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novembre 25, 2018

L'ictère de Président Macron: Le (les) gilet (s) jaune(s)

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 L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses. Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. N'omettez de lire par ailleurs un journal libéral complet tel que Contrepoints: https://www.contrepoints.org/ 
Al, 

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Sommaire

A) «Gilet jaunes: qu’attend-on pour lancer Le Bon coin de la revendication syndicale?» -


B) L’explosion des impôts sur les ménages depuis 2008 par les chiffres -

C) Gilets jaunes : mais où sont passés les « Enfoirés », intermittents de la solidarité ? -

D) Les Gilets jaunes sont entrés dans Paris -

E) « Macron démission »……mot d’ordre unificateur des gilets jaunes, de la France d’en bas. - Jacques Cotta - La Sociale; Analyses et débats pour le renouveau d'une pensée de l'émancipation

F) Divers propos et charte des GJ





A) «Gilet jaunes: qu’attend-on pour lancer Le Bon coin de la revendication syndicale?»

L’ampleur du mouvement des Gilets Jaunes dépasse de loin le simple prix du carburant, ou le cadre d’une jacquerie fiscale, pour toucher directement les fondements de notre démocratie. Le pouvoir a face à lui la somme de toutes les colères et se trouve dans une impasse : faut-il toujours plus d’Etat ou, au contraire, ce dernier doit-il se retirer pour laisser davantage de place aux Français ? Mais comment faire pour que ceux-ci s’organisent ?

Dernièrement dans un tweet, Emmanuel Macron a dit qu’il voulait réconcilier la base et le sommet. Cette formule est révélatrice de la situation absurde dans laquelle se trouve l’un des présidents les plus ultra-jacobins que la France ait jamais eu. En effet, depuis son élection, la tendance est à la concentration du pouvoir, notamment par l’affaiblissement des élus locaux. Jacobin, centralisateur, voici donc Jupiter transformé en Atlas portant toute la misère du monde sur les épaules. Ce jeune Quadra aurait-il la prétention de régler seul l’ensemble de ces problèmes ?
Et le voici bien isolé face à la rue et à sa somme de colères atomisées, dont il a lui-même remarqué que cela ne faisait pas un programme politique. Mais à qui la faute ? Il ne s’est pas mis tout seul dans cette situation inconfortable. Il n’y serait jamais arrivé seul, si cette constitution conçue pour remettre dans les mains d’un seul homme le destin de nos vies, ne le lui avait pas permis. Le problème étant que nous voici prisonniers - lui et nous, le sommet et la base - de cette structure verticale qui laisse si peu de place aux volontés individuelles et les contraint dans un carcan où toute initiative est corsetée dans un filet administratif, législatif et fiscal centralisé… Si le mouvement des Gilets Jaunes a toutes les apparences d’une jacquerie, ce serait une faute d’analyse grave que de le réduire à cela, car il présente surtout toutes les prémisses d’une révolte d’un peuple qui se rebelle contre la confiscation du pouvoir par un seul homme.
Or ce dernier a bien compris que dans ce combat qui l’oppose lui et ses soutiens contre le reste de la France - cette fameuse base - il n’y a qu’une seule issue : pour gagner il faut jouer des divisions entre ces colères hétérogènes. Il est vrai que loin de s’additionner, celles-ci se divisent en autant de chapelles, même si le matraquage fiscal hors du commun est la raison qui les unit pour manifester. Aussi les éditorialistes s’interrogent pour savoir s’il s’agit d’un mouvement de gauche ou de droite. Les politiques, quant à eux, de gauche et de droite, des extrêmes et du centre font des pieds et des mains pour récupérer la fronde. Des initiateurs de la vague se sont prononcés pour un retour de l’ISF, pendant que d’autres ont bloqué les approches d’une perception afin de signifier le ras-le-bol fiscal. Certains veulent encore plus d’Etat, pendant que d’autres réclament qu’on leur lâche les baskets. On se demande alors comment un seul homme, bien qu’il ait fait sien le « en même temps », sera en mesure de répondre à toutes ces demandes.
Puisque les Français ne veulent pas renoncer au modèle social, mais qu’ils ne peuvent plus payer pour le financer, pourquoi ne pas laisser les citoyens s’organiser ?
Réorganisation. La situation est donc inextricable, et on attend le lapidaire « On a tout essayé». A moins que… le pouvoir renonce à ses prérogatives et laisse les Français se débrouiller. Qu’il cesse de les contraindre par des lois absurdes et de les forcer à payer des charges iniques et qu’il les laisse prendre davantage d’initiatives et de responsabilités. Or, pour cela, nous ne voyons qu’une solution et elle ne dépend pas du programme d’un homme ou d’un parti politique mais passe par une réorganisation totale du modèle social à la française. Puisque les Français ne veulent pas renoncer à celui-ci, mais qu’ils ne peuvent plus payer pour le financer, pourquoi ne pas laisser les citoyens s’organiser ?
Concrètement, plus aucun programme politique ne pourra répondre à la somme des demandes - et d’ailleurs les Français ne croient plus dans aucun parti - et diriger la société française en mode vertical. Par contre si on encourageait la création de syndicats libres et indépendants - de vrais syndicats de service financés par leurs adhérents - ils pourraient plus facilement apporter la réponse attendue par les Françaises et les Français que n’importe quel homme politique. Ils pourraient représenter plus directement les intérêts de leurs membres. Le syndicalisme français retrouverait ainsi une tradition mutualiste plus respectueuse des aspirations collectives.
Comment atteindre cet objectif ? Une fois de plus, la technologie pourrait apporter une solution. Il suffirait de lancer plusieurs plateformes qui soient en quelque sorte des « bon coin de la revendication syndicale ». Ne doutons pas un instant que les Gilets Jaunes sauront s’emparer de ces outils pour s’organiser en fonction de leurs intérêts socio-professionnels. Chaque individu pourra construire sa demande et rencontrer une offre sur mesure. Voici une piste à creuser et qui ne demanderait aucun effort aux politiques, ne coûterait rien du tout à l’Etat, voire permettrait de diminuer certains budgets… Et en finir avec le fardeau fiscal.
Comme par magie, on passera ainsi du « one size fits all » dans lequel l’Etat, le paritarisme et leur modèle monopolistique veulent nous enfermer à une offre citoyenne respectueuse des libertés. Une vraie solution aux idéaux respectables des Gilets Jaunes qui réclament vouloir vivre décemment de leur travail.
L’Etat, quant à lui, n’aura plus qu’à se concentrer sur ses prérogatives régaliennes, en déléguant ces tâches… Et Jupiter, délesté de sa base, pourra repartir à ses rêves de sauver la Terre.


Le collectif « Laissez faire les Français » regroupe Ferghane Azihari, Philippe Fabry, Serge Federbusch, Edouard Fillias, Jean-Louis Guénégo, Sabine Herold, Sébastien Laye, Jean-Paul Oury, Guy André Pelouze, Marc Rameaux et Eric Verhaeghe







B) L’explosion des impôts sur les ménages depuis 2008 par les chiffres

Y a-t-il eu ou non une explosion des impôts sur les ménages depuis 2009? Assez curieusement, alors que les Gilets Jaunes bloquent les rues depuis plusieurs jours pour exprimer leur ras-le-bol fiscal, aucune étude posée n’a examiné clairement ce sujet. Les quelques lignes qui vont suivre se proposent de combler modestement ce vide en approchant un sujet touffu qui mériterait des études bien plus fournies… Le lecteur fera donc preuve d’indulgence, on l’espère, pour les manques d’un article qui n’a pas la prétention de se substituer à une étude universitaire ou scientifique en bonne et due forme.



