, les titres nobiliaires, les privilèges.
 
Nous allons voir maintenant que l'existence de la société améliore considérablement l'efficacité de l'individu dans sa recherche du bonheur par l'effort et la raison, et que réciproquement, la recherche individuelle du bonheur par l'effort et la raison engendre des conséquences extrêmement positives pour la société.
D'abord, la comparaison de ses résultats avec ceux des autres permet de progresser - à condition que le jugement ne soit pas altéré par l'envie. Ainsi la recherche de l'efficacité fait progresser la morale.
Ensuite, s'il jouit de la liberté, l'homme peut créer, inventer de nouvelles voies. Ce faisant, il enrichira aussi les autres. L'homme qui fournit seulement un travail physique consomme à peu de choses près l'équivalent de la valeur qu'il produit. L'homme qui produit une idée, une invention, ne reçoit qu'une infime partie de la valeur qu'il a ajoutée au patrimoine de l'humanité, et dont un nombre illimité de personnes bénéficiera.
 
Enfin, l'individu peut obtenir les biens ou les services qu'il ne peut ou ne veut produire lui-même, grâce à l'échange, sanctionné par un contrat si l'échange s'accomplit dans la durée. Lorsque l'échange est libre, les deux parties y trouvent leur satisfaction et aucun tiers n'est lésé.
 
Ainsi, si aucune autorité n'intervient pour lui dicter ses choix, l'homme peut choisir le travail qu'il préfère, se spécialiser dans ce travail, et aller aussi loin dans la voie du succès que sa volonté et son talent le permettent. Mais ce succès dépend de la valeur objective de ce travail pour les autres. Lorsque les hommes sont libres de leurs échanges, c'est le meilleur produit et le meilleur jugement qui l'emportent dans tous les domaines de l'action humaine, qui élèvent les niveaux de vie et de pensée de tous ceux qui participent à cette action.
 
Les échanges favorisent les rapports pacifiques entre les hommes et contribuent à la moralisation de ces rapports. Pour que les échanges soient efficaces, ils doivent exclure le mensonge. Les échanges au sein de sociétés un peu complexes exigent donc la confiance.
 
Contrairement aux anciens rois et seigneurs féodaux, aux modernes dictateurs, et même aux représentants de nos gouvernements, le chef d'entreprise n'obtient rien par la force : il sert autrui. Il doit satisfaire ses clients, et il perd tout pouvoir dès qu'il n'est plus en mesure d'assurer de meilleurs services que ses concurrents. La plus grosse entreprise perd sa puissance et son influence dès qu'elle perd ses clients. Le profit va seulement à celui qui a compris ce que veulent les autres. Il n'en est pas de même pour les activités de l'État, qui ne connaissent aucune sanction.
Ceci a été parfaitement exprimé par la grande philosophe et romancière américaine Ayn Rand, dans un roman fameux, mais malheureusement pas traduit en français qui s'appelle "Atlas Shrugged". Dans ce roman, un système totalitaire s'insinue peu à peu dans l'État Américain. Le Héros, Hank Rearden, un self made man, subit un procès parce qu'il ne se plie pas volontairement aux demandes du pouvoir. Comme dans tous les procès totalitaires à leurs débuts, le pouvoir espère que Hank Rearden s'accusera publiquement en échange de sa liberté. Mais Hank Rearden est d'une autre trempe. Voici ce qu'il dit à ses juges :
«...Je ne travaille pour rien d'autre que mon profit - que j'obtiens en vendant un produit dont ils ont besoin à des gens qui ont envie de l'acheter et qui en ont les moyens. Je ne le produit pas pour leur bénéfice au détriment du mien, et ils ne l'achètent pas pour mon bénéfice au détriment du leur ; je ne leur sacrifie pas mes intérêts et ils ne me sacrifient pas les leurs ; nous traitons en égaux, par consentement mutuel, à notre avantage mutuel - et je suis fier de chaque centime que j'ai gagné de cette façon. Je suis riche, et je suis fier de chaque centime que je possède. J'ai gagné mon argent par mon propre effort, par le libre échange et le consentement volontaire de tous ceux avec qui j'ai eu à faire - le consentement volontaire de ceux qui m'ont employé quand je débutais, le consentement volontaire de ceux qui travaillent pour moi aujourd'hui, et le consentement volontaire de ceux qui achètent mon produit.
Je répondrai à toutes les questions que vous avez peur de me poser ouvertement. Est-ce que je souhaite payer mes ouvriers plus que leurs services ne valent pour moi ? Non, je ne le souhaite pas. Est-ce que je souhaite vendre mon produit moins cher que mes clients sont près à le payer ? Non, je ne le souhaite pas. Est-ce que je souhaite le vendre à perte ou le donner ? Non, je ne le souhaite pas. Si cela est mal, faites ce que vous voulez de moi, selon vos propres standards. Voici les miens : je gagne ma propre vie, comme tout honnête homme doit le faire. Je refuse de me sentir coupable de mon existence et du fait que je dois travailler pour la soutenir. Je refuse de me sentir coupable de pouvoir le faire et de le faire bien. Je refuse de me sentir coupable du fait que je le fais mieux que la plupart des gens - du fait que mon travail a plus de valeur que celui de mes voisins et que plus de gens ont envie de me payer. Je refuse de m'excuser pour mes capacités - je refuse de m'excuser pour mes succès - je refuse de m'excuser pour mon argent.»
 
