avril 05, 2015

Christian Michel son entretien avec Grégoire Canlorbe

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.




Grégoire Canlorbe : Philosophe anarcho-capitaliste, vous ne faîtes pas mystère de votre intérêt pour la pensée de Karl Marx, ce que d’aucuns verront sans doute comme un paradoxe. Pourriez-vous revenir sur cette affinité avec les idées essentielles du théoricien du matérialisme dialectique ?

Christian Michel : La contribution essentielle de Marx, pour moi, est son analyse de l’histoire. L’Histoire de toute société est celle de la lutte des classes, ça ne me paraît pas discutable. Seuls changent les acteurs, selon les moyens de production à leur disposition. Marx a compris le premier comment la technique transforme les relations économiques, qui à leur tour modifient les structures politiques. Il est vrai qu’avant la Révolution industrielle les techniques progressaient lentement, et leur influence sur les structures de production ne se voyaient guère. Marx en plus a été leurré par les travaux d’Adam Smith et de Ricardo, qui voyaient dans le travail le fondement de la valeur. Sa théorie de la confiscation par les capitalistes du surplus de valeur que l’ouvrier produit ne convainc pas – même pas lui-même, il n’a cessé de reformuler la question.

Il existe une confiscation, bien plus directe, qu’effectue la classe au pouvoir. C’est l’impôt. Les hommes de l’Etat forment clairement une classe, avec ses intérêts corporatistes, ses reflexes, sa solidarité autour du « service public », et cette classe entretient ses « laquais », les subventionnés de tout poil, depuis les banquiers et les agriculteurs, jusqu’aux artistes et ONG – exactement comme décrit dans le modèle marxiste.

L’ampleur de cette exploitation était bien moindre au temps de Marx qu’aujourd’hui – peut-être une autre raison pour laquelle elle ne lui est pas apparue. Elle reste encore imperceptible à beaucoup de nos contemporains, malgré la violence qu’elle déploie. Marx et ses successeurs ont bien saisi comment la classe dirigeante masque sa prédation par un discours (auquel elle croit elle-même, c’est pourquoi il est si convaincant), et qui rationalise le rapport de domination : l’impôt est le marqueur de la civilisation ; sans « services publics », les pauvres mourraient dans la rue ; seuls les plus riches des malades seraient soignés ; les jeunes resteraient illettrés ; le pays ne seraient pas défendu, etc. Il faut beaucoup de perspicacité pour déjouer ces sophismes.


Il existe un moment, cependant, quand la réalité se déplace trop loin du discours idéologique pour qu’il puisse encore tromper son monde. Nous en sommes là.

Lorsqu’on veut faire croire qu’on est saint, riche ou puissant, il faut de temps de temps manifester les signes de ces qualités, faire un miracle, ou bien rouler en Rolls. La classe dominante n’a plus les moyens de faire croire à son discours. Son dernier argument est « Nous ne sommes pas parfaits, mais ne nous jetez pas dehors. Vous n’avez pas d’alternative. » Le rôle des libéraux aujourd’hui est de montrer qu’il existe une alternative. L’asphyxie n’est pas notre destin.

Grégoire Canlorbe : Michel Foucault est souvent encensé par la gauche universitaire pour avoir suggéré que la philosophie libérale, loin d’être un discours émancipateur à l’égard de l’Etat, constituerait dans les faits un outil de contrôle de la population. Foucault utilise le terme de « biopouvoir » pour caractériser la politique des Etats sensibles aux idées libérales. L’Etat libéral c’est celui qui vise à obtenir l’expansion et la santé de la population par l’asservissement des individus aux forces du marché – que l’Etat laisse jouer. Le marché est une construction permanente qui doit son existence à la limitation et à la frugalité du gouvernement, quoique celui-ci soit de temps en temps contraint d’intervenir dans la vie marchande pour assurer le bon fonctionnement de la concurrence ainsi que la qualité des infrastructures.

Vous ne faîtes pas mystère là non plus de votre intérêt pour Foucault. Pourriez-vous développer les raisons de cette affinité ?

 Christian Michel : Ce serait trop long de développer ici les raisons de mon intérêt pour Michel Foucault. Sa pensée est foisonnante, et comme de tous les grands auteurs, on peut tirer des arguments pour des positions divergentes. Pour lui la vertu du libéralisme est le pluralisme. J’aime cette analyse. Le marché est le lieu où peuvent coexister les êtres humains dans leur plus grande diversité. Tout le monde se fiche de savoir si vous êtes homme, femme, trans, gay ou bi ; athée ou religieux, et de quelle religion ; de quelle nationalité ; noir ou jaune ou blanc ; riche ou pauvre… Seule compte votre capacité de rendre service à quelqu’un. Et plus la diversité est grande, plus augmentent vos chances de trouver des gens qui apprécieront assez vos services spécifiques pour les payer.

Grégoire Canlorbe : Sous quelles circonstances et pour quelles raisons avez-vous rejoint les rangs de la philosophie anarcho-capitaliste ? Avez-vous toujours été un anarcho-capitaliste, fût-ce sans le savoir ?
 
Christian Michel : La politique ne m’intéressait guère avant 1981, quand une coalition socialo-communiste a pris le pouvoir en France. Ça fait réfléchir. Habitant Genève à l’époque, je n’étais pas directement concerné par les décisions de ce nouveau gouvernement, mais j’ai voulu comprendre à quoi aspiraient mes compatriotes avec leurs slogans : « changer la vie », « rompre avec le capitalisme », etc. Ne connaissant rien à la philosophie politique, j’ai décidé d’écrire un livre. L’écriture oblige au sérieux, à la rigueur de la pensée et de la documentation. J’ai découvert les auteurs libéraux les plus accessibles. Hayek et Rothbard m’ont guidé à cette époque. François Guillaumat, qui lisait mon manuscrit pour le compte de feu l’Institut Economique de Paris, m’a aiguillé vers Ayn Rand (qui ne m’a impressionné que quelques semaines). Après la parution du livre, La Liberté, deux ou trois choses que je sais d’elle, j’ai compris toutes les demi-mesures, les compromissions, les incohérences, du libéralisme classique que je défendais. Un peu de ceci, mais pas trop ; un peu de cela, mais avec ceci… Qui décide de ce qui est « trop », ou « pas assez » ? A ce moment mon libéralisme spontané et irréfléchi est devenu cohérent, c’est-à-dire radical. J’avais viré vers l’anarchisme.

Grégoire Canlorbe : J’aimerais me pencher le temps de quelques questions sur votre principal article en philosophie politique, à savoir « End of the Warriors ». Je cite l’idée essentielle de votre texte. 

« Producers embody the values of life and nature; warriors are on the side of culture, they must resist the natural urge to flee in the face of mortal danger. The producer acts out of self-interest, the warrior does what is right. The debt owed by society to those who accept to lay their lives for its protection is infinite. It cannot be repaid in the producers’ currency (money), but only in terms of prestige and power. But in accomplishing their mission, warriors must resort to all the methods forbidden to producers, killing, deceiving, coercing. Warriors were kept outside of society, even physically, in barracks and camps, so that their values would not infect the producers caste, nor would the bourgeois values of comfort, family life, and legitimate fear of death diminish the warriors’ morale. The state bureaucracy today has usurped the debt owed by society to its warriors. »

Pourriez-vous revenir ici sur le sens profond de cette assertion ?

 Christian Michel : Je ne sais pas si ce texte est le « principal » que j’ai commis en philosophie politique. Vous l’avez trouvé dans la traduction d’une amie, mais l’original est en français, publié sur mon ancien site Liberalia.

Vous mettez entre guillemets des phrases qui ne se trouvent pas dans le texte (je les ai cherchées pour les citer en français). Elles réflètent bien cependant mon propos. Il ne me paraît pas réclamer plus d’explication. Contrairement au bourgeois, motivé par l’intérêt personnel, le guerrier est celui qui accepte le sacrifice. Mais il vit dans un paradoxe. Pour être bon à ce qu’il fait, le guerrier doit être mauvais, dans le sens original de méchant. Il doit se livrer à tout ce que la société interdit: tuer, piéger, tromper, mentir… De tels gens sont nécessaires ; on leur doit des honneurs, on accepte qu’ils aient du prestige, mais on sait qu’ils sont dangereux. On les cantonne dans les casernes. On les tient à part dans la société.
Le phénomène nouveau est l’appropriation de ce prestige du guerrier par la classe des hommes de l’Etat. Eux aussi prétendent avoir sacrifié leur intérêt personnel à celui du « service public ». Ils ne viseraient que le bien commun. Ils méprisent les riches, les capitalistes, les égoïstes. La supériorité morale qu’ils se confèrent, usurpée des guerriers, leur donnerait le droit de pratiquer la même morale invertie, de justifier la violence, la tromperie, le vol, puisque c’est pour la bonne cause. Ils sont dangereux, comme les guerriers. Mais les guerriers meurent pour la cause qu’ils défendent. Les hommes de l’Etat en vivent. C’est toute la différence.

Grégoire Canlorbe : Vous écrivez : 

« En termes dutilité pour la société, les métiers dagriculteur, charpentier, marin ou banquier, sont essentiels. La fierté de les exercer ne devrait-elle pas être chantée dans les récits et lart universels ? Nous savons que ce nest pas le cas. Les héros sont les guerriers, parfois ce sont des saints et des artistes ; les vilains sont dans les affaires. Quelle raison pourrait expliquer cette déconsidération ? Les libéraux, encore moins que dautres, ne possèdent la réponse. Tout comportement humain est pour eux le résultat de lintérêt personnel, ce qui nest pas faux, mais ils ont tendance à mesurer cet intérêt en termes de gains et de pertes monétaires. Or très peu de gens utilisent cet unique critère dans leurs décisions. »

Pourquoi, selon vous, ce caractère inepte de la figure homo economicus ?

 Christian Michel : J’apporte une réponse dans le texte auquel vous vous référez. Homo economicus n’est pas vraiment « inepte ». Il présente l’avantage d’éviter les dangereuses utopies du XIXème siècle, où les hommes naturellement bons travailleraient pour le bien de tous, sans considération pour leur propre bien-être. Ça ne se passe pas comme ça. La connaissance que nous avons de nous-même et de nos frères humains nous le prouve assez. L’expérience des phalanstères, des kibboutzim, de l’Union Soviétique, ne fait que le confirmer.

Homo economicus n’explique pas tous les comportements humains, celui du guerrier, par exemple, et celui des nombreux individus, qui ne sont pas motivés en premier lieu par des gains monétaires. Si l’on parle d’intérêt personnel dans leur cas, il faut élargir la notion au point de lui faire perdre son sens habituel. Le prêtre a conscience de faire le travail de Dieu sur terre, voilà ce qui le motive principalement – est-ce de « l’intérêt personnel » ? La gratification de l’instit’ n’est pas tant le salaire (il gagnerait plus dans une entreprise), mais la réussite de ses élèves (peut-être aussi la sécurité de l’emploi, la peur de la vie hors de l’école, etc. Rien dans les trajectoires humaines n’est assignable à une cause unique). Ce sont des exemples simplistes. La complexité des motivations individuelles dépasse celle du modèle homo economicus. Mais il reste le moins mauvais outil que nous ayons pour analyser nos interactions.

 Grégoire Canlorbe : Votre article s’achève en ces termes. 