Premier point de méthode: une compréhension globale (et impartiale) de la fiscalité, et du coût de l’impôt pour les ménages dans un pays, ne peut se faire sans une perspective sur la capacité fiscale des ménages. On sent bien, intuitivement, pour être clair, que lever l’impôt dans un pays où les gens vivent bien ne se heurte pas aux mêmes limites que dans un pays où la capacité des gens à payer est plus faible.

La masse salariale du secteur privé augmente de 15% en 9 ans

Ce point assez évident est souvent traduit par une analyse de la croissance du PIB. Plus le PIB augmente, plus le potentiel fiscal, à en croire certains économistes, augmente également. Selon nous il s’agit d’une vision biaisée, car le PIB ne nous dit rien sur la répartition des richesses. De ce point de vue, une analyse de la masse salariale paraît plus pertinente. Le tableau ci-dessous retrace l’évolution de la masse salariale depuis 2009.




Comme on le voit, la masse salariale du secteur privé a globalement augmenté de 75 milliards € entre 2009 et 2017. On insistera toutefois sur le caractère « approchant » de ces chiffres tirés des séries trimestrielles de l’ACOSS et retraités par nos soins. La définition de la masse salariale a, à la marge, changé plusieurs fois durant cette période, en particulier à la fin de 2010 (ce qui explique pour une part la majoration de 14 milliards entre 2010 et 2011, qui est anormalement élevée). Ces chiffres donnent donc une tendance représentative à environ 95% de l’évolution de la masse salariale des 16 millions de salariés du secteur privé en France. 
On se signalera toutefois que cette masse sert de base au calcul des cotisations sociales. Elle correspond à ce que les URSSAF appellent « l’assiette déplafonnée » de rémunération (sur tous ces points, nous renvoyons à l’explication méthodologique de l’URSSAF). 

La masse salariale de l’État augmente de 15% en 3 ans

À ces chiffres qui concernent les salariés du secteur privé, il faut ajouter les autres éléments de masse salariale, notamment ceux qui concernent les fonctionnaires, pour approcher d’une vision globale sur le pouvoir d’achat des Français. L’objectif de cet article n’étant pas celui-là, nous nous contenterons seulement ici de signaler l’évolution de la masse salariale de l’État (hors collectivités locales, donc) sur la même période. Nous reprenons ici les chiffres issus de la situation mensuelle de l’État depuis 2009.




Comme on le voit, l’ère Sarkozy était parvenue à juguler la hausse constante de la masse salariale des fonctionnaires de l’État (ce qui exclut les fonctionnaires territoriaux et les fonctionnaires hospitaliers). L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron précipite l’augmentation de la masse salariale de l’État, créant un puissant appel d’air pour les impôts…
On pourrait presque dire que ce graphique explique à lui seul le mouvement des gilets jaunes. 

17 milliards de taxes locales nouvelles depuis 2009

Si l’on examine l’augmentation réelle des impôts sur les ménages et les particuliers, une étape importante consiste à saisir un chiffre rarement publié (et difficile à trouver): la somme prélevée par les collectivités locales. Dans la pratique, aucune instance ne publie jamais clairement la somme réelle de ces « impôts locaux » dont beaucoup de Français déplorent régulièrement la hausse incessante. 
Faute de données simples, nous avons ici réduit le périmètre de l’étude aux trois « taxes ménages » (habitation, foncier bâti, foncier non bâti) incluses dans les « quatre vieilles » retracées régulièrement (mais de façon opaque) par Bercy. Voici le graphique d’évolution de ces taxes:





On le voit, ce sont presque 17 milliards de taxes locales supplémentaires qui sont venus ponctionner le pouvoir d’achat des ménages. Rappelons que ce volume de taxes ne concerne pas les impôts dits « économiques » qui touchent les entreprises. Il n’inclut pas non plus les taxes comme celle qui pèse sur les ordures ménagères, supposées financer le ramassage des ordures. 
Ces 17 milliards nouveaux ne concernent que le financement des communes, des départements et des régions hors services opérationnels rendus à la population. 

25 milliards d’impôts sur le revenu en plus depuis 2009

Le tableau suivant présente l’évolution du produit de l’impôt sur le revenu des personnes physiques depuis 2009: il fait apparaître une hausse de 25 milliards en volume depuis cette date.



Comme on le voit, les années Ayrault ont coûté très cher aux Français. Lorsque Jean-Marc Ayrault est arrivé à Matignon, l’impôt sur le revenu rapportait un peu plus de 50 milliards. Lorsqu’il a quitté le pouvoir, le même impôt rapportait 20 milliards de plus, soit un choc de 40% en deux ans. 
Voilà qui en dit long sur la sensation de ras-le-bol qui a étreint les Français sous François Hollande, et qui ne faiblit pas depuis. On rappellera que moins de 50% des foyers fiscaux acquittent cet impôt. Ce rappel en dit long sur l’effort demandé aux classes moyennes depuis la grande crise de 2008.

36 milliards de TVA en plus depuis 2009

Selon une légende bien ancrée, due à la comptabilité nationale et à ses choix de classement discrétionnaires, la TVA est un impôt sur les entreprises et non sur la consommation. Et pourtant, il suffit d’aller au café ou dans un magasin d’informatique pour voir apparaître, sur la note finale, le montant de la TVA que le consommateur final paie. En réalité, la TVA est bien une taxe sur la consommation payée par les ménages. 
L’évolution de son volume depuis 2009 est retracée ci-dessous:





Comme on le voit, la TVA rapportait 117 milliards en 2009. En 2017, elle a rapporté plus de 152 milliards. Ce différentiel de près de 36 milliards est finalement payé par le consommateur, c’est-à-dire par les ménages. On mesure ici le poids de la ponction qui s’est exercée…

17 milliards de CSG en plus depuis 2009

Un autre impôt a fait beaucoup de dégâts en France depuis 2009: la contribution sociale généralisée, destinée à financer la sécurité sociale (et son action auto-proclamée solidaire) en plus des cotisations sociales. Le graphique ci-dessous en retrace l’évolution depuis 2009:



Comme on le voit, le produit de la CSG est passé, en 2009, de près de 83 milliards à une somme de 99 milliards en 2017. Pire: en 2018, il est annoncé à plus de 124 milliards, soit une hausse de 25% de son produit. 
Au vu de ces chiffres, qui concernent tous les revenus, on comprend le sentiment de dégradation de pouvoir d’achat exprimé par les Français. 