Est-ce à dire que le libéral n'agit que par intérêt personnel ? Nullement, mais pour lui, la sollicitude vis à vis de ses semblables, la solidarité, sont des vertus individuelles qui s'exercent directement ou au moyen de libres associations. Il ne considère pas comme solidarité le fait de faire redistribuer par l'État l'argent pris à d'autres.
Pour satisfaire des objectifs qui dépassent ses seules capacités, l'individu s'associe librement à d'autres individus pour constituer des associations ou des sociétés. Ces groupements peuvent à leur tour s'associer pour accomplir des objectifs encore plus ambitieux. Mais les groupes d'ordre supérieur ne doivent pas retirer aux groupes d'ordre inférieur (dont le plus petit est l'individu), ce que ces derniers peuvent accomplir eux-mêmes : c'est le fameux principe de subsidiarité.
Pour le libéral, l'État lui-même devrait être une association d'ordre supérieur à laquelle les associations d'ordre inférieur délégueraient certains pouvoirs et certains moyens, selon le principe de subsidiarité. Mais nous vivons depuis toujours dans un schéma strictement inverse où l'État dispose de tous les pouvoirs et ne consent à déléguer quelques petits espaces de liberté aux citoyens que lorsque ceux-ci le lui arrachent.
L'État est le plus grand danger potentiel pour l'individu, car il détient le monopole de l'usage de la force contre des victimes isolées et désarmées, et ce pouvoir attire comme des mouches les hommes ambitieux. Année après année, les rapports d'Amnesty International sont remplis des horreurs perpétrées par les États : les guerres, les massacres, les déplacements de population, les camps de concentration, les destructions, les enlèvements, les détentions arbitraires, les tortures, les famines, les persécutions, les confiscations.
À défaut de pouvoir reconstruire les institutions selon le principe de subsidiarité, les libéraux s'efforcent de limiter le pouvoir des États. C'est eux qui ont inventé le principe de séparation des pouvoirs, si difficile à mettre en œuvre, même dans notre vieille démocratie. C'est eux qui ont inventé la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 pour protéger les individus contre l'État.
Mais le libéral est conscient que si l'homme peut acquérir des biens par l'effort et la raison, il peut aussi les acquérir aux dépens des autres. Il accepte donc comme un moindre mal une autorité dont la seule vocation serait précisément de faire respecter les droits individuels. En pratique cela veut dire un État limité aux seules fonctions dites "régaliennes" : la Justice, la Police, et la Défense Nationale, ce qui implique une Diplomatie. Toutes les autres fonctions sont mieux accomplies par la libre association d'individus selon le principe de subsidiarité.
Il est bon de rappeler que cette vision d'un État minimum était celle des fondateurs de la démocratie américaine :
« Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté, et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis par les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructrice de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. »
 