« L’émergence de l’État a exacerbé les conflits entre sociétés et les a rompues intérieurement en classes antagonistes. Cette division reflète les trois fonctions que chacun de nous peut et doit exercer soi-même, la relation au spirituel, le service à autrui, véritable fonction du guerrier, et la transformation de la matière. Ainsi réconciliées dans l’économie, ces trois fonctions nont plus lieu de fracturer le corps social. Lhumanité peut réaliser, mais à un stade plus avancé de son évolution, lidéal anarchique des Primitifs. »

Pourriez-vous expliciter votre pensée à fond sur ce point ?

 Christian Michel : Je pars de l’analyse marxiste (Engels, plutôt), qui fait de l’Etat l’instrument de l’exploitation d’une classe par une autre. Très schématiquement une minorité contrôle les structures du pouvoir politique, qui lui donnent les moyens physiques de confisquer le surplus de valeur créé par la majorité. Cela n’implique pas que tous les membres de cette minorité dominante se vautrent dans le luxe. Il y avait de petits propriétaires d’un ou deux esclaves et des aristocrates pauvres. Ce qui caractérise une classe est la conscience de ses membres d’en faire partie, et la nature de leur revenu individuel, non pas son montant. Si généreusement traité qu’il soit, un esclave reste un esclave, même s’il vit plus confortablement que beaucoup d’hommes libres. Le bourgeois de Molière a plus de bien que l’aristocrate à qui il destine sa fille, il n’en est pas moins un roturier. Il le sait, et les gentilshommes savent qu’il n’est pas l’un des leurs. L’Etat contemporain fracture la société avec la même brutalité – ceux qui ont le pouvoir de taxer les autres et vivent du produit de cette confiscation, et ceux qui sont soumis à cette prédation.

Les victimes ne se vivent pas comme telles. Je l’ai dit plus haut, Marx et ses disciples ont révélé le travail de l’idéologie, qui nous présente le pouvoir au dessus de nous comme nécessaire, sinon bienfaisant. Tant que l’idéologie masquera la prédation des hommes de l’Etat la société restera brisée en deux classes d’oppresseurs et d’exploités. Le projet libertarien, comme le projet marxiste, est de déchirer le voile de l’idéologie, rendre visible l’exploitation, et mettre fin à la lutte des classes.

Alors sans Etat, sans armée, sans fonctions régaliennes, chacun de nous sera à la fois prêtre et roi, guerrier, et producteur.

Grégoire Canlorbe : Charles Baudelaire écrit dans Mon Cœur mis à nu :

 « Il n’existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète. Savoir, tuer, créer. Les autres hommes sont taillables et corvéables, faits pour l’écurie, c’est-à-dire pour exercer ce qu’on appelle des professions. »
 
Que répondriez-vous à Baudelaire ?

 Christian Michel : Que répondre à un homme, qui se place parmi les seuls êtres respectables, sans apporter le moindre étai à son affirmation ? Ceux qui tuent ne m’inspirent guère ; les prêtres ne sont pas les seuls détenteurs de savoir, et les poètes ne sont pas les seuls créateurs.

Pour que cette phrase ait un sens, qui n’est pas celui que l’auteur voulait lui donner, il faudrait déclarer que chaque être humain entre en relation avec l’invisible – la fonction du prêtre ; chaque être humain lutte contre le mal – le devoir du guerrier ; et chacun est créateur de richesses, matérielles et spirituelles, à l’instar du poète.

 Grégoire Canlorbe : Au Moyen Âge un condottiere dont l’Histoire n’a pas retenu le nom, sauva la ville de Sienne d’un agresseur étranger. Il devint alors le saint patron de la ville, mais en contrepartie, il fut décapité sur la place publique par les habitants. Beaucoup de grands condottieri du Moyen Âge et de la Renaissance subirent un sort similaire au saint patron de Siennes : on craignait qu’ils ne devinssent trop puissants, orgueilleux et exigeants.

En un sens, ne réserve-t-on pas de nos jours le même sort aux entrepreneurs ? Tout en témoignant de leur gratitude pour les produits nouveaux ou meilleur marché qui leur sont mis à disposition par les entrepreneurs qui réussissent, la plupart des gens ne redoutent-ils pas le pouvoir (financier, publicitaire, politique) des businessmen, au point de demander qu’on les « assassine » en les accablant de taxes ou de réglementations ?

 Christian Michel : Celui qui nous rend service exerce un pouvoir sur nous. C’est la nature du pouvoir économique. Le patron qui me paie, parce que j’ai besoin de ce salaire, peut exiger que je pointe chaque matin ouvrable à 8h, et que j’effectue un nombre de tâches dans la journée. Les entreprises, qui nous rendent beaucoup de services par la qualité des produits qu’elles nous offrent, ont ce pouvoir de nous réclamer de l’argent en contrepartie. Mais la limite de ce pouvoir est le désir que nous avons du service rendu. Au moment où un autre patron me propose un travail plus attrayant, ou une entreprise m’offre un produit plus conforme à mes goûts, le pouvoir économique qu’exerçaient les premiers s’efface.

Tout autre est le pouvoir politique. Il se déploie même lorsque nous n’avons pas besoin de lui. Je n’ai pas besoin du douanier. Il ne m’apporte qu’une nuisance. A la limite, je le paierai pour qu’il reste chez lui. Mais il a le pouvoir d’ouvrir ma valise, fouiller mes poches, inspecter mes documents, me questionner… et le pouvoir politique exige que tous ceux qu’il importune ainsi le salarient (à vie).

Le danger qu’identifiaient les Siennois dans votre anecdote, et que craignent nos contemporains, est la collusion entre les pouvoirs économique et politique. Car lorsque les gens sont laissés libres d’offrir de nouveaux services, ce qui caractérise un marché, les entreprises établies risquent le déplacement de leur clientèle vers des nouveaux venus, mieux à l’écoute des désirs des gens. Les grands patrons vont alors se tourner vers les hommes de l’Etat. Ils les connaissent bien. Ils sortent des mêmes écoles, fréquentent les mêmes milieux, et finalement partagent les mêmes intérêts de classe. Ces patrons vont obtenir plus de régulation et des règlementations tatillonnes (car la complexité des règlements favorise principalement les grosses boîtes, qui ont les moyens de s’y conformer), ils vont se gaver de subventions, de commandes publiques, et ils s’accommodent des impôts, qui détruisent les capacités d’investissement des concurrents plus petits (car on sait que seule une multinationale peut délocaliser des centres de profit).

Le danger n’est donc pas l’entreprise, mais le pouvoir politique, qui accorde des faveurs aux uns qu’il refuse aux autres (ce qui est dans la nature même du pouvoir politique). Parce qu’il existe une telle confusion de ces pouvoirs économique et politique, les gens sont dans la même situation que cet ivrogne que décrivait Bertrand Russel, que le whisky et soda rendait malade, qui passa au gin et soda, avec le même effet, puis à la vodka et soda, etc., et qui conclut avec une logique imparable qu’il ne supportait pas le soda.

Pas plus que le soda, le pouvoir économique n’est le problème. Mais il faut chercher au delà des apparences de l’activité économique pour le comprendre.

Grégoire Canlorbe : Il existe une longue tradition de pensée hostile à démocratie. A cet égard permettez-moi de citer ces quelques vers de Pierre Corneille :

 « Mais quand le peuple est maître ou n’agit qu’en tumulte,
La voix de la raison jamais ne se consulte ;
Les hommes sont vendus aux plus ambitieux,
L’autorité livrée aux plus séditieux. […]
Le pire des Etats, c’est l’Etat populaire. »
Cinna, II II.

 J’imagine que vous souscrivez à l’idée générale de ces alexandrins. Pourriez-vous en toucher quelques mots ?

Christian Michel : Ce dernier alexandrin de votre citation était salué par des applaudissements à la Comédie Française au moment du Front Populaire. L’attaque contre la démocratie partait alors des fachos, de l’establishment, de ceux qui méprisaient les initiatives individuelles (le marché), pour lui préférer l’énergie du chef et l’expertise de l’élite. On n’en est plus là. (Ou bien, on n’en est pas encore là – je veux dire que le danger n’est pas nul dans un pays paralysé par l’incurie de ses politiciens et la faillite de son économie de voir un grand braillard à la tête de brutes promettre un ordre nouveau, une prospérité reconquise, pourvu qu’on lui laisse tout pouvoir).

La critique actuelle de la démocratie porterait plutôt sur ses deux présupposés idéologiques, le socialisme et le nationalisme.

On connaît des régimes socialistes sans démocratie, mais on ne connaîtra jamais de régimes démocratiques sans redistribution socialiste des revenus et interventionnisme erratique de la puissance publique. Le simple bon sens des électeurs nous le garantit. Les libéraux classiques, qui généralement prônent la démocratie, doivent en convenir, eux qui pensent que les hommes sont mus par leur intérêt matériel. Il est dans mon intérêt de voter pour le parti qui m’accordera tel ou tel avantage financier. C’est un comportement d’homo economicus. Si le gouvernement a le droit de détrousser Pierre et Paul pour me payer, je me fabriquerai un discours pour rationaliser cette spoliation de mes concitoyens. « Ils sont si riches, ça ne leur coûte pas grand chose de subvenir à mes besoins ». « C’est un acte de justice sociale ». « Ça crée du lien, il faut diminuer les inégalités », etc. Mais ce qu’une majorité accorde, la majorité suivante peut le reprendre. L’instabilité juridique ne favorise pas les projets à long terme, or ils sont nécessaires au développement économique et humain.

Et quand je mentionne que la redistribution « crée du lien », je souligne combien elle est nationaliste, en plus d’être socialiste. L’un ne va pas sans l’autre. Si ceux qui mangent au gâteau de la « justice sociale » sont trop nombreux, la part de chacun tend vers zéro. Il faut limiter les bénéficiaires, et on le fait par la nationalité. L’argent des Français va aux Français. Il ne va pas aux plus pauvres, aux réfugiés qui ont tout perdu dans les conflits, ou aux Haïtiens, aux Malgaches et autres Erythréens. Le privilège de la naissance, aboli par la Révolution de 1789, nous revient avec la démocratie sociale. N’avoir pas pris d’autre peine que de naître Français vous donne le droit à toutes sortes d’allocations, voire même un revenu à vie.

Ces failles du régime démocratique sont connues. Elles expliquent pourquoi les premiers démocrates se souciaient tant de limiter constitutionnellement le pouvoir des majorités, pourquoi ils hésitaient à universaliser le suffrage, préférant limiter le droit de vote à ceux qui n’auraient pas la tentation de vivre aux crochets d’autrui. Ces précautions n’ont pas suffi. La citoyenneté d’aujourd’hui est une activité subventionnée. Le « lien social » n’est plus une reconnaissance mutuelle de gens vivant dans une même communauté, mais c’est la relation du parasite avec son hôte, l’exploitation des uns par les autres, à travers la médiation des hommes de l’Etat.

La bonne nouvelle est que les développements technologiques irréversibles, qui sous-tendent la mondialisation, ont simplement causé la faillite de ces deux idéologies du XIXème siècle, le nationalisme et le socialisme.

 Grégoire Canlorbe : De nos jours la démocratie est souvent présentée comme le régime politique qui permet le mieux de régler par la « négociation » les conflits sociaux. L’Etat démocratique ne vise pas à éliminer les conflits, mais à mettre au point les procédures leur permettant de s’exprimer et de trouver un compromis.

En toile de fond de cette vision de l’Etat démocratique on trouve l’idée très en vogue d’après laquelle les intérêts des entrepreneurs et des salariés tendent naturellement à être antagoniques, à moins d’une intervention de l’Etat dans l’économie pour « équilibrer » les relations entre ces deux groupes sociaux. L’argument généralement avancé est que les entrepreneurs tendent spontanément à payer les travailleurs à un simple salaire de subsistance, condition à laquelle ils peuvent maximiser leur profit. Qui plus est, il existerait un complot permanent des entrepreneurs pour organiser de concert un sous emploi de masse, en sorte d’avoir tout pouvoir sur la main-d’œuvre.