Les éphémères 3 milliards en moins sur la TICPE

Reste la TICPE, la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques, dont l’augmentation prévue en janvier 2019 est au coeur des polémiques et des échauffourées. Le graphique qui va suivre permet de restituer les raisons pour lesquelles le mouvement des Gilets Jaunes a éclaté:




Si le produit de la TICPE est tombé à 11 milliards en 2017, soit 3,5 milliards de moins qu’en 2009, il était monté à près de 16 milliards en 2016. Entre 2016 et 2017, la baisse de cette taxe a donc restitué près de 5 milliards de pouvoir d’achat aux Français. 
L’annonce d’une augmentation des taxes en 2019 pour combler ce manque met assez naturellement le feu aux poudres. La hausse devrait effacer un gain net pour les ménages durement gagné (au prix d’une baisse des déplacements) pour compenser les hausses vertigineuses par ailleurs. Psychologiquement, cette hausse est désastreuse dans la mesure où elle punit des efforts faits en matière de maîtrise de la consommation, et dans un contexte d’efforts accrus sur tous les postes fiscaux. 

Hors TVA, la pression fiscale sur les ménages a augmenté de plus de 65 milliards depuis 2009

Le graphique ci-dessus propose un récapitulatif de la hausse de la pression fiscale sur les ménages en retirant la TVA de l’ensemble. Ce choix est méthodologique est destiné à éviter le débat sur la nature exacte de la TVA. 



En particulier, la CSG et l’impôt sur le revenu des personnes physiques ont littéralement rincé les Français en quelques années. Sur cet ensemble, il serait bien difficile pour les pouvoirs publics de justifier d’une amélioration réelle des services publics qui leur sont proposés. En attendant, la pression sur le pouvoir d’achat est bien réelle. Les chiffres de 2018 devraient d’ailleurs confirmer une accélération de cette tendance. 

Plus de 90 milliards d’impôts en plus sur les ménages avec la TVA depuis 2009

En 2009, TVA incluse, la pression fiscale sur les ménages (hors taxes diverses comme celle sur les tabacs) s’élevait à 302 milliards €. En 2017, TVA incluse, elle a grimpé à 391,5 milliards, soit une augmentation de 30% sur une période de 8 ans, comme l’indique le graphique en introduction de ce document. Dans le même temps, la masse salariale du secteur privé a augmenté de 15% à peine. 
Autrement dit, le choc fiscal auquel les ménages ont été confrontés a non seulement éliminé tous les bienfaits de la hausse des salaires sur la période, mais il a conduit à une véritable baisse du pouvoir d’achat.
Faut-il chercher ailleurs d’autres explications au mouvement des Gilets Jaunes? Sans une diminution sensible de la pression fiscale, la France n’est pas prête de retrouver la paix civile.






C) Gilets jaunes : mais où sont passés les « Enfoirés », intermittents de la solidarité ?

Ces quelques mots s’adressent à un public averti car ici d’Enfoirés il s’agit. Non, pas des enfoirés habituels auxquels vous pensez c’est-à-dire ces « premiers de cordée » dont on se demande ce qu’il foutent considérant le « pognon de dingue » qu’ils nous coûtent pour des résultats « qui ne sont rien ».
Cette fois, je vous parle des Enfoirés, avec un E majuscule, une marque déposée et tout le bazar télévisuel habituel qui promeut des individus hors-sol pour des héros qui vont sauver le monde. Sauf que ces mêmes Enfoirés et officiellement revendiqués comme tels qui chantent « qu’on aura plus jamais faim ni froid » et bien sur les barrages ou dans les médias on ne les voit pas.
Que des millions de Français descendent dans la rue car ils n’en peuvent plus de la précarité, cela semble ne leur faire ni chaud ni froid. Evidemment « progressistes » et tous « derrière Jupiter » sans quoi ils seraient interdits d’antenne et ne seraient donc pas des « stars » – version française on se comprend, les Enfoirés que le monde entier nous envie sûrement sont aux abonnés absents.
Probablement à Saint Barth, à Los Angeles ou à Bali à préparer leur rentrée pour gagner leurs deniers en chantant la « solidarité » et en rappelant qu’il faut « bien voter ». La différence des Enfoirés télévisés avec les enfoirés habituels, c’est qu’ils ne mentent pas sur ce qu’ils sont à savoir de véritables enfoirés. Un mot sympa toutefois pour Patrick Sébastien, un ex-enfoiré du « service public », qui n’a pas oublié « sa France ».
Les « gilets jaunes » vous saluent bien car Coluche, lui, ne nous aurait jamais ignoré, bande d’enfoirés !

est féministe, libérale et passionnée d'histoire politique.










D) Les Gilets jaunes sont entrés dans Paris


LETTRE OUVERTE
A Monsieur Le Président de la République Française 
Le Parti Démocrate lance un appel à l’Union Sacrée de tous les partis politiques derrière
la Nation en Colère et ses Gilets Jaunes. 
Nous l’avons tous compris, il n’y a plus aujourd’hui des oppositions mais une seule et même opposition, celle d’une France qui hurle sa détresse face à un Chef d’État, son Gouvernement et son parti, qui ne les entendent plus, qui ne les comprennent plus. 
Monsieur le Président, vous semblez frappé de stupeur et de surdité face au peuple de France qui se lève. Vous ne mesurez pas à quel point vous mettez en danger non seulement les Institutions démocratiques de notre pays mais la République elle-même. 
Mettre les français à genoux, Monsieur le Président, c’est rendre incontrôlable la France qui se dresse contre vous. C’est risquer l’embrasement, l’insurrection populaire et nationale.
C’est mettre la France en Danger. 
Mardi, vos paroles seront écoutées Monsieur le Président, mais ni comprises, ni acceptées.
Il est déjà trop tard. 
Nous l’avons constaté une fois de plus ce samedi, le seul rempart qui reste entre vous et la Nation en Colère, ce sont les Forces de Sécurité. Forces issues du peuple et qui si elles décident de baisser les armes, ce qui adviendra inévitablement, entrainera votre fuite en hélicoptère depuis les pelouses de l’Élysées.
Cette image nous ne voulons pas, nous ne voulons jamais la voir à la une de nos quotidiens ou passer en boucle sur BFM TV, il en va de l’Honneur de la France. 
Le Parti Démocrate vous en conjure Monsieur le Président, si vous n’avez pas l’ultime courage de démissionner de votre fonction, prononcez au moins la dissolution de l’Assemblée Nationale pour provoquer de nouvelles élections et sauver la France du gouffre dans lequel vous la précipitez. 
Le parti Démocrate appelle tous les partis politiques y compris les élus de LREM à s’unir aux Gilets Jaunes, représentants de cette France Éternelle que nul ne pourra jamais durablement asservir et tromper. 
Le Parti Démocrate appelle tous les élus, tous les syndicats, retraités, travailleurs, bénéficiaires de la solidarité nationale, l’ensemble de notre jeunesse,
et tout le peuple de France à rejoindre les Gilets Jaunes. 








E) « Macron démission »……mot d’ordre unificateur des gilets jaunes, de la France d’en bas.

Comme tout bon joueur de poker qui se respecte, Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur, est coutumier du mensonge. Dans les cartes cela peut paraît-il rapporter gros. En politique, l’exercice est plus risqué. Ce 24 novembre, ses services ont dénombré 106 301 manifestants dans les rangs des gilets jaunes. Le trois cent unième laisse rêveur… Pour Paris, dés 12h15, le ministre lui-même annonçait la participation de 5000 personnes sur les champs Elysées… La bataille de chiffres est absurde. Les images parlent d’elles-mêmes et confirment l’impression ressentie sur place. Sur l’avenue elle-même comme dans les rues adjacentes, de l’Etoile au rond-point des champs, plusieurs dizaines de milliers - 25 à 30 000 au moins- se pressaient dès le matin pour converger sur la « plus belle avenue du monde ».