En résumé, le libéralisme est un système dans lequel s'épanouit celui qui utilise sa raison, qui fournit des efforts, qui échange ou s'associe librement avec les autres, notamment pour désigner un gouvernement à qui ils délèguent le pouvoir de faire respecter les droits individuels. Dans ce système, le transfert de biens d'un individu à un autre ne se fait pas par décret, redistribution, expropriation, vol, pillage ou faveur du prince, mais par l'échange volontaire.
Dans tous les autres systèmes, un pouvoir central domine peu ou prou l'individu, et exerce sur lui diverses spoliations.
Le libéralisme, contrairement à tous les autres régimes, n'admet pas la seule inégalité qui soit vraiment injuste : l'inégalité devant la loi : ce sont des libéraux qui ont éliminé l'esclavage, les castes, les titres nobiliaires, les privilèges. En revanche il ne considère pas comme immorales les inégalités de résultat. Mais n'est-il pas profondément injuste de récompenser de la même façon le paresseux et celui qui se donne du mal ? Celui qui fait n'importe quoi et celui qui réfléchit ? C'est parce qu'il existe cette récompense à la raison et à l'effort que les sociétés qui appliquent la morale libérale ont toujours été, dans tous les temps et sous tous les cieux, les sociétés les plus prospères, comme elles ont été les plus tolérantes, les plus ouvertes et les plus humaines. 
 
Saint-Loubouer, 2000




C) - Oui, le libéralisme est social
 
De l'extrême gauche à une grande partie de la droite, les Français se disent "sociaux", et anti-libéraux. Ils veulent dire par là qu'ils s'intéressent au sort des plus défavorisés, alors que nous, les libéraux, qui défendons l'individu et l'économie de marché - rebaptisée loi de la jungle pour la circonstance - sommes des égoïstes, avides de profit. Or il se trouve que c'est exactement le contraire : c'est nous les généreux, et eux les prédateurs! Mais il nous acculent toujours à la défensive en se plaçant sur le terrain de la morale. Il est grand temps de repasser à l'offensive, et d'occuper à notre tour ce terrain.
C'est l'objet de cet exposé. Je vous préviens tout de suite que c'est un exposé de combat, et qu'il a pour ambition de vous donner des armes. Ceux qui n'ont pas envie de se battre peuvent quitter la salle sans me vexer... Je n'en vois pas, je reprends le fil.

Voici tout d'abord une arme tactique pour déstabiliser l'adversaire : faites l'innocent et demandez lui ce qu'il entend par libéralisme. Il y a toutes les chances pour qu'il bafouille des inexactitudes. Dites lui alors que vous n'êtes pas surpris qu'il n'aime pas le libéralisme, car il ne sait pas ce que c'est. Contrairement à ce qu'il croit, où feint de croire lorsqu'il sait mais que la vérité le gêne, les sociétés qui appliquent la morale libérale ont toujours été, dans tous les temps et sous tous les cieux, les sociétés les plus prospères, les plus tolérantes, les plus ouvertes et les plus humaines.

Vous pourrez ensuite terrasser votre adversaire tout à loisir avec les armes que je vais maintenant vous donner.
Beaucoup de personnes voient dans le libéralisme seulement une doctrine économique, d'autres y voient aussi une doctrine politique. En réalité le libéralisme est avant tout une morale individuelle, ensuite une philosophie de la vie en société dérivée de cette morale, enfin seulement, une doctrine économique qui se déduit logiquement de cette morale et de cette philosophie.

Le libéralisme repose sur deux principes moraux : La liberté et la responsabilité individuelles.
- Etre responsable, cela veut dire assumer soi-même les conséquences de ses propres actes. C'est un principe d'apprentissage par tâtonnement et d'auto perfectionnement.
- La liberté individuelle, pour le libéral, ce n'est pas ma petite liberté égoïste, c'est la liberté de chacun. Ce n'est pas faire tout ce qui me plait sans me soucier des autres, car alors je risquerais de limiter la liberté d'autres personnes : si je me livre à la drogue au point de ne plus pouvoir assumer ma propre existence, je deviens une charge pour les autres.
Cette idée est exprimée de façon remarquable par l'article 4 de la fameuse Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui dit :

la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui; ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits.