La démocratie permettrait d’apporter une réponse pacifique à ces conflits d’intérêt et d’équilibrer par la législation les rapports de force entre patrons et salariés. A ce prix la paix sociale est acquise. Quel est votre sentiment sur cette analyse couramment avancée ?

 Christian Michel : Dans le schéma marxiste de lutte des classes, qu’encore une fois je crois pertinent, l’Histoire est linéaire. Chaque phase de développement est nécessaire au progrès suivant. On n’aurait pas pu concevoir une société libertarienne au XVIIème siècle, alors que les connaissances et les techniques acquises aux siècles suivants, la séparation des pouvoirs temporel et spirituel, l’émergence d’une société civile, la prospérité apportée par la révolution industrielle, etc. n’avaient pas encore informé la conscience morale des gens. Cette évolution n’est pas achevée. Nous ne sommes pas à la fin de l’Histoire.

Or dans cette évolution, nous sommes passés par un stage hobbesien, où il fallait du pouvoir politique. Il fallait un Souverain, qui fasse régner l’ordre, qui tranche les conflits, comme celui que vous citez entre patrons et ouvriers. La question s’est seulement déplacée au cours des générations sur la détention de ce pouvoir souverain : monarque héréditaire, absolu ou constitutionnel, chef charismatique, parti unique, ou représentants élus du peuple… Aujourd’hui il faut se demander pourquoi diable nous aurions besoin d’un Souverain. Il nous faut des compétences, c’est certain. Je me soumets volontiers à certaines autorités dans des situations spécifiques et temporaires, mon toubib, un avocat, l’équipage de l’avion…

 Mais pourquoi faudrait-il obéir en tout à un pouvoir unique ?

Dans le cas que vous mentionnez, il appartient aux représentants des actionnaires de négocier avec les représentants des employés pour résoudre leur différend. L’intervention de la puissance publique, quel que soit son mode de désignation, hérédité, élection, tirage au sort… est nuisible. Les employés ne sont pas désarmés. Ils disposent d’un pouvoir immense – rompre unilatéralement leur contrat de travail et paralyser l’entreprise. Si elle est sur le point d’enlever un gros contrat, ou si elle se trouve période faste, les patrons paieront. Si les employés sont trop gourmands, l’entreprise périclitera. L’exemple des copains, qui ont trop tiré sur la corde, servira d’avertissement aux autres. Toute activité sociale est un apprentissage.

Il faut à une société libérale des syndicats puissants, revendicatifs, bien organisés. Ils ne le sont pas, car depuis les années 1930, ils ont trahi la classe ouvrière. Au lieu de se battre contre les patrons, front contre front, ils ont demandé des lois sociales. Mais ceux à qui ils les demandaient, les hommes de l’Etat, étaient aussi à l’écoute des patrons. Ils ont légiféré, mais pas trop dans le sens des prolétaires. Du coup les syndicats ont tout perdu. Ils n’ont plus d’adhérents, car pourquoi payer des cotisations, alors que les syndicalistes eux-mêmes ont transféré aux gouvernants le pouvoir de défendre les employés ? Et parce qu’ils ont préféré l’action législative à l’action revendicative, les syndicalistes ont tout simplement encouragé les patrons à délocaliser l’activité là où la législation était favorable. Regardez l’implantation des sociétés de service, firmes d’avocats, cabinets d’audit, publicitaires, experts… Ils ont suivi leurs clients partout dans le monde. Pas les syndicats. Les syndicats auraient pu déclencher un mouvement revendicatif dans toutes les usines d’un groupe sur les cinq continents. Ça, c’est puissant. Mais au lieu de devenir multinationaux comme leurs clients, les syndicalistes ont criaillé chez les ministres de leur pays. Résultat : ils se sont rendus superflus.

Grégoire Canlorbe : A l’heure de la mondialisation capitaliste, il n’est pas rare d’entendre dire que celle-ci sonnerait le glas des démocraties ; et ce, au détriment des intérêts des petites gens. La mondialisation impliquerait une perte du pouvoir du citoyen lambda sur sa vie, celui-ci pouvant de moins en moins contrôler (indirectement) les flux économiques, humains et financiers, via l’action des représentants élus au suffrage universel. Le pouvoir des gouvernements d’agir au nom des intérêts du peuple s’éroderait au fur et à mesure que la libéralisation des échanges gagnerait du terrain.
Les vrais décideurs politiques ce serait désormais les grandes firmes capitalistes ainsi que les banques et les sociétés de notation. Les gouvernements seraient devenus le valet du grand capital et non plus le serviteur légitime des citoyens. Ces derniers sont privés, du coup, de tout pouvoir sur eux-mêmes. Pour faire court, la mondialisation libérale c’est l’ennemi du peuple ; et la démocratie c’est l’expression de la volonté populaire.
Que vous inspirent ces dires qui ont le vent en poupe ?

Christian Michel : L’argument pèserait lourd si la prémisse était juste – que les gouvernements élus représentent l’intérêt des petites gens. Il n’existe aucune raison pour que les gouvernants s’y emploient. Comme je l’ai dit plus haut, les hommes et les femmes qui exercent le pouvoir politique, en France comme ailleurs, qu’ils soient élus ou appartiennent à l’administration étatique, forment une classe soudée, attachée à la défense de ses privilèges, sociologiquement alliée au patronat. Les pauvres n’ont pas grand soutien à attendre de ces gens-là.

En plus, en quoi consiste l’intérêt des petites gens ? Avoir, par exemple, un salaire minimum garanti faible, ou bien un emploi mieux rémunéré, mais sans garantie de l’occuper toute sa vie ? Vivre dans une société prospère, qui peut financer la science de demain et les biens culturels d’aujourd’hui, mais qui exige pour cela un engagement fort de tous ses membres, ou une autre société, relaxe, qui demande peu de ses membres, mais crée peu de richesses – et cette société stagnante est-elle soutenable à long terme ?

Il existe deux formes de pouvoir, comme je l’ai dit plus haut. Le pouvoir de rendre service, c’est celui de l’économie, et le pouvoir de coercition, le pouvoir politique. Pour exercer du pouvoir sur moi, une firme doit me séduire, elle doit me faire désirer ce qu’elle veut me faire payer, ou me faire aimer travailler pour elle. C’est le mode capitaliste du pouvoir. Il émerge à la fin du XVIIIème siècle et se développe au cours du XIXème siècle, curieusement, en même temps que le féminisme, de Mary Wollstonecraft et Olympe de Gouges, jusqu’au suffragettes. Pendant des millénaires les sociétés avaient vécu sous l’emprise de la testostérone, le règne de la force brute et de la lutte armée. Avec le capitalisme les sociétés embrassent un mode de gouvernance plus associé avec le féminin, celui de la séduction. Je ne te menace pas de coups de bâton pour obtenir ce que je veux de toi, je te le fais désirer. Séduire est un pouvoir. Mais il a l’avantage de ne pas tuer. C’est un progrès.

La mondialisation étend cette gouvernance par la séduction à des régimes qui ne respectaient que la force. Tant mieux. Le règne des multinationales n’est pas parfait, mais il a l’avantage sur la démocratie de nous laisser décider avec qui nous voulons traiter. Je ne veux rien avoir à faire avec la majorité qui nous gouverne, mais puisque je suis dans la minorité, elle m’impose sa réglementation. Dans le marché capitaliste, il n’y a pas de minorités. Elles sont passées chez les concurrents. Si je ne veux pas traiter avec Peugeot, comme client, fournisseur, employé ou actionnaire, je me tourne vers Toyota ou Renault. Ça paraît très simple, et le plus extraordinaire est que c’est la réalité.
 
Grégoire Canlorbe : Un argument courant en faveur de la démocratie consiste à affirmer que celle-ci substitue la transition pacifique entre les gouvernements aux révoltes douloureuses et sanglantes.
Ecoutons Ludwig von Mises à ce sujet : 

« La fonction de la démocratie est d’établir la paix et d’éviter tous les bouleversements violents. Même dans les États non démocratiques un gouvernement ne peut finalement se maintenir que s’il peut compter sur l’assentiment de l’opinion publique. La force et la puissance de tous les gouvernements ne reposent pas dans les armes, mais dans l’esprit d’acquiescement qui met ces armes à leur disposition. […] Dans les États non démocratiques un changement de personnes ou de système dans le gouvernement ne peut s’opérer que par la violence. Un bouleversement violent écarte le système ou les personnes, qui ont perdu les racines qui les rattachaient à la population, et à leur place il met d’autres personnes et un autre système. […]

Les pertes matérielles et les ébranlements moraux qui accompagnent tout changement violent de la situation politique, c’est par la réforme constitutionnelle que la démocratie les évite. La démocratie garantit l’accord de la volonté d’État, s’exprimant par les organismes d’État, et de la volonté de la majorité, parce qu’elle place les organismes de l’État dans la dépendance juridique de la majorité du moment. Elle réalise, dans le domaine de la politique intérieure, ce que le pacifisme s’efforce de réaliser dans le domaine de la politique extérieure. »

Que penser, selon vous, de cet argument ?


Christian Michel : Mises naquit dans l’Empire d’Autriche-Hongrie, quand aucun pays n’avait de suffrage universel, quand la plupart vivaient sous des régimes autoritaires. Au cours de sa vie, la situation n’a fait qu’empirer. Même si Mises a vécu assez vieux pour voir la fin du fascisme, on comprend son indulgence pour la démocratie libérale. Elle représente un immense progrès dans l’histoire de l’humanité. On ne saurait le souligner assez. Mais elle n’annonce pas, quoi qu’on en ait dit, la fin du film.

Les gouvernants des pays développés aujourd’hui n’ont pas d’autre projet que de durer. Il n’ont plus de vision, n’offrent plus d’aspirations, pas plus d’avenir. L’imagination politique est en coma. Nos chefs légitiment leur pouvoir par la simple absence d’alternative. « Peut-être que nous sommes nuls, mais que proposez-vous d’autre ? »
Tout l’enjeu pour le salut du monde réside dans la réponse à cette question. Sommes-nous condamnés à l’existant – ce qui est franchement désespérant ? Ou bien pouvons-nous évoluer vers une société plus douce, plus chaleureuse, plus poétique – telle que les libertariens la conçoivent ?

 Grégoire Canlorbe : Quelle serait à vos yeux une manière pertinente d’organiser la transition de nos Etats démocratiques actuels vers la société anarcho-capitaliste ? Avez-vous confiance en l’avenir de la liberté ?

Christian Michel : Nous sommes les acteurs de l’Histoire, mais nous n’écrivons pas le scénario. Elle ne se déroule jamais comme nous l’avons prévu. Que pourrais-je donc vous annoncer sur la société nouvelle anarcho-capitaliste ?
Ma seule confiance réside dans l’analyse marxiste. Nous vivons un changement des modes de production, avec internet, les réseaux, la mondialisation, et tout ça. Ces avancées déstabilisent les structures de pouvoir établies au 19ème siècle. Je crois que le seul régime compatible avec la nouvelle économie est l’anarcho-capitalisme. C’est à ce fil ténu que mon espoir d’un monde meilleur se raccroche.