Un contenu renforcé

Chaque jour confirme et renforce un peu plus ce que les jours précédents avaient déjà révélé.
-Le coeur revendicatif se cristallise sur le pouvoir d’achat, la question du gasoil étant la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de l’exaspération.
-Le mot d’ordre centralisateur lancé et repris spontanément met le Président de la République au centre: « Macron démission… »
-Les manifestants représentent une France qui depuis des années est ignorée, méprisée, rejetée. C’est la France du NON au référendum de 2005 qui avait déjoué toutes les manoeuvres -politiques, médiatiques notamment- en rejetant le projet de constitution européenne, qui réapparait sur la scène de l’histoire. Cette France est faite des ouvriers, des salariés, des travailleurs, des retraités, des jeunes... Il suffit d'y aller, de voir, de discuter. C'est en réalité un front de classe qui se constitue contre la politique d'Emmanuel Macron, le front de classe d'une France qui discute, réfléchit, qui fraternise, qui se veut solidaire lorsque sont vantés les mérites de l'individualisme et du chacun pour soi.
Comme en 2005, La France des gilets jaune est la France majoritaire. C’est ce qui excède le pouvoir qui représente l’oligarchie, qui sert le capital financier, qui applique lorsqu’il ne les devance pas les desiderata de l’Union Européenne. Cette France ne s’est pas engagée par hasard. Silencieuse jusque là, elle est aujourd’hui excédée et c’est en profondeur que se trouvent les ressorts des mobilisations, blocages, manifestations…

Basses manoeuvres gouvernementales

Contre cette France toutes les tentatives sont bonnes.
-La provocation sur les Champs-Elysées où quelques palissades brulées sont ridiculement appelées à la rescousse pour tenter de discréditer, dans l’affolement, un mouvement soutenu par plus de 77% des français.
-La mise en cause de gilets jaunes comme Lepénistes, au prétexte que Marine Le Pen a soutenu leur mouvement depuis le début et s’est étonnée que l’avenue des champs-Elysées leur soit interdite.
Marine Le Pen est ainsi dénoncée par le ministre Castaner, et par quelques parlementaires « En Marche » en panne d’arguments, dans la continuité des déclarations d’Emmanuel Macron qui souhaiterait se présenter aux prochaines élections européennes comme chef des « progressistes » opposés aux « nationalistes » ou autres « fascistes ». Voila pourquoi elle est le coeur de cible qui dans d’autres circonstances aurait pu être occupé par Mélenchon par exemple.
La tentative politicienne ne peut avoir aucun effet sur les français, sinon sur les organisations syndicales qui devraient être au coeur des mouvements dont le moteur est le pouvoir d’achat, le droit de se loger, de se nourrir, de se déplacer, de se soigner… Sans doute Martinez et ses semblables trouveront là justification à leur absence, coupant un peu plus le mouvement syndical de la france réelle. 

Macron dans l’impasse

Il existe derrière ces gesticulations gouvernementales une impasse politique qui angoisse à juste titre jusqu’au plus haut niveau de l’état. Le président de la république va tenter de présenter une série de mesures qui toutes vont s’avérer être plus dilatoires et catastrophiques politiquement les unes que les autres. Les centaines de milliers de français qui depuis des jours manifestent et bloquent ne veulent ni d’un saupoudrage d’aides diverses et variées, ni d’une nouvelle grand-messe comme il y en a déjà eu tant sur l’écologie, les « moyens de transports », la « mobilité » lorsque de toute évidence les mesures prises -bus Macron contre service public ferroviaire- ou les mesures prévues -exonération du coût de la carte grise poids lourds- vont à l’encontre des intentions affichées et de la raison minimale.
Selon certains députés "En Marche" qui se risquent à défendre dans le contexte actuel la politique macronienne, il y aurait une contradiction entre la volonté « moins de taxes » et l’exigence « plus de services publics », les unes devant permettre le financement des autres. Il existe pourtant deux solutions immédiates pour régler la question, deux solutions qui posent bien le problème central des manifestations, « Macron démission ».
-Revenir sans hésiter sur la suppression de l’ISF synonime d'un manque à gagner de 5 milliards d’euros, soit le montant attendu des taxes que rejettent les français.
-Refuser les exigences de la Commission européenne en sortant des seuils imposés, quitte à laisser courir les déficits pour permettre les financements demandés. Engager un bras de fer avec Bruxelles comme cela est pour le moment fait en Italie pour les retraites, les investissements et autres engagements pris vis à vis du peuple italien… S'engager dans une voie de rupture avec l'union européenne...
Mais l’une et l’autre montrent bien qu’Emmanuel Macron est coincé. Représentant de l’oligarchie, l’ancien banquier de chez Rothschild ne peut se dédire vis à vis de ses amis qui l’ont porté au pouvoir pour être servis, pas plus qu’il ne peut défier l’UE dont il doit par essence faire respecter les directives et décisions contre l’intérêt du peuple français.
Voila notamment pourquoi ce qui est engagé dans le pays marquera durablement l’avenir. Il ne s’agit d’un feu de paille à aucun point de vue. Ni pour les français qui n’en peuvent plus. Ni pour le pouvoir qui ne peut rien. Il s'agit d'un moment de la lutte des classes que l'idéologie dominante voulait faire croire révolue. Contrairement aux « optimistes » qui veulent se rassurer en pariant sur un essoufflement, ne sommes nous pas à la veille d’une grande confrontation?





F) Divers propos et charte des GJ












janvier 01, 2017

Lettre aux socialistes de Gustave de Molinari 1848

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Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 



Lettre aux socialistes
(1848)

Nous sommes adversaires, et cependant le but que nous poursuivons les uns et les autres est le même. Quel est notre idéal à tous, économistes ou socialistes? N’est-ce pas une société où la production de tous les biens nécessaires à l’entretien et à l’embellissement de l’existence humaine sera la plus abondante, et où la répartition de ces mêmes biens entre ceux qui les auront créés par leur travail sera la plus juste? Notre idéal à tous, sans distinctions d’écoles, ne se résume-t-il pas en ces deux mots: abondance et justice

Tel est, nul d’entre vous ne le niera, notre but commun. Seulement nous allons à ce but par des voies différentes; vous y marchez par le défilé obscur et jusqu’à cette heure inexploré de l’organisation du travail, nous y marchons par la route spacieuse et bien connue de la liberté. Chacun de nous essaye d’entraîner sur ses traces la société qui hésite et tâtonne, cherchant à l’horizon, mais en vain, la colonne de lumière qui guida jadis vers la Terre promise les esclaves des Pharaons. 

Pourquoi refusez-vous de suivre avec nous la voie de la liberté? Parce que, dites-vous, cette liberté tant préconisée est funeste aux travailleurs; parce qu’elle n’a produit jusqu’à ce jour que l’oppression du faible par le fort; parce qu’elle a enfanté les crises désastreuses où des millions d’hommes ont laissé les uns leur fortune, les autres leur vie; parce que la liberté sans frein, sans règle, sans limite, c’est l’anarchie! 