Je vous demande de bien noter au passage que cette fameuse Déclaration est l'œuvre de libéraux. Comme vous le savez, les jacobins, c'est à dire les socialo-communistes de l'époque, se sont assis dessus et ont institué la Terreur.
Les concepts de liberté et de responsabilité ne sont pas indépendants l'un de l'autre. Aucun des deux ne peut exister sans l'autre. En effet
- on ne peut être responsable de ses actes que si on est libre de les commettre ou non. Réciproquement,
- si l'on veut respecter la liberté des autres, il faut assumer soi-même les conséquences de ses propres actes.
Pour assurer sa vie, l'homme doit produire, au pris d'un effort et en utilisant sa raison, des biens qu'il pourra consommer, stocker, ou échanger, ainsi que des services qu'il pourra échanger contre d'autres biens ou d'autres services. Celui qui n'a pas droit au produit de ses efforts n'a pas la certitude de pouvoir entretenir sa vie de la façon qu'il désire. L'homme qui produit alors que d'autres disposent de ce qu'il produit est un esclave. Celui qui produit alors que l'Etat lui en prend la moitié, est un demi esclave. La propriété acquise par l'effort et la raison est donc une condition impérative de l'exercice de la liberté.

Celui qui produit et échange gagne ce qu'il consomme. Il ne prend rien aux autres. Il ne s'attend pas à être payé sur ses plaintes ou sur l'expression passive de ses besoins, mais sur ses réalisations, sur ce qu'il a accompli.
Réciproquement, la propriété acquise par la force, le vol ou la tromperie, est en contradiction totale avec la morale libérale. Si l'on veut que chacun jouisse de la liberté, on ne doit rien obtenir des autres par la coercition, mais seulement avec leur consentement.

L'individu peut obtenir les biens ou les services qu'il ne peut ou ne veut produire lui-même, grâce à l'échange. L'échange se fait avec un autre individu ou avec une société : par exemple l'échange d'un travail contre un salaire. Lorsque l'échange est libre, les deux parties y trouvent leur satisfaction, sans cela ils ne le feraient pas, et aucun tiers n'est lésé.

Les échanges favorisent les rapports pacifiques entre les hommes et contribuent à la moralisation de ces rapports. Car pour que les échanges soient efficaces, ils doivent exclure le mensonge. Et l'on constate bien que la confiance règne dans les sociétés libérales. Ceux qui la trahissent sont l'objet d'opprobre. Si vous voulez vous en convaincre, je vous recommande la lecture du livre fondamental d'Alain Peyrefitte : La Société de Confiance.

L'homme obtiendra des résultats d'autant meilleurs qu'il fera plus d'efforts et utilisera mieux sa raison. C'est la seule source d'inégalité cohérente avec la morale libérale. La morale libérale ne tolère pas l'inégalité devant la loi, quelles qu'en soient ses formes - l'esclavage, les castes, les privilèges - parce que ces inégalités sont obtenues par la coercition exercée par le pouvoir. Il faut que vous vous pénétriez bien de cette vérité historique : en France l'esclavage a été aboli une première fois en 1794 sous la pression inlassable de Condorcet, l'Abbé Grégoire, et La Fayette, qui étaient tous des libéraux. Rétabli par Napoléon, il a de nouveau été aboli en 1848 grâce aux efforts non moins inlassables d'autres libéraux, en l'occurrence Tocqueville, Montalembert, et Victor Schoelcher.

Les interactions volontaires avec les autres permettent à l'individu d'améliorer considérablement son efficacité dans sa recherche du bonheur par l'effort et la raison. D'abord, la comparaison de ses résultats avec ceux des autres permet de progresser - à condition que le jugement ne soit pas altéré par l'envie, péché capital pour un chrétien, mais moteur de l'action socialiste.

Réciproquement, la recherche individuelle du bonheur par l'effort et la raison engendre des conséquences extrêmement positives pour les autres. S'il jouit de la liberté, l'homme peut créer, inventer de nouvelles voies. Ce faisant, il enrichira aussi les autres. La plupart des gens consomment à peu de choses près l'équivalent de la valeur qu'ils produisent. Mais l'homme qui produit une idée, une invention, ne reçoit qu'une infime partie de la valeur qu'il a ajoutée au patrimoine de l'humanité, et dont un nombre illimité de personnes bénéficiera.

Si aucune autorité n'intervient pour lui dicter ses choix, l'homme peut choisir le travail qu'il préfère, se spécialiser dans ce travail, et aller aussi loin dans la voie du succès que sa volonté et son talent le permettent. Mais à une condition : il faut que ce travail ait un intérêt pour d'autres. C'est ce que ne comprennent pas tous ceux qui considèrent que la Société doit leur fournir le genre de travail auquel ils aspirent, même s'il y a déjà beaucoup trop de gens qui font ce travail.