Grégoire Canlorbe : Hans Hermann Hoppe a défendu naguère l’idée que la transition des démocraties vers l’anarcho-capitalisme pourrait se faire seulement au prix d’un renoncement aux idéaux qu’il décrit comme « alternatifs ». Selon lui la démocratie est intrinsèquement hostile au conservatisme culturel et le lit de toutes sortes de mœurs qu’il juge « déviantes. » L’avènement de l’anarcho-capitalisme doit nécessairement coïncider avec celui d’une société résolument intolérante envers les modes de vie « hédonistes » et en rupture avec le chaos moral de la démocratie. Le conservatisme culturel fait partie intégrante de l’ADN d’une société anarcho-capitaliste.

Je laisse la parole à Hans Hermann Hoppe : 

« Dès que des membres de la société expriment avec régularité l’acceptation ou même le soutien aux sentiments égalitaires, que ce soit sous forme démocratique (règle de la majorité) ou communiste, il devient essentiel que les autres membres et en particulier les élites sociales naturelles, soient prêts à agir de façon décisive et, en cas de non-conformité qui perdure, excluent et in fine bannissent ces membres hors de la société. Dans une convention conclue entre un possesseur et des résidents communautaires avec pour but la protection de leur propriété privée, il n’existe rien de tel que la liberté (illimitée) de parole, pas même le droit illimité de parole sur sa propre propriété de résident. […]

Il ne saurait y avoir de tolérance envers les démocrates ou les communistes au sein d’un ordre social libertarien. Il leur faudra être physiquement séparés et bannis de la société. De même, au sein d’une convention fondée pour la protection des familles et des proches, il ne peut y avoir de tolérance envers ceux qui promeuvent régulièrement des styles de vie incompatibles avec cet objectif. Ils – les avocats des styles de vie alternatifs, non familiaux et « entre eux », tels que par exemple, l’hédonisme individuel, le parasitisme, l’adoration de la nature-environnement, l’homosexualité, ou le communisme – devront être physiquement retirés de la société, aussi, si on veut pouvoir maintenir un ordre libertarien. »



Quel est votre avis sur cette analyse ?
Ce raisonnement contient une contradiction interne. Dans un monde où la violence contre les innocents ne reste pas impunie – c’est à dire un monde sans Etat – les individus peuvent se regrouper en communautés et mettre en pratique tous les modes de vie qui assurent, selon eux, leur épanouissement – religieux, démocratique, hédoniste, culte du chef, etc. Un tel groupe, cependant, contrairement aux systèmes politiques contemporains, n’a pas de légitimité pour contraindre un individu, assigné à ce groupe par sa naissance, ou par un choix antérieur mal avisé, à y rester et à s’y soumettre.

J’avais cette discussion lorsque je trainais en Russie à l’époque de Gorbatchev et Eltsine. De vieux Soviétiques larmoyaient : « Dans la guerre entre le capitalisme et le socialisme, nous avons perdu. » Je leur faisais remarquer que le capitalisme n’est jamais opposé au socialisme. Dans le plus radical régime capitaliste (disons ‘anarcap’), tous ceux qui veulent mettre en commun leurs moyens de production, renoncer à leur héritage, partager également leur revenu, sont parfaitement libres de le faire. Et si en le faisant ils se montrent heureux, apaisés, créatifs, d’autres viendront les rejoindre, et le socialisme se répandra sur le globe. Mais les socialistes ne croient pas qu’ils rendent les gens heureux. Il leur faut s’emparer du pouvoir pour instaurer le socialisme. Si les capitalistes laissent ceux qui le veulent être socialistes entre eux, la réciproque n’est donc pas vraie. La guerre ne fut pas entre le capitalisme et le socialisme, mais fut une résistance contre le socialisme imposé.

Dans la communauté anarcap qu’imagine Hans-Hermann Hoppe, les hédonistes, démocrates et autres communistes n’auront pas leur place. Pas besoin pourtant de les exclure. Eux-mêmes sentiront que ce style de vie ne leur convient pas. En conséquence, ils formeront d’autres communautés plus conformes à leurs vœux. Il me semble que cette association des gens entre eux en fonction de leur choix de vie satisfait l’éthique mieux que l’imposition d’une norme unique à tout le monde par un chef ou par une majorité.

Hoppe est dogmatique. Pour ma part, je laisserai l’Histoire décider des modes de vivre ensemble (il y en a plus d’un) appropriés aux êtres humains dans leur diversité. Il est possible que des hédonistes, communistes et homosexuels, qui ne seraient pas à l’aise dans la communauté que Hoppe idéalise, en forment une autre, peut-être moins prospère si leur préférence temporelle leur fait renoncer aux investissements à long terme, mais fort plaisante pour ses membres.

Les deux écueils sont ceux-ci. Il faut que chaque communauté séduise de nouveaux membres, et traite assez généreusement ceux qui s’y trouvent, pour n’être pas dépeuplée. Et il faut que chaque communauté renonce à razzier les richesses d’une voisine plus prospère. Le problème n’est pas nouveau. C’est exactement celui que la coexistence des Etats nous pose depuis plusieurs millénaires. Puisque les Etats n’ont pas su le résoudre par la violence, cherchons par des moyens pacifiques à réussir mieux qu’eux.

Grégoire Canlorbe : Le passage du positif au normatif, de la description du monde tel qu’il est aux prescriptions sur ce que le monde devrait être, est un problème épistémologique bien connu. Au sein de la tradition libérale, les auteurs jus-naturalistes, tels que Locke, Bastiat et Rothbard, tiennent la propriété privée légitime (i.e. acquise sans violence) pour un droit naturel, i.e. qui se déduit de la nature humaine.

Il est souvent argué que cette position philosophique n’est pas valable en ce sens qu’elle infère un devoir-être sur la base de l’être, ce qui constitue une aberration logique. En tant que libéral anarcho-capitaliste et jusnaturaliste, que répondriez-vous à cette critique récurrente ?

 Christian Michel : Jusnaturaliste ? Pas moi. Je n’ai rien observé dans la nature qui nous enseignerait le Juste, le Bien, le Droit. En revanche, tout système – donc une société – pour fonctionner, obéit à des règles. On ne peut simplement pas imaginer une société qui déclarerait : « C’est ok chez nous de tuer, de battre les gens, de violer, de voler, de tromper autrui… ». Chacun se terrerait chez soi, ou se réfugierait au plus profond des forêts. Chaque société ajoute à ces prohibitions d’autres règles qui lui sont propres, mais ces prohibitions sont communes à toutes. On peut les enclore dans le concept de propriété. On peut dire qu’il est dans la nature de toute société de reconnaître et de faire appliquer le droit de propriété de chacun sur son corps, sur ce qu’il produit grâce à son corps et ses facultés intellectuelles, et sur ce qu’il acquiert par échange ou par don, c’est à dire en respectant un droit identique de propriété chez autrui. Le droit n’est donc pas attaché à l’être humain pris individuellement. La notion de droit n’a aucun sens pour Robinson dans son île. Il en appellerait au droit contre qui ? Les éléments ? Les animaux ? En revanche, le droit de propriété existe nécessairement dès que l’on fait société, à deux ou à plusieurs, et avec l’humanité entière. C’est une nécessité inscrite dans la nature même d’une société pour qu’elle fonctionne.

L’objection courante signale que toutes les sociétés historiques et présentes ont fonctionné avec un taux plus ou moins élevé de meurtres, viols, pillages et tromperies. C’est vrai. Mais l’intuition ne nous dit-elle pas que ces sociétés eussent fonctionné mieux encore si elles n’avaient pas souffert ces violations du droit ?

Et nul ne viole plus allègrement ces prohibitions que les hommes de l’Etat. C’est la fonction même de la politique, son but unique, que de désigner une classe dans la société qui jouit de l’impunité pour les crimes qu’elle commet. Nul n’a le droit de tuer – sauf les guerriers, nommés par les hommes de l’Etat. Nul n’a le droit de voler – sauf les hommes de l’Etat, qui prélèvent l’impôt. Nul n’a le droit de mentir et tricher – sauf pour une raison d’Etat. L’avenir que souhaitent les anarcaps consiste tout uniment à appliquer à tous une identité de droits. On ne peut pas justifier moralement que certains membres de la société puissent commettre impunément des crimes, pour lesquels n’importe qui d’autre est condamné. Abolir cette injustice, pratiquer l’identité des droits pour tous, c’est réaliser la société sans distinction de classe, une société anarcap.

 Grégoire Canlorbe : Il est de bon ton de reprocher au libéralisme d’annihiler le lien social et de réduire les êtres spontanément sociaux que nous sommes à des atomes isolés.
L’argument généralement invoqué peut se formuler comme suit : 

« La vie en société implique nécessairement que chacun soit dépossédé de sa liberté naturelle (i.e. la liberté intégrale que possède tout homme qui ne vit pas en société). La vie en société implique que le droit en vigueur soit en mesure de contraindre les individus à pratiquer ou à éviter certains comportements, et ce, dans l’intérêt même des membres de la société. En effet, tout un chacun consent implicitement, dès lors qu’il vit en société, à ce que certains comportements soient prohibés et d’autres rendus obligatoires. S’il y consent c’est dans son propre intérêt – car aucune société ne serait être ni agréable à vivre ni utile pour l’épanouissement des individus qui la composent, si tout y est facultatif et si rien n’y est interdit.

Ce consentement implicite est précisément l’acte fondateur et le ciment de la société. S’ils conservent intacte leur liberté dite naturelle, les individus ne forment pas une société : ils sont isolés les uns des autres, ils mènent chacun une existence séparée ; ils n’ont pas, à proprement parler, quitté l’état de nature. »

Que rétorqueriez-vous à ces dires en vogue ?

 Christian Michel : Que j’y souscris totalement. Comme je l’ai indiqué dans la réponse précédente, je ne sais pas d’où sortirait cette « liberté naturelle », qui serait celle d’êtres humains hors de toute société. Ça n’existe pas. Les ermites et les Robinsons ont eu des éducateurs. Or vivre en société implique des prohibitions et des obligations. Le débat ne concerne pas l’existence de ces contraintes, mais leur légitimité. Si j’ai fait une promesse, signé un contrat, je me suis créé une obligation. Si quelqu’un, sous prétexte de quelque impôt, exige que je paie une somme quelconque, je n’ai pas d’obligation. Je cède (ou pas) à la force.

Loin de vivre les « existences séparées », dont parle l’auteur de la question, les êtres humains en société sont attentifs aux désirs, aux souhaits, aux aspirations d’autrui, puisque leur propre bien-être dépend de leur capacité à les satisfaire – le médecin à soulager ses patients, le prof’ à inspirer ses élèves, l’industriel à présenter des produits désirés. Il me semble que ces relations correspondent à une élévation du niveau de conscience d’autrui par rapport à une société fondée sur des relations politiques, c’est à dire, des prises de pouvoir.

 Grégoire Canlorbe : Supposons que votre enfant de dix ans soit à l’hôpital et atteint d’une maladie incurable. Il lui reste désormais quelques heures à vivre. Sur le chemin de l’hôpital le diable vient à votre rencontre et vous apprend que le socialisme totalitaire est le destin de l’humanité. Aucun pays de la planète ne sera à l’abri. La Terre deviendra la patrie du socialisme totalitaire, sans aucune échappatoire pour l’humanité.

Le diable vous offre le choix entre deux cartes à jouer. La carte rouge sauve votre enfant de la maladie, mais d’ici deux siècles le monde sombrera inévitablement dans une dictature étouffante, cruelle et perpétuelle. La carte bleue est le seul espoir de l’humanité : elle abolit définitivement ce futur de désolation. En contrepartie votre enfant meurt.