Voilà, n’est-il pas vrai, pourquoi vous repoussez la liberté; voilà pourquoi vous demandez l’organisation du travail? 

Eh bien, si nous vous prouvions, avec une suffisante clarté, que tous les maux que vous attribuez à la liberté, ou, pour me servir d’une expression absolument équivalente, à la libre concurrence, a pour origine, non pas la liberté, mais l’absence de la liberté, mais le monopole, mais la servitude; si nous vous prouvions encore qu’une société parfaitement libre, une société débarrassée de toute restriction, de toute entrave, ce qui ne s’est vu à aucune époque, se trouverait exempte de la plupart des misères du régime actuel; si nous vous prouvions que l’organisation d’une semblable société serait la plus juste, la meilleure, la plus favorable au développement de la production et à l’égalité de la répartition des richesses; si nous prouvions cela, dis-je que feriez-vous? Continueriez-vous à proscrire la liberté du travail et à invectiver l’économie politique, ou bien vous rallieriez-vous franchement à notre drapeau, et emploieriez-vous tout le précieux trésor de forces intellectuelles et morales que la nature vous a départies à faire triompher notre cause désormais commune, la cause de la liberté? 

Ah! j’en jurerais, vous n’hésiteriez pas un instant. Si vous aviez la certitude que vous vous êtes mépris sur la cause véritable des maux qui affligent la société et sur les moyens d’y remédier; si vous aviez la certitude que la vérité est de notre côté et non du vôtre, aucune attache de vanité, d’ambition ou d’esprit de système ne serait assez forte pour vous retenir sur les rivages de l’erreur: vos âmes seraient attristées, sans doute; vous diriez à regret un dernier adieu aux rêves qui ont nourri, enchanté et égaré vos imaginations; mais enfin vous les abandonneriez, ces chimères aimées, vous surmonteriez vos répugnances, et vous viendrez à nous. Eh! mon Dieu, nous en ferions autant de notre côté, si vous réussissiez à introduire dans nos faibles intelligences un rayon de cette lumière qui convertit saint Paul; si vous nous démontriez, clair comme le jour, que la vérité est dans le socialisme et non dans l’économie politique. Nous ne tenons à notre système qu’autant que nous le croyons juste et vrai; nous brûlerions demain, sans aucune révolte intérieure, ce que nous avons adoré, et nous adorerions ce que nous avons brûlé, s’il nous était prouvé que que nos dieux, Smith, Turgot, Quesnay, et J.-B. Say ne sont que de misérables idoles de bois. 

Nous sommes donc les uns et les autres dégagés de tout esprit de système, en prenant ce mot dans son acceptation étroite; notre vue se porte dans une sphère plus haute, nos pensées suivent un vol plus généreux: le vrai, le juste, l’utile, voilà quels sont nos guides immortels dans les cercles obscurs de la science; l’humanité, voilà quelle est notre Béatrix adorée! [Note: Allusion à Beatrice Portinari, la guide de Dante dans son exploration du paradis.]

Cela étant bien entendu entre nous, je pose nettement le question qui nous sépare.
Vous prétendez que la société souffre par la liberté, nous prétendons qu’elle souffre par la servitude.

Vous concluez qu’il faut supprimer la liberté et la remplacer par l’organisation du travail; nous concluons qu’il faut supprimer la servitude et la remplacer purement et simplement par la liberté.

Précisons d’abord les faits. De quelle époque date la liberté du travail? Elle a été, pour la première fois, proclamée par Turgot dans un édit immortel et sanctionnée plus tard par l’Assemblée constituante.

Je dirai plus loin comment elle a été de nouveau entravée, enchaînée, cette liberté sainte; pour le moment je me borne à constater qu’elle est née seulement à la fin du dix-huitième siècle. 

Maintenant, quelle a été, je vous le demande, la condition des masses laborieuses jusqu’à la fin du dix-huitième siècle? Les travailleurs étaient-ils plus heureux avant cette époque qu’ils ne l’ont été depuis?

S’ils étaient plus heureux, oh! alors, j’en conviendrai avec vous, la liberté a été pour le monde un présent funeste, et vous avez raison de réclamer une organisation du travail modelée sur celle de l’ancienne Égypte ou de l’Europe du Moyen Âge. 

Mais si, au contraire, la condition de la masse du peuple est aujourd’hui supérieure à ce qu’elle était avant '89, ne serez-vous pas, de bonne foi, obligés d’avouer que la liberté du travail a été un bienfait pour l’humanité? 

Parcourons ensemble rapidement l’histoire du passé, l’histoire de ces trente siècles de servitude qui ont précédé l’avènement de la liberté du travail, et voyons quel spectacle s’offrira à nos regards.

Est-ce bien le spectacle de l’aisance et de l’égalité universelles? Plût à Dieu! mais non. C’est, au contraire, le tableau d’une misère plus intense et d’une inégalité plus profonde que celles qui affligent aujourd’hui notre vue. Et à mesure que nous nous enfonçons plus avant dans le passé, à mesure que nous nous éloignons davantage du jour où la liberté a enfin lui sur le monde, ce tableau de la misère et de l’inégalité sociales nous apparaît plus sombre et plus hideux. 

Si nous remontons jusque dans l’Inde et en Égypte, qu’apercevrons-nous? deux castes puissantes, la caste des prêtres et celle des guerriers, qui oppriment et exploitent sans merci la foule des misérables! Au faîte de ces sociétés primitives, formées de couches superposées comme des blocs de granit, nous trouverons des sages, vêtus de pourpre, qui discutent sur l’essence de la divinité ou sur le cours des astres, et des guerriers qui s’enivrent de parfums au fond de leurs harems; tandis qu'au-dessous végètent des parias couverts d’ignominie ou des esclaves qui pétrissent de leurs sueurs et de leurs larmes l’informe et gigantesque édifice des pyramides. Le mal, dans ces sociétés primitives, était-il, nous vous le demandons, dans la liberté ou dans la servitude? 