Quant à l'entreprise, elle meurt si elle n'est plus durablement en mesure d'assurer à ses clients le service qu'ils désirent. La plus grosse entreprise perd sa puissance et son influence dès qu'elle perd ses clients. Le profit va donc seulement à celui qui a compris ce que veulent les autres. Il n'en est pas de même pour les activités de l'Etat, qui ne connaissent aucune sanction.

Les théories de gauche et de la pseudo droite sur l'entreprise, généralement conçues et propagées par des gens qui n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise, partent de l'idée qu'il existe une opposition irréductible entre les intérêts des travailleurs et ceux des patrons. Il n'y a rien de plus contraire à la réalité, au moins dans un marché libre. Car dans un marché libre, il n'y a pas de chômage permanent, et les patrons sont en concurrence les uns avec les autres pour attirer les meilleurs salariés. Et même en situation de sous emploi, les patrons conscients, qui pensent d'abord à la pérennité de leur entreprise avant même de penser au profit, savent qu'une entreprise ne peut être efficace que si les travailleurs s'y sentent bien. La préoccupation majeure de tout bon manager, est de faire en sorte que ce soit le cas. C'est très difficile, car chacun de nous croit volontiers que ses mérites ne sont jamais suffisamment reconnus, et les syndicats nous encouragent à le penser. Dans l'entreprise privée, on y parvient pourtant, puisqu'il n'y a que 5% de syndiqués, et il n'est pas rare de voir les syndicalistes eux-mêmes demander discrètement une place dans l'entreprise pour leurs enfants. Bien entendu, il y a des mauvais chefs d'entreprise, mais en moins grand nombre que ne le laisseraient croire le cinéma et la presse - qui sont à 80% au mains des gauchos - et s'il y en a peu, c'est pour une raison bien simple : les mauvais chefs d'entreprise ne survivent pas longtemps.

J'ai découvert un jour dans les archives du groupe Peugeot un petit livre datant de 1894 intitulé "Institutions patronales de la maison Les Fils de Peugeot Frères". Ce livre avait donc plus d'un siècle. Il contenait de manière très claire et très lisible les comptes des différentes institutions suivantes :

- une caisse de retraite
- deux sociétés de secours mutuels (une par usine)
- deux sociétés d'appui mutuel en cas de décès
- une caisse d'assurance contre les accidents
- des logements ouvriers
- trois écoles
- deux cercles ouvriers
- un hôpital

J'ai vainement cherché dans notre Sécurité Sociale totalitaire s'il existait des avantages que n'avaient pas déjà les salariés de la maison Peugeot. Je n'en ai trouvé aucun. En revanche j'ai trouvé trois avantages qu'avaient sur nous ces salariés il y a plus d'un siècle :
- leur participation n'était que de 5,5% du salaire, le reste étant couvert par l'entreprise
- bien que la part patronale fut très supérieure, la gestion était paritaire
- tous les salariés recevaient ce petit livre, clair, lisible et précis.
Et ce petit livre se terminait ainsi :
"Les ouvriers de la Maison "Les Fils de Peugeot frères" ne se sont jamais mis en grève et une entente parfaite a toujours existé entre les patrons et les ouvriers"
"Un grand nombre de familles sont occupées dans les usines depuis 3 générations"
J'ai découvert depuis que les Peugeot n'étaient pas les seuls. D'autres grandes familles industrielles, notamment les Michelin, avaient des institutions comparables.
Ce pan d'histoire a été masqué par la propagande gauchiste, ou tourné en dérision sous le vocable de "paternalisme".

Je ne peux pas m'étendre aussi longuement sur chacune des conquêtes sociales du libéralisme que je viens de le faire pour celle-ci, car je dépasserais très largement le temps pourtant raisonnable qui m'est imparti. Je me contenterai de les résumer brièvement.

Dès 1803, Jean-Baptiste Say déplorait le travail répétitif. Il pensait qu'il fallait donner plus d'initiative aux ouvriers, et se faisait pour cela l'apôtre de l'instruction primaire obligatoire, loi défendue par les libéraux et combattue par les marxistes avec Jules Guesde, qui y voyait une façon pour les capitalistes de se procurer une main d'œuvre plus rentable!