Le diable ne vous contraint point. Il vous laisse libre de refuser de prendre l’une ou l’autre de ces deux cartes. Il vous avertit que si telle est votre décision, non seulement votre enfant mourra mais l’humanité sera absorbée par le socialisme totalitaire. A vous de faire un choix entre ces trois options : 1) la carte rouge, 2) la carte bleue, 3) aucune de ces deux cartes.

Où la liberté se situe-t-elle dans votre échelle de valeurs ? Confronté à une telle situation, feriez-vous passer l’amour que vous vouez à votre enfant avant votre attachement à la liberté ? Que ce soit parce que vous refusez de choisir entre les deux cartes à jouer ou parce que votre souci prioritaire est de sauver la liberté, seriez-vous prêt à laisser mourir le petit ?

 Christian Michel : La réalité ne présente jamais des alternatives simples, comme celle entre les cartes rouge ou bleue de votre histoire, ou dans la ‘wagonologie’ de Philippa Foot (un wagon fou dévale le long de la voie et va percuter 5 ouvriers ; vous avez la possibilité de l’aiguiller vers une autre voie, où il ne tuera qu’une personne ; baissez-vous le levier ? Et si cette personne est votre fils ? ou encore un savant, dont les travaux vont sauver des milliers de malades ? etc.).

Les choix ne sont jamais binaires. Comme l’exprimait poétiquement, mais justement, Jacques Prévert « De deux choses l’une – l’autre, c’est le soleil. »

Si vous voulez absolument une réponse à votre question, je sauve mon enfant. D’ici deux siècles, l’humanité aura trouvé le moyen de déjouer les plans de votre méchant démon.

Grégoire Canlorbe : Notre entretien touche à sa fin. Aimeriez-vous ajouter quelques mots ? 

Christian Michel : J’ai été si bavard en répondant à ce questionnaire que je ne saurais rien ajouter de concis. Mais les questions étaient brillantes, pertinentes, et j’ai pris plaisir à les traiter.

Par Christian Michel

A voir également :




Self made man, Christian Michel a fondé en 1975, en Suisse, la société d’investissement Valmet, qui compte aujourd’hui dix filiales dans le monde. À l’aise dans tous les pays du monde, doué d’une excellente plume, il a écrit de nombreux articles en anglais ou en français.
Il est président de Libertarian International, directeur de ISIL et membre du bureau de Libertarian Alliance.


Christian Michel

De Wikiberal
 
Christian Michel, né en 1944, est un self-made man qui a fondé en 1975, en Suisse, la société d'investissement Valmet, qui compte aujourd'hui dix filiales dans le monde. À l'aise dans tous les pays du monde, doué d'une excellente plume, il a écrit de nombreux articles en anglais ou en français. Il animait le site Liberalia. Libéral et scientifique, il faisait partie du bureau éditorial du Journal of Libertarian Studies.  

avril 04, 2015

La réflexion politico-philosophique de Frédéric Lefebvre

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 Est-ce que son passage aux US, lui ouvre un peu plus l'esprit à ce déroutant parfois Frédéric Lefebvre ? Allez savoir, intéressant à le lire tout de même.


Le moment est venu de balayer les vieilles politiques

Bravo aux électeurs de la droite et du centre: c'est votre victoire. Jamais victoire n'aura autant appartenu aux électeurs plutôt qu'aux politiques. Alors que l'opposition oublie si souvent l'essentiel: nos compatriotes.
Alors que la majorité a adopté la même posture. Les citoyens ont pris leur avenir en main. Bien loin de l'UMPS. Bien loin du FNPS. Ces acronymes n'y changeront rien.
Les Français n'acceptent plus les consignes de la part de ceux-là mêmes dont ils doutent de la sincérité.
Je suis un homme de droite. Comme tant de Français, je m'interroge sur ma famille politique, l'UMP... Cette famille qui avait su additionner les Gaullistes dont je me sens, comme tant d'autres, dépositaire et donc redevable d'une partie de la flamme, avec les centristes et les libéraux. 

Qu'avons- nous fait de notre identité? Que sont devenues nos valeurs? Quel est notre ADN?
Je salue bien entendu l'unité UMP/UDI/MODEM que j'appelle de mes voeux depuis des mois et que l'UMP d'aujourd'hui, loin de celle qui se déchirait devant les caméras il y à encore quelques temps, a su orchestrer avec dynamisme. L'unité doit maintenant dépasser la simple alliance électorale pour épouser sincèrement la stratégie d'élaboration d'un nouvel espoir.
Si je considère les extrêmes, je me refuse à les nourrir. Elles sont le miroir de nos insuffisances. Elles soulignent notre abandon de ceux qui souffrent. 

C'est par les Français que nous devons être obsédés. Pas par notre propre devenir.
Les Français se détournent inexorablement de la politique. Pour une raison: la politique leur tourne le dos. Elle a abandonné les Français. Trop occupée qu'elle est à ses petits calculs internes, à la distribution des prébendes, aux primaires, à 2017, aux courants, aux écuries, aux congrès, aux statuts, aux noms des partis, aux alliances, au rassemblement (non pas des Français mais des politiques eux-mêmes), aux "leurres" électoralistes destinés à sauver les meubles.

Cette vieille politique est définitivement morte le 29 mars. Pourtant. Elle ne le sait toujours pas.

L'opposition se glorifie des 25 départements gagnés en oubliant elle-même que 50% des Français ne sont pas venus voter, que plus d'1,1 million de Français ont voté blanc (un record!) et que la majorité de ceux qui se sont déplacés, l'a fait par devoir, au delà des personnalités des uns et des autres, ou par instinct de survie pour prendre son avenir en main.

L'UMP, avec 20 sièges de conseillers départementaux de plus que le PS, 915 contre 896, ce dernier n'ayant pas su faire l'unité, devrait faire preuve d'humilité, d'autant que la comparaison en nombre de voix confirme cette équilibre. 

Pire c'est à qui revendique le plus la paternité du succès. 

Ils sont 85% a ne pas avoir apprécié cette campagne. Comme je les comprends. Ils doivent être tout autant à s'indigner de cette indécente compétition dans l'appropriation de la victoire.

Ils sont pourtant plus nombreux qu'escompté à avoir choisi de voter pour sortir de la fatalité même si le vote blanc doit relativiser cette observation. Allons nous enfin comprendre leur message ou poursuive dans l'égocentrisme exacerbé? 

Au lieu de proposer des solutions aux problèmes des Français, nous avons proposé aux Français de régler nos propres problèmes.
L'agitation du carton rouge, battue et rebattue, que j'avais moi-même brandi, sans être pour autant innovant, comme porte-parole de l'UMP en 2009, après le PS en 2004, avant que le FN ne le reprenne à son compte en 2012, l'UMP aux européennes de 2014 et là en 2015. 

Est-ce franchement de la modernité? Cette recherche de la facilité, qui infantilise l'électeur, est datée. Tout comme la "militarisation" de notre langage qui privilégie le combat frontal au débat moderne.
Pourquoi ne pas avoir proposé une alternative crédible, un contrat de gouvernance départementale autour de 5 actions fortes à engager en 6 mois:

-Un contrat de relance des investissements dans les départements
-Une baisse drastique de la dépense de fonctionnement et du nombre de fonctionnaires territoriaux
-La délégation de services publics, l'usager devenant un client à qui on rend des comptes, accompagnée d'une baisse des impôts
-Une réorganisation du système d'attribution des prestations sociales, avec à la fois une efficacité et un contrôle renforcé pour mieux protéger les plus fragiles
-Un plan coordonné entre les départements en faveur du développement de l'emploi dans les secteurs des services et de l'innovation
Un plan nous permettant d'agir sans attendre 2017. Pour améliorer en urgence la situation des Français au lieu de ne parier que sur l'échec de la politique menée en France.
Il est encore temps.
Avec quatre verbes-clés, nous devons nous tourner vers les Français et agir.

- ENTENDRE
- RESPECTER
- PROTÉGER
- et ACCORDER

Car nous devons ENTENDRE le sentiment d'abandon des Français et leur attente d'une offre nouvelle. Au lieu de feindre d'être les grands vainqueurs d'une épreuve dont l'issue nous a échappée.

Car nous devons RESPECTER la diversité sociale, religieuse ou laïque, sociétale de nos compatriotes. Au lieu de les remonter les uns contre les autres.

Car nous devons PROTÉGER des citoyens qui se sentent atteints dans leur dignité, leur identité et leur devenir. Au lieu d'instrumentaliser leurs souffrances.

Car nous devons ACCORDER plutôt que diviser des Français qui n'ont plus d'espoir et cherchent légitimement les responsables de leur horizon obscurci. Au lieu de définir une politique d'espoir, l'opposition a misé sur le rejet des autres. La politique ne doit pas être un jeu : A qui perd gagne.

A force de vider le stade de la France de ses électeurs, la droite et la gauche, entourées d'une nuée de caméras, gagnent alternativement depuis des décennies, par anti-jeux et mauvais coups, au désespoir du public en fuite... Il faut ré intéresser les 50% qui ne sont pas venus voter et tous ceux qui ont voté uniquement par devoir ou par énergie vitale. C'est à dire, au bas mot, 80% des Français.
Pour laisser sur place les extrêmes, il suffit de ramener dans le stade de la France les gens raisonnables, qu'ils soient de droite ou de gauche, ceux qui espèrent le changement à travers un nouveau projet.
Le Rassemblement n'a de sens que s'il est accordé à l'Ouverture... Il ne doit pas simplement s'agir de rassembler son camp mais de rassembler les Français.
L'attitude politique doit muter.
Avec sincérité.
Avec modernité.
A la recherche d'une entente.

C'est autour de ces trois mots que nous devons bâtir une nouvelle attitude politique pour la France.

Soyons de plus en plus nombreux à être sincères.

J'étais le seul député de l'UMP à voter le pacte de responsabilité il y à un an, nous étions 12 de l'opposition à avoir décidé de voter la loi Macron. Une vingtaine de plus avaient décidé de s'abstenir. Par sincérité. Pouvions-nous voter contre un texte dont nous partagions l'essentiel même si nous regrettions qu'il n'aille pas plus loin, dont nous mesurions, si minces soient ils, les effets bénéfiques pour la croissance dont il était porteur?
Nous sommes en 2015!
Soyons de plus en plus nombreux à être modernes.
La mondialisation est un fait. Ce peut être une chance si nous savons faire évoluer la France.
En s'appuyant sur nos forces, nos racines, notre identité, nos savoir-faire, notre talent d'innovation, la France a un magnifique avenir mondial. Si nous ne coupons pas nos racines, 1000 bourgeons tricolores peuvent éclore chaque jour dans ce monde en mouvement.
Notre jeunesse doit être encouragée à partir à la conquête du monde.

Soyons de plus en plus nombreux à chercher une entente, à nous accorder.

Un accord des gens raisonnables. C'est-à-dire des sincères et des modernes de droite et de gauche, justement, pour l'amour de notre patrie plutôt que de nos partis. Un accord de ceux qui, sur les sujets prioritaires pour les Français, sont prêts à s'additionner plutôt qu'à se diviser.
Un accord des hommes et des femmes qui agissent en partant de la réalité, au lieu de divertir les Français en les détournant de l'essentiel.
Pourquoi, à la différence de l'Assemblée Nationale et du Sénat, le parlement européen vote-t-il 79% des textes, droite et gauche confondues? Un rapporteur est nommé sur un texte et il rencontre les 7 groupes pour trouver l'accord le plus large...
Si le congrès de ma formation politique, le 30 mai prochain, passe à coté de cet enjeu et se contente de s'auto-glorifier ce sera une preuve de cécité démocratique. Si le congrès du PS début juin ne prend pas la dimension de ce défi, il tournera, lui aussi, le dos à l'attente de nos compatriotes.