Considérons le monde romain. Que trouvons-nous au sein de cette société, pourtant la plus riche et la plus puissante de l’antiquité? D’un côté, un patriciat composé d’un très-petit nombre d’hommes enrichis des dépouilles de l’univers. La vie de ces hommes, vous la connaissez, c’est une succession de luttes sanglantes et d’orgies immondes! À côté de cette caste toute-puissante qui se repaissait de la substance de tout un monde, comme on voyait les bandes de vautours se repaître des cadavres des vaincus de Marius, à côté de cette caste gorgée, repue, que voyons-nous? la foule besogneuse des prolétaires et la foule immonde des esclaves! Vous parlez des misères de notre classe ouvrière; eh! mon Dieu, si douloureuses, si pitoyables qu’elles soient, ces misères, vous ne sauriez les comparer à celles des prolétaires romains. Au moins, notre classe ouvrière travaille, elle ne mendie pas! On ne voit point le peuple de nos sombres faubourgs aller faire queue à la porte des splendides hôtels de notre aristocratie financière pour mendier la sportule! On ne le voit point se jeter comme un chien affamé sur les miettes que les riches secouent de leurs table d’une main dédaigneuse et ennuyée! On ne le voit pas, non plus, faire des émeutes quotidiennes pour obtenir des distributions gratuites de vivres. Non! l’ouvrier de nos jours mène certes une pauvre vie; mais, cette vie, il la gagne, il peut la gagner. Le prolétaire romain ne pouvait pas gagner la sienne. Les riches patriciens avaient accaparés toutes les industries et toutes les terres qu’ils faisaient exploiter par leurs esclaves. Victimes de cette inégale concurrence, les prolétaires n’avaient de choix qu’entre la mendicité, l’exil ou la mort. Ils mendiaient. Et pourtant, le sort de ces prolétaires avilis était mille fois préférables encore à celui des esclaves. Le prolétaire, au moins, était un homme; l’esclave, lui, n’était qu’une variété de la bête de somme, une chose! L’esclave ne possédait rien, pas même un nom. Certes, ils sont dignes de commisération, ces pauvres ouvriers de nos campagnes qui passent leur vie courbés sur la terre, sans obtenir le plus souvent en échange de leur rude labeur autre chose qu’un morceau de pain noir se nourrir, une toile grossière pour se vêtir, une hutte de boue détrempée pour se loger; mais, si pénible que soit leur existence, combien des esclaves romains la leur auraient enviée! Souvenez-vous des récits de Pline et de Columelle. Il y avait au sein des campagnes riantes de l’Italie, d’intervalle en intervalle, de sombres et infectes demeures que l’on nommait des ergastules. C’étaient les prisons ou pour mieux dire les écuries des esclaves. Le matin, ils en sortaient par bandes, enchaînés le plus souvent; ils se disséminaient dans la campagne, conduits par des contre-maîtres armés du fouet, et chaque sillon était arrosé à la fois de leur sueur et de leur sang. Le soir, on les ramenait à l’ergastule, où on les attachait comme de vils animaux auprès de leurs mangeoires. Pour eux point de famille, une promiscuité immonde! point de Dieu, une fatalité inexorable qui les déclassait de l’humanité, en ne leur laissant pas même l’espérance d’une autre vie! Telle était, vous le savez, la situation des masses laborieuses dans l’antiquité. Pourtant le monde n’était point soumis alors à la loi du laissez-faire! 

Plus tard, que voyons-nous encore? Est-ce que la situation du peuple s’améliore beaucoup, à la chute du monstrueux édifice de l’empire romain? Moralement, oui, sans doute, le christianisme lui apporte des consolations sublimes; matériellement, non! Pendant tout le moyen âge, la vie du peuple, serf de la glèbe dans les campagnes, serf de la maîtrise dans les villes, n’est qu’une longue suite des angoisses. Le moyen âge est un époque de douleurs et de tristesses, et parmi les voix de ceux qui gémissent on distingue entre toutes la grande et sombre voix du peuple. Plus tard encore, après tant et de si fécondes découvertes, après que la poudre à canon a fait justice de la tyrannie des seigneurs, après que l'imprimerie a dissipé les plus épaisses ténèbres de l’ignorance, après que la boussole nous a donné un nouveau monde, est-ce que le peuple a cessé de souffrir. Sous Louis XIV, sous le règne de ce roi qui a porté si haut, dit-on, la gloire et la puissance de la France, quelle était la condition du peuple? Était-il supérieure à celle du peuple de nos jours? Tout le monde connaît le passage célèbre de la Dixme royale de Vauban, dans lequel cet illustre homme de bien caractérisait en des termes navrants l’état de la France.
“Il est certain, disait-il, que le mal est poussé à l’excès, et si l’on n’y remédie, le menu peuple tombera dans une extrémité dont il ne se relèvera jamais; les grand chemins des campagnes et les rues des villes et des bourgs étant pleins de mendiants que la faim et la nudité chassent de chez eux.
“Par toutes les recherches que j’ai pu faire depuis plusieurs années que je m’y applique, j’ai fort bien remarqué que, dans ces derniers temps, près de la dixième partie du peuple est réduite à la mendicité, et mendie effectivement; que des neufs autres parties, il y en a cinq qui ne sont pas en état de faire l’aumône à celle-ça, parce qu’eux-mêmes sont réduits, à très-peu de chose près, à cette malheureuse condition; que des quatre autres parties qui restent, trois sont fort malaisées et embarrassées de dettes et de procès, et que dans la dixième, où je mets tous les gens d’épée, de robe, ecclésiastiques et laïques, toute la noblesse haute, la noblesse distinguée, et les gens en charge militaire et civile, les bons marchands, les bourgeois rentés et les plus accommodées, on ne peut pas compter sur cent mille familles; et je ne croirais pas mentir quand je dirais qu’il n’y a pas de dix mille familles petites ou grandes qu’on puisse dire fort à leur aise. [Collection des principaux économistes, édition Guillaumin, t. Ier, p. 34]
Voilà quelle était la condition du peuple avant l’avènement de la liberté du travail.
Aussi, pendant cette longue période de souffrances, quel est le cri de la foule? Que demandaient les captifs d’Egypte, les esclaves de Spartacus, les paysans du Moyen Âge, et plus tard les ouvriers opprimés par les maîtrises et les jurands? Ils demandaient la liberté!
Ils se disaient: nos consciences, nos pensées, notre travail sont opprimés, exploités par des hommes qui se sont imposés à nous par la violence ou la ruse. Les uns nous interdisent d’aimer Dieu et de le prier autrement que selon leur formule; les autres nous obligent à étudier dans leurs livres Dieu, la nature et l’homme; ils emprisonnent notre pensée dans le cercle de fer de leurs systèmes, en nous défendant, sous peine de mort, de le briser; d’autres enfin, après que ceux-là ont enchaînés nos âmes, enchaînent nos corps. Ils nous obligent à demeurer attachés comme la plante au lieu de notre naissance, et là, ils s’emparent, en vertu de leurs privilèges, de la meilleure part des fruits de nos sueurs. Brisons ces liens qui nous meurtrissent, brisons-les au péril de nos jours; demandons pour tous la liberté de l’âme et celle du corps, revendiquons pour tous le droit naturel de croire, de penser et d’agir librement, et nos souffrances auront une terme. Nos âmes ne seront-elles pas satisfaites, si nous obtenons pour elles le libre accès du monde immatériel, la faculté de voguer sur l’océan immense et merveilleux des intelligences, sans être retenue par le câble de fer d’un système imposé? Nos besoins physiques ne seront-ils pas complètement apaisés, si le monde matériel nous est librement ouvert; si nous pouvons porter, sans entraves, notre travail et en échanger les produits sur toute la surface de cette terre féconde que la providence nous a généreusement abandonnée? Devenons libres, et nous serons heureux! 

Tel était le cri de l’humanité opprimée. Eh bien! pensez-vous donc que l’humanité se trompât quand elle le poussait, de siècle en siècle, ce long cri de détresse et d’espérance? pensez-vous qu’en poursuivant sans cesse la liberté elle courût après un vain mirage? Non! descendez dans vos âmes, et vous n’oserez l’affirmer; vous n’oserez dire, ô Brutus du socialisme, que la liberté n’est qu’un vain nom!

Vous objecterez, à la vérité, que l’humanité souffre encore! Sans doute. Mais, et je tenais à bien constater ce fait devant vous, elle souffrait avant l’avènement de la liberté dans le monde, et ses souffrances étaient alors plus âpres et plus intenses qu’elles ne le sont de nos jours. 