La loi du 28 mars 1841 interdisant le travail des enfants de moins de 8 ans et limitant celui des enfants de 8 à 12 ans fut introduite à la Chambre par des libéraux. Le rapporteur était Charles Dupin.
Le 17 novembre 1849, à l'Assemblée, Frédéric Bastiat, dans un discours très documenté, et très émouvant, soutint un amendement destiné à autoriser les syndicats ouvriers et la grève, la grève sans violence bien entendu. Il ne fut pas entendu.

Il faudra attendre la loi de 1864, pour que soit reconnu le droit de grève. Cette loi a été promulguée par Napoléon III sous l'influence du libéral Emile Ollivier, premier ministre et ministre de la justice. Il faudra attendre vingt ans de plus pour que devienne légale l'existence des syndicats. Une loi avait été déposée en ce sens dès 1876 par le député libéral Edouard Lockroy. Mais elle fut combattue pendant 8 ans par les socialistes. Poussée par le ministre de l'intérieur libéral Waldeck Rousseau, elle devint la loi du 21 mars 1884. Mais quand en 1900 et 1901 Waldeck Rousseau, devenu président du conseil, tenta de l'étendre en accordant la personnalité civile aux unions de syndicats, il se heurta à l'opposition des socialistes.

Le 2 juillet 1906, le député libéral Gaston Doumergue déposa un projet de loi autorisant la création de conventions collectives. Le congrès de la CGT prit parti contre cette proposition.
A partir de 1908, c'est encore sous l'impulsion des libéraux que furent créées les premières caisses d'épargne. Comme elles étaient privées, elles ne rencontrèrent que sarcasmes de la part des socialistes.

Les socialistes, eux aussi, prétendent être motivés par une morale. Mais il y a une immense différence entre leur morale et la nôtre, sur laquelle je voudrais attirer votre attention. La morale libérale, comme la morale chrétienne, avec laquelle elle se confond d'ailleurs partiellement, s'adresse à l'individu. Elle s'adresse à l'individu pour lui faire assumer la responsabilité de ses actes, et ce faisant assurer la liberté de son prochain. La morale socialiste, elle, proclame certes qu'elle veut le bien de l'individu, mais elle ne cherche à établir ce bien que par l'intermédiaire de l'Etat et de ses lois, c'est à dire par la coercition. Le socialisme et ses avatars définissent ce bien a priori, ils l'inculquent aux enfants par l'éducation, et ils l'imposent par la gestion étatique de toutes les activités humaines.

Ce culte de L'Etat par des gens qui comprennent beaucoup d'intellectuels, c'est à dire des gens qui sont censés observer et réfléchir, a toujours été pour moi une source d'étonnement. Je veux bien qu'il faille une bonne connaissance des mécanismes économiques - qui n'est guère enseignée par l'Education Nationale - pour comprendre tout le mal que fait l'Etat à l'économie. Mais sur le plan social, qui est celui de cet exposé, il n'y a pas besoin d'être très savant pour constater que toutes les horreurs que l'on trouve dans l'actualité et les livres d'histoire sont le fait des Etats : les guerres, les massacres, les déplacements de population, les camps de concentration, les destructions, les enlèvements, les procès truqués, les détentions arbitraires, les tortures, les famines, les persécutions, les confiscations. C'est à chaque siècle et en de multiples endroits que ce culte de l'Etat aboutit aux mêmes dérives abjectes, comme la Terreur en France, le National Socialisme -c'est à dire le nazisme - en Allemagne, ou les exterminations méthodiques opérées au sein de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques.

Les libéraux, eux, en sont conscients, et c'est pour cela qu'ils ont toujours cherché à limiter le pouvoir des Etats. Ce sont eux qui ont inventé le principe de séparation des pouvoirs, si difficile à mettre en œuvre, même dans notre vieille démocratie. Ce sont eux qui ont inventé la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 pour protéger les individus contre l'Etat.