Si je mobilise toute mon énergie dans cette nouvelle attitude politique c'est que j'ai la certitude qu'elle est la seule à pouvoir sortir la France de la spirale de l'échec. J'invite à la Renaissance de la politique française.
Plus encore après une victoire qui ne peut durablement masquer le désamour profond des Français. Mais qui n'appartient qu'à ceux qui ont décidé de prendre leur avenir en main.
Au lieu de nous auto-ausculter, de nous auto-congratuler et de nous affronter, tournons-nous simplement vers les Français...

Ces Français à qui je veux dire:

Levons nous...
Votons en masse!
Obligeons les partis politiques à s'intéresser aux Français et pas simplement à ceux d'entre eux qui sont les plus engagés.
Forgeons de nouveaux-horizons...
Redressons nous. Résistons ensemble.
Le moment est venu de briser les chaînes idéologiques,
Le moment est venu de forcer les barrages partisans,
Le moment est venu de balayer la vieilles politiques.
Nous sommes en 2015.
Unissons nos forces
Militons pour la France
Agissons pour les Français, avec les Français.
Soyons les Français...



Député UMP des Français d'Amerique du nord, ancien ministre









Frédéric Lefebvre, un manifeste pour dépasser les clans

Autour d'un manifeste intitulé "Modernes. Pour les Français", Frédéric Lefebvre (UMP) dit en avoir assez des "clans, des écuries, des courants".
Député UMP (des Français de l'étranger), Frédéric Lefebvre vient de prendre l'initiative, autour d'un manifeste intitulé "Modernes. Pour les Français", avec l'aide notamment du centriste Maurice Leroy et du radical Yves Jégo, d'un regroupement de députés UMP et UDI qui disent en avoir assez des "clans, des écuries, des courants". Ils sont déjà plus de vingt, décidés à se réunir régulièrement. Leur nom de baptême : "La pléiade des modernistes". Loin des "joutes stériles", Lefebvre et ses alliés veulent, disent-ils, "additionner les forces" de l'opposition, et se réclament du..."bon sens paysan"!

Modernes. Pour les Français
Péril en la demeure
Une politique moderne se doit de se tourner vers les Français.
Un parlement moderne se doit de légiférer pour le peuple.
Un parti moderne se doit de s'ouvrir aux citoyens.
Alors que l'Europe est de plus en plus présente et contraignante.
Alors que la mondialisation, pleine d'opportunités, doit nous amener à évoluer.
Alors que la démocratie et ses procédures ont besoin d'être actualisées, numérisées, modernisées.

Le temps des Français n'a plus rien à voir avec le temps politique.

Alors que nos regards sont collectivement braqués sur 2017, celui de nos compatriotes est fixé sur la fin du mois.

Alors que nos débats sont largement occupés par des joutes stériles, nos compatriotes attendent que nous additionnions nos forces.

Alors que nos partis sont dans la tactique, nos compatriotes espèrent du concret allié à une vision.

Nous choisissons la sincérité politique plutôt que le calcul politicien.

Nous dépassons les clans, les écuries, les courants, en restant attachés à nos familles politiques respectives.

Nous entendons contribuer à faire naître une opposition UMP/UDI qui recherche l'unité et la sincérité en créant une "pléiade" des modernistes qui se réunira régulièrement pour faire avancer cette nouvelle attitude politique.

Imaginons. Inventons. Innovons.
Résolument actuel, nous appelons tous les modernistes à se dévêtir des oripeaux idéologiques, à abandonner les réflexes pavloviens, à retrouver le bon sens paysan, pour faire le choix des Français.
En toutes circonstances.

La liste des premiers signataires :
Frédéric Lefebvre, Député UMP et ancien ministre
Puis par ordre alphabétique
Yves Censi, Député UMP
Jacques Gautier, Sénateur UMP
Guy Geoffroy, Député UMP
Arlette Grosskost, Députée UMP
Meyer Habib, Député UDI
Patrick Hetzel, Député UMP
Francis Hillmeyer, Député UDI
Yves Jego, Député UDI et ancien ministre
Patrick Labaune, Député UMP
Thierry Lazaro, Député UMP
Maurice Leroy, Député UDI et ancien ministre
Franck Marlin, Député UMP
Damien Meslot, Député UMP
Alain Moyne-Bressand, Député UMP
Bérangère Poletti, Députée UMP
Arnaud Richard, Député UDI
Fernand Siré, Député UMP
Eric Straumann, Député UMP
François Vannson, Député UMP
Marie Jo Zimmerman, Députée UMP

 

avril 03, 2015

"L'Europe ne se fera pas sans la Russie ? "Royauté de France

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


« Pleure ô Pays bien aimé » (*)


Il est nécessaire d’assimiler, de comprendre cette évidence: la greffe d’un Islam conquérant et dominateur en terre Chrétienne depuis des millénaires est aussi incompatible que celle d’une Chrétienté en terre d’Islam. L’Histoire depuis l’an 742 le démontre. La victoire de Poitiers sur les escadrons arabo-berbères signe l’arrêt de l’expansion des Arabes vers le nord. De leur côté au moyen-orient Saladin et ses successeurs mettent fin aux croisades chrétiennes après la mort du Roi Saint Louis à Tunis en 1270. De même les Rois Catholiques d’Espagne chassent le dernier Roi Arabe de Grenade, Boabdil, en 1492, libérant ainsi la péninsule ibérique. Tandis que Don Juan d’Autriche en 1571 détruit la flotte turque à la bataille de Lépante. Après les dernières tentatives de conquête, les Ottomans échouent devant Vienne en 1529 puis en 1683. Une sorte de statut-quo s’installe alors autour de la Méditerranée. Au nord des Dardanelles et de Gibraltar, c’est terre chrétienne. Au sud, c’est terre islamique.



Pourtant ces frontières immatérielles n’ont jamais empêché la culture, les arts et la science de s’entrecroiser. Ce furent autant de ponts permettant le dialogue, parfois des alliances. La Chrétienté, comme l’Islam ont su tisser une compréhension respectueuse sur la trame de la diversité. Ce fragile équilibre, fondé sur le respect des Etats, des êtres et des religions, fut contesté, mis à mal à partir de 1793 par les terroristes Jacobins et par leur idéologie laïque sans foi, déniant toute Loi naturelle transcendante. En décidant d’imposer au monde, si besoin est par la force, la négation de toute Loi Supérieure, si ce n’est celle de leur minuscule volonté, ils ont déclaré que les peuples peuvent disposer d’eux mêmes. Puis ils ont proclamé unilatéralement leur droit d’intervenir pour libérer les peuples de leurs dirigeants, considérés comme des « tyrans »… N’ayant pas réfléchi aux conséquences de leurs actes, ils ont installé le chaos, plus de souffrances et de misères. C’est ainsi que l’idéologie tient lieu de stratégie et on se demande si le mot même de stratégie a le même sens pour eux que pour Sun- Tzu, ou Clausewitz ? (**)



La France, terre mystique au destin singulier, dont la déclinaison existe dans sa modernité, trouve un écho dans « une certaine idée de la France » disait de Gaulle. La France des Pays ainsi que l’on s’exprimait autrefois dans sa construction centralisatrice, avant l’heure, était déjà un concept Capétien, et pourtant la terre de France était hérissée de libertés, car elle fut toujours terre d’accueil et elle pouvait assimiler, car elle était forte, elle savait faire respecter son identité et savait intégrer l’immigrant, respectant son identité et sa liberté. Il ne pouvait être question de primer quelque religion sur l’identité de chacun, ni l’identité collective de la France et le respect de ses lois sur quelque communautarisme.

La laïcité que notre gouvernance actuelle nous impose est semblable au poison qui fut versé dans l’oreille du Roi du Danemark par Hamlet (Shakespeare). Il s’infiltre et pourrit le cerveau. Il engendre la haine de la Chrétienté permettant à l’Islam d’envahir notre terre, à des fins électorale et, bientôt, faute de police, faute de gendarmerie, ou pire d’armée, le peuple de France retournera au néant, ou alors un sursaut risque de les pousser à la révolte, aux progromes ! A Dieu ne plaise…

Français de souche depuis Hugues Capet (987), je me dois de dire ma répulsion pour ce grand chambardement que l’on tente de nous imposer pour transmuter les Français en « ilotes », sans sexe, sans passé, sans avenir, sans âme, bref en singes de Dieu. Pourtant comme tant de Français, je voudrais trouver des solutions pacifiques afin de contrer cette haine et cette sottise, qui à la longue nous transforment en futurs esclaves de ces nouveaux barbares de l’Islam.

Il est donc urgent de connaître cet ennemi, largement infiltré en Europe, tout comme en France; car la terre Chrétienne, à partir d’un certain seuil de tolérance, ne pourra plus supporter ce greffon que l’on nous impose et qui ne veut pas être assimilé à notre façon de » vivre, à notre mode vestimentaire, à notre goût culinaire, à la mixité dans les hôpitaux ou dans les piscines et encore moins à la démocratie, qui pour nos envahisseurs est une farce nécessaire pour ne pas avoir d’ennuis dans le moment présent. Ce n’est pas aux Chrétiens de s’adapter à l’Islam, mais à l’Islam à s’adapter à nos lois, à TOUTES nos lois, en terre Chrétienne! Or Daesh a déjà des alliés en Ukraine, côté Kiev: le bataillon « Doudaïev », très bien armé, composé de Tchétchènes, de Caucasiens et de néo-fascistes, au nord de Donetz, tout comme le bataillon « Al Mansour » composé de Tatars, qui défend Marioupol. On parle déjà d’une infiltration d’éléments armés dans la chaîne des Carpates. Ce massif montagneux touche la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie, toute l’Europe centrale…. Je n’ai pas ici la place de vous détailler toutes les diverses 5°colonnes qui existent en Europe Occidentale. Lorsque Hercule, dans la mythologie antique grecque, tue l’Hydre de Lerne, il se rend compte qu’en coupant une tête, une ou trois autres la remplace immédiatement. Pour en terminer avec la bête immonde il tranche la racine. La racine Daesh est le résultat d’une politique de gribouille engendrée dans les prisons occidentales. Au nom d’une démocratie, que l’on ne pourra imposer au monde musulman avant des siècles et pour des raisons non avouées de faire main basse sur des ressources énergétiques ou des mines de métaux précieux pour nos industries, sans oublier au passage quelques pillages d’oeuvres d’art, l’occident a armé des milices contre Bachar El Assad. Ces milices ont été phagocytées par Daesh avec armes et bagages. Il serait temps d’entreprendre enfin une « real-politik ». Certes Bachar El Assad a commis des atrocités personne ne peut le nier. La coalition occidentale n’a fait que renforcer Daesh et Bachar El Assad est toujours là. Il devient un des volets du rempart pour permettre de détruire Daesh. Les Américains ont bien compris qu’il est nécessaire de changer de stratégie aussi bien avec Bachar El Assad qu’avec Téhéran… Mais dans ce jeu d’échecs ils oublient une pièce maîtresse, qui est liée géographiquement et historiquement avec cette région du Moyen-Orient: la Russie.



Pour arrêter Daesh en Ukraine et par conséquence de déboucher en Europe, l’alliance avec la Russie devient indispensable, car ce n’est pas le fantoche qui a été élu par la CIA à Kiev qui peut résoudre le problème en Ukraine, puisqu’il est l’otage de Moutayeb, patron des Tchétchènes en Ukraine de l’ouest. Je ne suis pas le seul à penser que l’Europe a, ou aura besoin de s’allier à la Russie. Le maître du Kremlin est un remarquable stratège et un excellent joueur d’échecs. Pour le moment il attend et la Russie est avec lui. Plus nous tarderons, plus ses exigences seront proportionnellement fortes. Il est temps, afin d’éviter une guerre sanglante et barbare, de se mettre autour d’une table et de négocier avec le Maître du Kremlin. Il détient plus de cartes que l’Occident et son intérêt est également le nôtre.