Vous ne pouvez donc, sans commettre un grossier anachronisme, accuser la liberté des maux des classes laborieuses avant '89; est-ce avec plus de justice que vous lui imputez ceux qui ont depuis cette époque accablé les travailleurs? C'est ce que je me réserve d'examiner dans une prochaine lettre.

UN RÊVEUR

Cette lettre aux socialistes est apparu sous le titre L'Utopie de la Liberté dans le Journal des Économistes Tome XX, N° 82. – 15 juin 1848

Gustave de Molinari

Translation by Roderick T. Long




L'original en anglais:


We are adversaries, and yet the goal which we both pursue is the same. What is the common goal of economists and socialists? Is it not a society where the production of all the goods necessary to the maintenance and embellishment of life shall be as abundant as possible, and where the distribution of these same goods among those who have created them through their labour shall be as just as possible? May not our common ideal, apart from all distinction of schools, be summarised in these two words: abundance and justice?
LTS-I.2 Such, none among you can deny, is our common goal. Only we approach this goal by different paths; you proceed along the obscure and hitherto unexplored defile of the organisation of labour, while we proceed along the broad and well-known highway of liberty. Each of us is attemping to lead in train a hesitating and groping society that scans the horizon seeking, but in vain, the pillar of light that formerly guided the slaves of the Pharaohs to the Promised Land.
LTS-I.3 Why do you refuse to follow the path of liberty alongside us? Because, you say, this liberty which we so extol is fatal to the labourers; because it has thus far produced only the oppression of the weak by the strong; because it has give birth to disastrous crises in which millions of men have lost in some cases their fortunes and in other cases their lives; because liberty unbridled, unregulated, unlimited – is anarchy!
LTS-I.4 Is this not the reason that you reject liberty? is this not the reason that you demand the organisation of labour?
LTS-I.5 Well then, if we prove to you with sufficient clarity that all the evils which you attribute to liberty – or, to make use of an absolutely equivalent expression, to free competition – have their origin not in liberty but in the absence of liberty, in monopoly, in servitude; if we further prove to you that a society of perfect freedom, a society disencumbered of every restriction, of every fetter, such as has never been seen in history, would be exempted from the greatest part of the miseries of the present régime; if we prove to you that the organisation of such a society would be the best, the most just, the most favourable to advancement in the production and equality in the distribution of wealth; if we should prove all this, I ask, what would be your response? Would you continue to proscribe the freedom of labour and to inveigh against political economy, or would you, rather, rally openly to our banner, and employ all the precious fund of intellectual and moral forces with which nature has endowed you, to speed the triumph of our henceforth common cause, the cause of liberty?
LTS-I.6 Ah! I would be willing to swear that you would not hesitate a moment. If you became certain that you had been mistaken as to the true cause of the evils which afflict society and the means of remedying them; if you became certain that the truth is on our side and not on yours, no bonds of vanity, of ambition, or of stubborn partisanship would be strong enough to keep you on the shore of error: your hearts would be saddened, no doubt; you would bid with regret a last farewell to the dreams which have fed, enchanted, and misled your imaginations; but in the end you would abandon these beloved chimeras, you would overcome your repugnance, and you would come over to us. By God, we for our part would do as much, if you should succeed in introducing into our feeble intellects a ray of that light which converted St. Paul; if you should demonstrate, as clearly as the day, that the truth lies with socialism and not with political economy. We hold to our system only so far as we believe it true and just; we would burn tomorrow, with no inner rebellion, what we have adored, and we would adore what we have burned, if it were proven to us that our gods, Smith, Turgot, Quesnay, and J.-B. Say, are no more than wretched idols of wood. [Online editor’s note: classical liberal economists Adam Smith (1723-1790), Anne-Robert-Jacques Turgot (1727-1781), François Quesnay (1694-1774), and Jean-Baptiste Say (1767-1832). – RTL]
LTS-I.7 We and you, therefore, are alike free of all stubborn partisanship, taking this term in its strict sense; our view rises to a higher sphere, our thoughts follow a more generous flight: it is truth, justice, and utility that are our immortal guides through the hidden circles of science; it is humanity that is our adored Beatrice! [Online editor’s note: a reference to Dante’s guide through Paradise in the Divine Comedy. – RTL]
LTS-I.8 This being well understood between us, I pose plainly the question which separates us.
LTS-I.9 You maintain that society suffers from liberty; we maintain that it suffers from servitude.
LTS-I.10 You conclude that it is necessary to abolish liberty, and to put in its place the organisation of labour; we conclude that it is necessary to abolish servitude, and to put in its place – liberty, pure and simple.
LTS-I.11 Let us begin by specifying the facts. From what are does the freedom of labour date? It was proclaimed for the first time by Turgot in an immortal edict [Online editor’s note: in 1776, during Turgot’s tenure as finance minister. – RTL], and later sanctioned by the Constituent Assembly.
LTS-I.12 I will tell later on how this sacred freedom has been newly fettered and chained; for the moment I confine myself to noting that it was born only at the end of the eighteenth century.
LTS-I.13 Now what, I ask you, was the condition of the labouring masses up to the end of the eighteenth century? Were the workers happier before this time than they have been since?
LTS-I.14 If they were happier, oh! then I will agree with you that liberty has been a fatal gift for the world, and you are right to call for an organisation of labour modeled on that of ancient Egypt or mediæval Europe.
LTS-I.15 But if, on the contrary, the condition of the mass of people today is superior to what it was before ’89 [Online editor’s note: 1789, inter alia the first year of the Constitutent Assembly, and thus for Molinari the first year of (relative) freedom of labour. – RTL], will you not be obliged in good faith to acknowledge that the freedom of labour has been a benefit for humanity?
LTS-I.16 Let us quickly run over together the history of the past, the history of those thirty centuries of servitude which proceeded the arrival of the freedom of labour, and let us see what spectacle it offers to our view.
LTS-I.17 Is it truly the spectacle of universal ease and equality? Would God that it were! but no. It is on the contrary the tableau of a wretchedness more intense and of an inequality more profound than those which afflict our sight today. And the further back into the past we plunge, setting at ever greater distance the day when liberty finally shone forth upon the earth, the darker and more hideous this tableau of misery and social inequality appears to us.
LTS-I.18 If we go back as far as India and Egypt, what will we behold? two powerful castes, the caste of priests and that of the warriors, oppressing and exploiting without mercy the wretched multitude. At the pinnacle of these primitive societies, constructed in layers piled one above another like blocks of granite, we find the sages, garbed in purple, discussing the essence of divinity or the course of the stars, and the warriors intoxicating themselves with perfumes in the recesses of their harems; while below there vegetate the pariahs, covered in ignominy, or the slaves, moulding with their sweat and their tears the rude, gigantic edifice of the pyramids. Did the evil of these primitive societies, we ask, lie in liberty or in servitude?