Mais le libéral est conscient que si l'homme peut acquérir des biens par l'effort et la raison, il peut aussi les acquérir aux dépens des autres par la ruse ou par la force. Le libéral accepte donc comme un moindre mal une autorité dont la seule vocation serait précisément de faire respecter les droits individuels. En pratique cela veut dire un Etat limité aux seules fonctions dites "régaliennes" : la Justice, la Police, et la Défense Nationale, ce qui implique une Diplomatie. Toutes les autres fonctions sont mieux accomplies par la libre association d'individus.

Les deux concepts de la morale socialiste dont on entend le plus parler sont l'égalité et la solidarité. Je voudrais vous montrer à quel point ces idéaux, a priori édifiants, sont dévoyés par les mécanismes même du socialisme.

L'égalité. Le libéral combat les inégalités vraiment injustes, c'est à dire celles qui profitent aux hommes politiques et aux fonctionnaires, et les inégalités qui résultent du vol ou de la coercition, qui sont souvent le fait de l'Etat, ou le fait que l'Etat ne fait pas son travail. Le socialiste, lui, recherche l'égalité de résultat, et c'est ainsi que dans ce pays tout est fait pour encourager celui qui ne veut rien faire, et tout est fait pour mettre des bâtons dans les roues à celui qui entreprend. C'est ainsi que l'Education Nationale, n'ayant pas réussi à uniformiser les résultats des élèves par le haut, s'est résigné à les uniformiser par le bas.
Je vous le demande, n'est-il pas profondément injuste de récompenser de la même façon le paresseux et celui qui se donne du mal? Celui qui fait n'importe quoi et celui qui réfléchit?

La solidarité. Pour le libéral, la solidarité, la sollicitude vis à vis de ses semblables, sont des vertus individuelles qui s'exercent directement ou au moyen de libres associations. La solidarité qui s'exerce par exemple dans les petites communautés, villages, quartiers, lieux de travail, où les gens se connaissent et s'impliquent. L'étude historique des sources de l'aide aux déshérités, montre qu'elle était plus importante, en pourcentage du niveau de vie moyen, lorsqu'elle était privée que depuis qu'elle est publique. On se doute qu'elle était aussi plus souplement adaptée aux besoins réels des individus et qu'elle laissait moins de place aux gaspillages et à la corruption. Je voudrais vous lire à ce sujet quelques lignes de Frédéric Bastiat sur les sociétés de secours mutuels.

"Les sociétés de secours mutuels, [sont une] institution admirable, née des entrailles de l'humanité, longtemps avant le nom même de Socialisme. Il serait difficile de dire quel est l'inventeur de cette combinaison...Toujours est-il que j'ai vu surgir spontanément des sociétés de secours mutuel, il y a plus de vingt cinq ans parmi les ouvriers et les artisans les plus dénués, dans les villages les plus pauvres du département des Landes (écrit en 1848).

Dans toutes les localités où elles existent, elles ont fait un bien immense. Les associés ... sentent tous leur dépendance réciproque, l'utilité dont ils sont les uns pour les autres; ils comprennent à quel point le bien et le mal de chaque individu ou de chaque profession deviennent le bien et le mal communs...
Ce qui a fait jusqu'ici le succès de ces sociétés, - succès lent, à la vérité, comme tout ce qui concerne les masses, - c'est la liberté, et cela s'explique...

Leur écueil naturel est dans le déplacement de la Responsabilité. Ce n'est jamais sans créer pour l'avenir de grands dangers et de grandes difficultés, qu'on soustrait l'individu aux conséquences de ses propres actes. Le jour où tous les citoyens diraient : "nous nous cotisons pour venir en aide à ceux qui ne peuvent travailler ou ne trouvent pas d'ouvrage," il serait à craindre qu'on ne vit se développer, à un point dangereux, le penchant naturel de l'homme vers l'inertie, et que bientôt les laborieux ne fussent réduits à être les dupes des paresseux. Les secours mutuels impliquent donc une mutuelle surveillance, sans laquelle le fonds des secours serait bientôt épuisé. Cette surveillance réciproque, qui est pour l'association une garantie d'existence, pour chaque associé une certitude qu'il ne joue pas le rôle de dupe, fait en outre la vraie moralité de l'institution. Grâce à elle, on voit disparaître peu à peu l'ivrognerie et la débauche, car quel droit aurait au secours de la caisse commune un homme à qui l'on pourrait prouver qu'il s'est volontairement attiré la maladie et le chômage, par sa faute, et par suite d'habitudes vicieuses? C'est cette surveillance, qui rétablit la Responsabilité, dont l'association, par elle même, tendait à affaiblir le ressort.