Sinon, craignons que le va-t-en-guerre qui prendrait le pouvoir en 2016 aux USA ne nous entraîne dans une conflagration armée, cette fois véritablement mondiale. Alors « pleure ô pays bien aimé ». Je reprends ici les paroles de la mère de Boabdil, dernier Roi Arabe de Grenade dont le portrait se trouve derrière moi dans ce bureau d’où je vous écris : 

« Pleure comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme. »


(*)Titre du livre d’Alan Paton -1950- Albin Michel
(**)Sun Tzu -VI°S AVJC- L’Art de la Guerre Clausewitz Théoricien Militaire Prussien (1780-1831) Tous deux encore au programme de plusieurs Ecoles de Guerre

 Comte de Paris Duc de France,

Animateurs télé, ce qu’ils gagnent pour vous désinformer!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Ou comment vous atrophiez les neurones au sein de cette boîte à images


Comme le reste de l’économie, la télévision connaît une tendance à la baisse de ses revenus, quelle que soit la chaîne. Et les premiers à en faire les frais, ce sont les têtes de gondole. Enfin, pas toutes ! Jugez plutôt.



Plus de chaînes, moins de pub et la concurrence féroce d’Internet : n’en doutons pas, la télévision fait face à une crise sans précédent. L’époque de La 5 de Berlusconi, avec son lot de Ferrari neuves offertes à tous les animateurs de la chaîne, semble bien loin. Désormais, les diffuseurs engrangent moins d’argent et doivent trouver à tout prix des solutions pour rester rentables. À commencer par TF1. Après avoir supprimé les bouteilles d’eau et les plantes vertes dans ses bureaux, la première chaîne d’Europe est passée à la vitesse supérieure et a engagé un bras de fer avec les producteurs et les animateurs pour faire baisser les coûts. Et tout le monde est prié de se serrer la ceinture. 

Tout le monde ? Pas vraiment. En haut de l’échelle, rien n’a réellement changé. Les patrons de chaîne touchent encore de bien confortables bonus. Si Nonce Paolini, le P-DG de TF1, n’a pas augmenté son salaire depuis 2011, soit 920 000 euros par an, son bonus annuel a doublé entre 2012 et 2013 et il a encore augmenté en 2014. Total : 2 millions d’euros de revenus en 2013 et 2,36 millions en 2014 selon les chiffres publiés. Et ses collègues ne sont pas en reste : Bertrand Meheut, le patron de Canal+, touche entre 1,97 et 2,5 millions d’euros par an selon qu’on intègre ou pas les différentes parts variables, actions gratuites, stock options. Nicolas de Tavernost, président de M6, complète ce podium avec des revenus estimés à 1,7 million d’euros. À la traîne, Rémy Pflimlin, le P-DG de France Télévisions, dont le salaire est fixé par Bercy : 330 000 euros par an. 

Du côté des animateurs, la situation se tend un peu plus. Et c’est à M6 que les premières actions ont été les plus visibles. La chaîne propose désormais à ses animateurs sous contrat des salaires confortables mais pas indécents. Le principe retenu ? Un programme estampillé M6 est toujours plus puissant que celui qui l’anime. Jérôme Anthony (« Un trésor dans votre maison »), par exemple, touche 8 500 euros par mois. En contrepartie de cette sécurité de l’emploi, l’animateur doit se rendre disponible pour toute nouvelle émission qu’on lui proposera, avec, bien sûr, une prime à la clé. Du côté de TF1, la première mesure a été de rendre aux animateurs stars leur contrat d’exclusivité et de les éloigner progressivement de l’antenne. Le premier à en avoir fait les frais a été Benjamin Castaldi. Fini les 35 000 euros par mois pour attendre qu’on lui propose une émission. Du coup, il est allé voir ailleurs. Même punition pour Carole Rousseau, à qui il reste deux ou trois prime times par an sur la chaîne leader et quelques apparitions sur TMC. Là où elle pouvait toucher 35 000 euros pour un prime sur TF1, elle en négocie péniblement 7 000 pour un 20 h 50 sur TMC (chaîne du groupe TF1). Jean-Pierre Foucault, qui a fait les belles heures des divertissements de la Une, « subit » le même traitement. À part l’élection de Miss France, qui lui rapporte tout de même 45 000 euros, et deux ou trois spéciales de « Qui veut gagner des millions », il passe ses journées sur Europe 1 avec la bande d’Hanouna. TMC n’a pas été plus généreuse avec Christophe Dechavanne qui, voyant ses revenus fondre, a revendu le superbe hôtel particulier du 17e arrondissement de Paris dans lequel il avait installé sa société de production pour s’établir dans un quartier plus populaire. Seul animateur de TF1 à être passé entre les gouttes : Nikos Aliagas. Toujours prêt à rendre service et peu capricieux, il a réussi à garder son contrat d’exclusivité, estimé à 30 000 euros par mois. Mais il ne chôme pas : avec « The Voice », « C’est Canteloup » et « 50 mn Inside », il est abonné aux succès, donc extrêmement rentable. 

Retrouvez l'article intégral  dans VSD 1961 (du 26 mars au 1er avril  2015)
VSD


Dans son nouveau numéro, le magazine VSD s’intéresse aux salaires des animateurs et chroniqueurs du PAF.

L’hebdomadaire s’est notamment penché sur les revenus des dirigeants des grandes chaînes. Nonce Paolini , le PDG de TF1, qui n’a pas augmenté son salaire depuis 2011, touche 920.000 euros par an avec un bonus annuel . L’année dernière, il a gagné 2,36 millions.

De son côté, Bertrand Méheut , le patron de Canal Plus, gagne entre 1,97 et 2,5 millions d’euros chaque année , Nicolas de Tavernost , président de M6, 1,7 million . A noter que Rémy Pflimlin , le PDG de France Télévisions dont le salaire est fixé par Bercy, touche 330.000 euros par an .

VSD a également enquêté sur les salaires des animateurs vedettes des chaînes TV. Benjamin Castaldi , arrivé cette année à la tête de la « Nouvelle Star », a empoché 400.000 euros pour la présentation du télé-crochet de D8 . Sur TF1, l’animateur, qui avait un contrat d’exclusivité, gagnait 35.000 euros par mois.

Avec 125 000 euros par mois, Jean-Luc Reichmann, qui anime sur TF1 l’émission Les 12 coups de midi, Jean-Luc Reichmann multiplie les activités (télé, théâtre, fiction). « Selon les chiffres déposés par sa société, son jeu du midi lui rapporterait plus de 1,5 million d’euros par an , auquel il faut ajouter un pourcentage sur les revenus du jeu SMS lancé pendant l’émission ». Si les cinq premières places sont occupées par des hommes, trois femmes se classent dans le Top 10. Roselyne Bachelot prend notamment la 6e place (20 000 euros par mois pour Le Grand 8), Élise Lucet la 8e (10 000 euros par mois pour le JT de 13 heures et Cash Investigation) et Enora Malagré la 10e (8 000 euros par mois pour Touche pas à mon poste !).

Carole Rousseau, qui présente quelques primes sur TF1 et « 90′ enquêtes » sur TMC, touchait cette somme pour un prime sur la Une. Maintenant, elle négocie 7.000 euros pour un prime sur TMC.

Autre animateur emblématique de TF1 : Jean-Pierre Foucault . Pour présenter l’élection de Miss France, il repart chaque année avec 45.000 euros .

Nikos Aliagas a réussi à garder son contrat d’exclusivité de 30.000 euros pour la présentation de « The Voice », « C’est Canteloup » ou encore « 50 min Inside ».
Arthur aurait touché jusqu’à 250.000 euros par numéro des « Enfants de la télé ».
Toujours sur TF1, Laurence Boccolini , qui déclare dans la presse toucher 10.000 euros, « facturerait en réalité 10.000 euros chaque émission qu’elle anime en access prime-time », précisent nos confrères. Christophe Dechavanne a négocié 45.000 euros par prime sur la chaîne privée.

L’hebdomadaire s’est penché sur les revenus des animateurs stars du service public, dont les têtes d’affiche sont presque toutes salariées (William Leymergie, Sophie Davant). S’ils dépassent 70.000 euros par an, les salaires doivent être visés par Bercy.

David Pujadas toucherait 12.000 euros chaque mois , 10.000 euros pour Elise Lucet et Jamy Gourmoud , quand il présentait « C’est pas sorcier », 39.000 euros pour Julien Lepers .

« Un dizaine d’animateurs touche un cachet pour un prime entre 3.500 euros, pour les moins connus, à 12.000 euros pour une tête d’affiche », expliquent nos confrères qui ajoutent que plusieurs animateurs facturent leurs prestations par des sociétés créées à cet effet.

Citons par exemple Michel Drucker qui, en plus de ses revenus d’animateur-producteur, perçoit des droits sur les ventes de ses livres et exploite le Studio Gabriel, utilisé par d’autres comme Laurent Ruquier pour « On n’est pas couché » ou des conventions collectives.

Concernant les chroniqueurs, tous ne sont pas logés à la même enseigne. 20.000 euros par mois pour Roselyne Bachelot (Le grand 8, D8), 250.000 euros annuels pour Jean-Michel Aphatie (Grand Journal, Canal +), entre 1.000 et 1.500 euros pour les polémistes d’On n’est pas couché , 4.000 euros par mois pour Laurent Baffie dans « Les Enfants de la télé », 130 euros brut pour les chroniqueurs du « Mag » d’NRJ12 .

VSD s’est enfin penché sur les revenus de l’équipe de « Touche pas à mon poste ».
Cyril Hanouna, qui a révélé dans le JDD toucher 25.000 euros par mois, « oublie de mentionner les dividendes de plusieurs centaines de milliers d’euros versés par sa société H2O ».

Source

Combien sont payés les animateurs télé ?

Découvrez les salaires des animateurs de la télévision

 

avril 02, 2015

De la Chevalerie !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Dans ce monde désaxé, où l’esclavage sous tous ses aspects prolifère comme un droséra dans une tourbière, j’ai voulu réagir et, à l’instar de ce que disait mon ancêtre le Roi Saint Louis, construire un bouclier pour protéger notre chrétienté qui est attaquée de tous côtés!!!

C’est ainsi qu’avec quelques amis loyaux, j’ai redonné vie à l’Ancien Ordre de l’Etoile et du Mont Carmel* auquel j’ai rattaché la Lieutenance de Saint Lazare. Les statuts de cet Ancien Ordre, de même que ceux de la Lieutenance de Saint Lazare, qui lui sont rattachés, en conformité avec la Loi de 1901 sur les Associations, ont été déposés entre les mains du Grand Chancelier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur qui les a approuvés par un courrier que je confie aux archives de l’Ancien Ordre de l’Etoile et  du Mont Carmel.

En portant sur les fonds baptismaux en l’Eglise de Saint Germain L’Auxerrois, le 8 Septembre 2014, jour de la nativité de la Sainte Vierge, l’Ancien Ordre Chevaleresque de l’Etoile, fondé par le Roi Robert le Pieux en 1022, recréé par Jean II le Bon en 1351 et réuni par Henri IV au Mont Carmel en 1608, notre volonté fut de revivifier, partout en France où cela sera possible, nos lieux de cultes et nos églises abandonnées, ou menacées de ruine et de destruction, en les rachetant pour les restaurer et y rétablir la vie cultuelle de notre chrétienté.