LTS-I.19 Let us consider the Roman world. What do we find at the heart of this society, though it was the richest and most powerful of antiquity? On one side, a patriciate composed of a very small number of men enriched by the spoils of the universe. The life of these men, as you know, was a succession of bloody battles and foul orgies! Beside this all-powerful caste, gorging itself on the substance of an entire world as the vultures were seen to gorge themselves on the corpses of those vanquished by Marius [Online editor’s note: the Roman general Gaius Marius was said to have carried two pet vultures on his sanguinary campaigns. – RTL] – beside this engorged and satiated caste, what do we see? the impoverished multitude of proletarians and the debased multitude of slaves! You speak of the miseries of our working class; good God! as painful and pitiable as these miseries may be, you can hardly compare them with those of the Roman proletarians. At least our working class works; it does not beg! The people of our gloomy suburbs are not to be seen lining up at the gates of the splendid mansions of our moneyed aristocracy to beg alms! They are not to be seen hurling themselves like dogs upon the crumbs which the rich brush from their tables with a bored and disdainful hand! Nor yet are they to be raising daily riots to obtain free distribution of food. No! today’s worker undeniably leads a poor life; but he earns this life, he is able to earn it. The Roman proletarian was not in a position to earn his own life. The wealthy patricians had monopolised all the industries and all the soil, which they exploited by means of their slaves. Victims of this unequal competition, the proletarians’ only choice was between begging, exile, and death. They begged. And yet the lot of these degraded proletarians was still a thousand times preferable to that of the slaves. The proletarian, at least, was a man; the slave, for his part, was only one more species of beast of burden, a thing! The slave possessed nothing, not even a name. Admittedly the poor workers of our own countryside deserve our commiseration, they who pass their lives stooped to the ground, most often obtaining in exchange for their hard labour nothing better than a morsel of black bread to eat, a coarse cloth to wear, and a mud hut to sleep in; but however painful this existence, how many Roman slaves would have envied it! Recall the accounts of Pliny and Columella. [Online editor’s note: Gaius Plinius Secundus (or Pliny the Elder) and Lucius Junius Moderatus Columella, Roman writers on agriculture. – RTL] At the heart of the smiling countryside of Italy were to be found, at periodic intervals, those dark and noisome dwellings which were called ergastula. These were prisons, or to speak more accurately stables, of slaves. In the morning they filed out in bands, generally chained; they spread out across the countryside, driven by overseers armed with whips, and each furrow was watered with their sweat and their blood together. In the evening they were led back to the ergastulum, where like base animals they were tied up beside their mangers. For them no family, but a filthy promiscuity! no God, but an inexorable fate which robbed them of their humanity while leaving them not even the hope of a life to come! Such, as you know, was the condition of the labouring masses in antiquity. And yet the world had not yet been subjected to the law of laissez-faire!
LTS-I.20 Later on, what further do we see? Is the situation of the people much improved with the fall of the monstrous edifice of the Roman Empire? Morally, yes, no doubt, insofar as Christianity affords them sublime consolations; materially, no! Throughout the Middle Ages, the life of the people, whether serfs to the soil in the countryside or serfs to the corporations in the cities, is but a long train of anguish. The Middle Ages are a period of pain and sorrow, and among the groaning voices may be distinguished throughout the great and melancholy voice of the people. Still later, after so many and such fertile discoveries, after gunpowder had brought to justice the tyranny of the feudal lords, after printing had dispelled the deepest darkness of ignorance, after the compass gave us a new world, did the people cease to suffer? Under Louis XIV – under the reign of that king who is said to have carried to such heights the glory and power of France – what was the condition of the people? Was it superior to that of the people today? Everybody knows the celebrated passage in Vauban’s Royal Tithe [Online editor’s note: French economist Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707). – RTL], in which that illustrious man of good will characterised France’s situation in heart-breaking terms:
LTS-I.21 “It is certain,” he wrote, “that the evil has been pressed to the extreme, and if it is not remedied, the humble people will fall into an extremity from which they will never rise again; the highways of the countryside and the streets of the cities and towns are filled with beggars driven from their homes by hunger and nakedness.
LTS-I.22 “From all the research which I have been able to make during the several years that I have devoted myself to it, I have become very much aware that in recent times nearly one-tenth of the people is reduced to begging, and begs indeed; as for the other nine tenths, five are in no position to give them alms, since they themselves are but a short way from being in the same unhappy condition; of the four remaining tenths, three are worried and encumbered by debts and lawsuits; and in the final tenth – where I place all men of the sword and the robe, whether ecclesiastical or lay, all the high and distinguished nobility, all those with military or civil responsibility, the successful merchants, the bourgeois rentiers, and the most comfortable classes – there cannot be reckoned more than a hundred thousand families; and I do not think I would be wrong in saying that no more than ten thousand families, great or small, could be described as living in much ease1.”
LTS-I.23 Such was the condition of the people before freedom of labour arrived on the scene.
LTS-I.24 Moroever, throughout this long period of sufferings, what is the cry of the multitude? What was the demand of the captives of Egypt, the slaves of Spartacus, the peasants of the Middle Ages, and later the workers oppressed by the corporations and guilds. They demanded liberty!
LTS-I.25 They said to each other: our consciences, our thoughts, our labour are oppressed and exploited by men who have imposed themselves on us by violence or trickery. Some of them forbid us to love God and pray to him otherwise than according to their formula; others require us to study God, man, and nature according to their books, imprisoning our thoughts within the iron circle of their systems by forbidding us on pain of death to break it; still others, after these have enchained our souls, enchain our bodies. They require us to live attached like a plant to the place of our birth, and there they exercise their privileges to seize the greater part of the fruits of our labour and sweat. Let us burst asunder, even at the risk of our lives, these bonds which bruise us; let us demand, for all, both the liberty of the soul and that of the body; let us claim, for all, the natural right to believe, to think, and to act freely – and our sufferings will be at an end. Will our souls not be satisfied, once we have obtained for them free access to the immaterial realm – the ability to sail the immense and marvelous ocean of the mind, without being held back by the iron cable of an imposed system? Will our physical needs not be entirely met, once the material realm is freely open to us – once no fetters forbid us to bring our labour and exchange its products over the entire surface of this fertile earth with which providence has generously endowed us? Let us become free, and we will be happy!
LTS-I.26 Such was the cry of oppressed humanity. Well, then! do you suppose, therefore, that humanity was mistaken when it raised, from century to century, this long cry of distress and hope? do you that in their ceaseless pursuit of liberty they were running after a vain mirage? No! look into your hearts, and you will not dare to affirm it; you will not dare, you Brutuses of socialism, to say that liberty is only an empty name!
LTS-I.27 You will doubtless object that humanity still suffers! Most assuredly. But, and I insist on keeping this fact before your gaze, it suffered before the arrival of liberty upon the earth, and its sufferings then were harsher and more intense than they are today.
LTS-I.28
You cannot, therefore, without being guilty of gross anachronism, charge liberty with the ills of the labouring classes before ’89; is it with greater justice that you impute to it those which have crushed the workers since that time? The examination of that question I reserve to a future letter.

A DREAMER.
Journal des Économistes vol. 20, no. 82. – June 15th, 1848 (pp. 328-332).

[Online editor’s note: while this article was originally published anonymously, Molinari later acknowledged his authorship in his 1899 book Society of the Future, where he noted:
This appeal, which incidentally bears the imprint of the confident naïveté of youth, was, as events have shown, entirely premature. It went unheard; but one may be permitted to hope that it will yet be heard one day, and that socialism, by contributing to the economists its contingent of forces, will aid them in surmounting the resistance of those selfish and blind interests that set themselves athwart the necessary transformation of a political and economic organisation which has ceased to be adapted to societies’ present conditions of existence..]


 
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