Or, pour que cette surveillance ait lieu et porte ses fruits, il faut que les sociétés de secours soient libres, circonscrites, maîtresses de leurs statuts comme de leur fonds. Il faut qu'elles puissent faire plier leurs règlements aux exigences de chaque localité."

Voila comment les libéraux conçoivent la solidarité, mais les socialistes baptisent cela "charité", et tournent le concept en dérision comme ils ont tourné le paternalisme en dérision. Pour eux, la solidarité consiste à faire redistribuer par l'Etat de l'argent pris à d'autres. Cela n'a évidemment aucune valeur morale mais donne bonne conscience. Pourquoi venir en aide directement à son prochain, lorsqu'on a déjà payé l'Etat pour le faire?

En pratique, l'Etat tue la compassion. Mais cette fausse solidarité permet de faire mousser les hommes au pouvoir. En réalité, elle est devenue au fil des ans une toile d'araignée si complexe que personne ne la maîtrise plus, et elle laisse par conséquent le champ libre à toutes sortes d'iniquités, de gaspillage, et de corruption. Cela est encore plus vrai lorsque cette pseudo solidarité est exercée par des Etats par l'intermédiaire d'autres Etats. Que l'on ait besoin de rappeler de telles évidences en dit long sur le degré de pénétration de la pensée gauchiste.

En conclusion, le libéralisme s'intéresse à l'individu plus qu'à la société. Il considère que la société n'est qu'un ensemble d'individus libres et responsables, et que tout ce que chacun de nous fait pour les autres, il le fait librement, soit par raison, soit par inclination.

Les socialistes et leurs différents avatars, au contraire, mettent la société au dessus de l'individu. Pour eux, l'individu est une espèce d'animal sacrificiel qui ne compte pas devant la société. Ils la voient comme ayant une vie indépendante des éléments qui la constituent, ces éléments étant eux-mêmes des entités abstraites sans grande importance.

Quant aux hommes de pouvoir, tous les hommes de pouvoir, ceux de droite comme ceux de gauche, ils se donnent pour fonction de diriger la société, et toute action individuelle est pour eux potentiellement déviante et donc dangereuse.

Mais comme on ne peut convaincre, comme on ne peut diriger, sans un substratum moral minimum, les intellectuels de gauche et les hommes de pouvoir, qui ont les uns et les autres une mentalité de prédateurs, se sont accaparés la morale comme ils accaparent tout le reste. Leur méthode est simple : il leur suffit de faire passer pour égoïste tout individu qui ose penser tout seul, pour exploiteur tout individu qui ose entreprendre, et pour ennemi du peuple tout individu qui met ses intérêts avant ceux de l'Etat. Ils prétendent qu'eux seuls possèdent les vertus d'altruisme et de solidarité.

Tant que vous n'aurez pas assimilé cela, vous serez à la merci des intellectuels de gauche, et vous serez à la merci des hommes de pouvoir de toutes tendances. Si nous, les libéraux, nous voulons sortir du ghetto où nous sommes, il nous faut nous battre sur le terrain de la morale, il nous faut récupérer la morale qu'on nous a volée. Les libéraux adorent les raisonnements économiques et dédaignent le combat politique. Mais les raisonnements ennuient la plupart des gens. En revanche beaucoup de gens sont prêts à se battre, voire à mourir, pour des principes moraux. Ces principes sont universels. Ce sont les quatre principes du décalogue relatifs à la vie en société : tu ne tueras point, tu ne voleras point, tu ne mentiras point, tu n'envieras point ce qui appartient à ton prochain, ainsi que le principe ajouté par le nouveau testament : "aimez et respectez votre prochain individu par individu" - je le formule à ma manière, mais j'en respecte le sens . Or le communisme tue, les gouvernements volent et mentent, les socialistes font reposer toute leur action sur l'envie, et tous ces gens confondent l'amour du prochain avec les faveurs accordées à tel ou tel groupe d'électeurs.

J'espère vous avoir démontré que les vrais libéraux, eux, respectent les principes moraux de notre civilisation chrétienne.



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