Lorsqu’un projet sera mis en chantier pour restaurer une paroisse, il sera nécessaire et complémentaire de le prolonger par la mise en place d’une crèche, d’une école, et d’un dispensaire. Ce sera le côte culturel et caritatif. Une fois le chantier terminé, il faut que cette entité puise poursuivre sa vie. L’Ancien Ordre de l’Etoile et du Mont Carmel et sa branche hospitalière, la Lientenance de Saint Lazare, doivent chacun faire face à leurs responsabilités pour faire vivre financièrement cette nouvelle pierre de notre chrétienté dans le « désert Français ».

On ne construit pas une cathédrale en commençant par la clé de voûte, mais pierre par pierre à partir de la base. Notre tâche sera rude et longue. Mais à coeur vaillant, rien d’impossible. Je vous livre en conclusion la prière de Saint Louis qui demeure l’exemple du parfait Chevalier.

« Dieu Tout Puissant et Eternel qui avez établi l’Empire des Francs dans le monde pour être l’instrument de Vos Divines Volontés, le glaive et le bouclier de Votre Sainte Eglise, nous Vous en prions éclairez toujours et partout de Votre Céleste Lumière les fils suppliants des Francs afin qu’ils voient ce qu’il faut faire pour réaliser Votre Règne en ce monde, et que, pour accomplir ce qu’ils ont vu, ils soient emplis de charité, d’amour, de force et d’espérance. »

L’Ordre

L’Ancien Ordre Royal et Souverain de l’Étoile et de Notre Dame du Mont Carmel est un Ordre Royal Français à vocation spirituelle et chevaleresque. L’ Ancien Ordre Royal et Souverain de l’Etoile et de Notre-Dame du Mont Carmel est l’un des ordres de chevalerie français les plus prestigieux. Aujourd’hui, notre Ordre, association de Loi 1901, se consacre à la sauvegarde du patrimoine chrétien en France, aux activités spirituelles traditionnelles (prières, cérémonies, veilles de reliques) et au rayonnement spirituel et culturel de la France.

Comme tous les ordres chevaleresques, il est doté d’une Règle et il est dirigé par un Grand Maître assisté d’Officiers. Vivre sa Foi en suivant la voie chevaleresque et œuvrer au rayonnement du patrimoine chrétien en France, telle est notre mission.

I. La refondation et le statut juridique

Le Chef de la Maison Royale de France, Monseigneur le Comte de Paris Duc de France, de jure Henri VII, a décidé de relever les Ordres dynastiques de l’Etoile et de Notre-Dame du Mont-Carmel et de les réunir comme le furent jadis Saint-Lazare et Notre-Dame du Mont-Carmel.

Agissant ainsi, il continue et maintient l’œuvre des rois de France, ses aïeux, qui ont créé ces Ordres et en ont été les Chefs Souverains ainsi que les Protecteurs temporels.

L’Ordre Royal de l’Etoile et de Notre-Dame du Mont-Carmel s’inscrit aujourd’hui dans le cadre juridique français. Association de Loi 1901, sa Règle et ses Statuts ont été remis à la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur afin que l’Ordre soit en parfaite conformité et harmonie avec cette Haute Institution.

II. Les missions de l’Ordre

- Il s’agit aujourd’hui d’offrir à la France un Ordre analogue à ceux existants dans les Royaumes et Principautés d’Europe afin qu’il contribue, comme c’est la vocation de telles Institutions, à la grandeur, à la mémoire, à l’identité et à la vitalité de la Nation où elles sont établies en maintenant vivante les valeurs de la chevalerie.

Dans cette perspective, l’une des missions majeures de l’Ordre est de mettre en honneur, de maintenir et de protéger le patrimoine historique, culturel, moral et spirituel que représentent et incarnent ces Institutions chevaleresques. Il aura tout naturellement, à cet égard, des relations de confraternelle amitié avec les autres Ordres tant français qu’étrangers, dynastiques ou souverains.

- Au titre de sa seconde mission, l’Ordre Royal de l’Etoile et de Notre-Dame du Mont-Carmel pourra initier ou soutenir tout projet lié au patrimoine culturel et cultuel de la France, tant dans ses édifices immobiliers (édifices religieux, demeures historiques) que dans ses aspects immatériels, moraux et spirituels : par exemple, les lieux dédiés à la culture comme des bibliothèques, le parrainage ou la revivification de pèlerinages ou garde d’honneur de reliques comme celui du Précieux Sang en l’église de Neuvy Saint-Sépulcre (Indre). A ce titre, l’Ordre s’attachera, en liaison avec les diocèses, paroisses et Collectivités Locales concernés, à promouvoir le patrimoine historique et spirituel que représente la conservation des reliques de saints dans les lieux sacrés tels que chapelles et églises de France et des cérémonies qui leur sont liées.

- L’Ordre assume, d’autre part une troisième mission qui est d’entourer et de protéger le Chef de la Maison Royale de France, ce qui doit être le premier devoir et le premier honneur de chacun de ses chevaliers.

- L’Ordre désire également concourir à l’unité entre les chrétiens en admettant des chevaliers de toutes les confessions : catholiques romains et orientaux, orthodoxes, anglicans, réformés.

- Enfin, l’Ordre entend affirmer l’égalité de droits et de devoirs, de qualité et d’engagement chevaleresques entre les femmes et les hommes par la mixité de son recrutement, d’une part, mais aussi et surtout par l’adoubement des femmes, lesquelles reçoivent de ce fait l’appellation de chevalier comme leurs confrères masculins et peuvent être nommées aux charges et dignités qui y sont conférées.

D’ailleurs, comme en témoignent plusieurs anciens auteurs et historiens contemporains, dès la période médiévale, des femmes parmi les dames du royaume ont été armées chevaliers, certaines ayant ensuite conféré l’adoubement.

D’où venons-nous? Où allons-nous?



Cet article est consultable sous forme manuscrite ici.

L’être et les valeurs qui l’imprègnent n’ont jamais varié avec le temps, et le temps n’est pas un flux et un reflux. Ce sont des vagues semblables aux motifs peint par les Grecs anciens pour encadrer les frises qui poussent les ères et les ères.

Le grand jeu de la vie, qui nous est proposé, a ses rituels. Ils sont les mêmes quelles que soient les époques. Ils ont leurs lois qui respectent l’ordre du cosmos et de la nature. Ce ne sont pas des dogmes, mais ces rituels peuvent être sacrés et même consacrés, tout en variant selon les époques, les lieux et la culture de chacun.

Chaque être à sa naissance a, nous dit-on, son visage d’éternité. Chaque cellule de son corps est dépositaire de la mémoire de l’univers -comme l’eau dont notre corps est composé à quatre vingt dix pour cent-.

La véritable connaissance ne sera jamais une accumulation de savoir, mais proviendra de la fraîcheur du regard et de l’innocence du coeur. Cette force peut nous permettre de réactiver cette mémoire enfouie dans le noyau de chacune de nos cellules. Le grand jeu de la vie peut alors devenir le cheminement sur un sentier intérieur et intime.

Cette quête perpétuelle, selon le choix de chacun, est tout d’abord la question, la quête de notre Créateur pour certains. C’est également la question de notre rapport avec lui, comme de notre responsabilité envers Lui et envers toute Sa création.

La plupart des apprentis de la vie aiment baguenauder et passent leur temps à s’amuser, à rêvasser. Très jeune, cette insouciance est normale et commune à tous ceux qui n’ont pas encore découvert ce chemin ni ce qu’ils sont eux-mêmes. En vain la vie tente de les mettre en résonance avec l’harmonie cosmique, qui, comme une musique, se joue à travers nous. Une voix leur dit : « Tu aimes jouer à cache-cache avec ton ami! Imagines alors son attente et sa déception si lui se cache et que tu ne le cherches pas. Voilà comment tu te comporterais envers notre Créateur ».

Chacun a un sentier qui lui est propre, il est sans début et sans fin, pourtant il est continu, il est le contenu de ce que chacun choisira et fera de sa vie.. Tel est le libre choix qui nous est offert. Paul Valéry, grand poète et philosophe, disait que « la liberté de chacun s »arrête là où commence celle de l’autre ». Personne d’autre ne peut y pénétrer et personne ne peut en sortir… C’est comme si on vivait une tranche de temps, une tranche de lieu.

Sur ce chemin des dangers perpétuent des failles. Pourtant ces dangers ne viennent pas tant de l’extérieur que de l’intérieur de chaque être, car l’homme peut s’autodétruire par sa propre peur ou par des pensées qui parasitent l’ampleur spirituelle de chaque action.

L’être humain, femme ou homme, le voici à la croisée de deux axes, le voici écartelé, comme son nom primordial l’indique, puisque en langue grecque les quatre lettres du nom ADAM sont les initiales des quatre points cardinaux : Anatolé – Dysmé – Arctos – Mésembria.

Cette disposition statique, horizontale, devrait pouvoir se dynamiser, se retourner dans l’axe vertical pour naître en haut, seule voie nécessaire pour édifier sa royauté intérieure. Cette renaissance, cet accouchement ne peuvent s’accomplir que par et dans une gestation silencieuse pure et sans taches. Toutes les religions des temps historiques, depuis l’Egypte jusqu’à nos jours nous parlent de ce retournement nécessaire vers le haut à l’image du retournement de l’enfant dans l’utérus de la mère, avant de naître à la lumière. Au moment de l’assassinat des journalistes, la Reine Rania de Jordanie avait lancé cette déclaration: 

« En tant que musulmane, cela me fait de la peine quand quelqu’un se moque d’une religion, mais ce qui me blesse plus encore, ce sont les actions de criminels qui osent se servir de l’Islam pour justifier un meurtre de sang froid ».

Il me semble que les prises de conscience de notre époque mondialiste font en sorte que des jeunes, privés d’éducation comme de possibilités d’exprimer leurs qualités, leur personnalité et leur besoin de travail, soient jetés dans la bouillotte brûlante dont ils ne savent ni les causes ni les effets. Nous sommes donc tous, même involontairement, responsables et coupables de ce vide qui les pousse au meurtre, puisqu’on ne leur propose, en guise de spiritualité que la seule bestialité.

Quelque soit le nom donné à notre Créateur, toutes spiritualités ont en commun un même axe qui pousse ceux qui le respectent vers une meilleure compréhension de nos différences et vers l’amour de l’autre. Certes le bien et le mal existent. Ce sont des énergies initialement neutres. A nous de savoir les utiliser dans un sens positif, tourné vers le respect de l’identité de chaque être vivant ou de chaque chose dont l’Homme est responsable. Le mal étant des énergies détournées de leur sens! Cette compréhension, cette réflexion est un vouloir qui devrait nous être enseigné… Tel est, à mon sens la mission de l’Enseignement. Le choix personnel vient par la suite.

Aujourd’hui la mondialisation cherche à effacer toute réflexion et à encager les « papillons » qui finiraient par devenir esclaves. Ceux qui n’accepteraient pas, sous prétexte de liberté absolue, alors le filet ne pourrait que se refermer sur eux les plongeant dans la désespérance.
Il existe un idéogramme chinois, WANG, trois traits horizontaux, le ciel, l’homme et la terre, traversés en leur mitan par un trait vertical. C’est le Roi. Mais on peut l’interpréter également par: le règne animal, le règne végétal et le règne minéral axés, ou ancrés sur l’Homme dans sa royauté intérieure et dans l’accomplissement de sa responsabilité.

Henri d’Orléans, Comte de Paris Duc de France


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