décembre 03, 2015

Une Sirhen qui Louvois ! Le scandale d'un État-gestionnaire inéfficace...

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



SIRHEN : le Louvois bis que cache l'éducation nationale


Après les échecs de Louvois et de l’ONP, un autre grand projet informatique de l’Etat présente des dérives alarmantes. 
SIRHEN, le programme de rénovation des SIRH de l’Education Nationale, pourra-t-il être sauvé ? Le ministère a lancé un plan de la dernière chance. Notre enquête. Voir un projet informatique de l’Etat faire l’objet d’un amendement au Parlement n’est pour le moins pas banal. Surtout quand cet amendement vise tout bonnement à couper les vivres au dit projet, jugé trop dispendieux, trop incertain. Ce projet, c’est SIRHEN, qui vise à rénover les SIRH (système d’information ressources humaines) de l’Education Nationale. Lancé en 2007, le programme ne couvre actuellement qu’une toute petite partie de la population ciblée par la réforme : il assure la gestion administrative de 4 000 employés issus des personnels d’inspection et des administrateurs civils, alors que l’Education Nationale emploie plus d’un million de personnes, dont 855 000 enseignants. Le tout pour un coût qui a explosé : initialement évalué à 80 millions d’euros, SIRHEN devrait finalement coûter 321 millions, selon la dernière estimation en date remontant à 2014. A noter que ce total a déjà été plusieurs fois réévalué (200 M€ fin 2012 puis 290 M€ fin 2013) et qu’il n’intègre pas les coûts cachés, comme la poursuite de la maintenance des applications en place le temps que Sihren soit enfin prêt. Dans son rapport sur la Loi de finances 2016, le Sénat parle ainsi d’une « folle spirale de surcoût ». En matière de délais aussi, le dérapage est patent : alors qu’il devait initialement durer 7 ans, SIRHEN doit finalement s’étaler sur 13 années. Et probablement un peu plus, comme nous le verrons plus loin. 

« Aider le ministre face à son administration »
Faisant suite à plusieurs rapports du Sénat s’alarmant des dérives de coûts sur ce programme,l’amendement déposé par le sénateur Gérard Longuet vise à couper les crédits du programme en 2016, « compte tenu du surcoût envisagé et dans la mesure où il n’est pas prévu, à court terme, que ce logiciel permette la gestion des enseignants, qui représentent pourtant la majeure partie de effectifs relevant du ministère ». En Commission des Finances,Gérard Longuet, qui a vécu les affres de Louvois (le système de paie défectueux de l’armée) quand il était ministre de la Défense, s’est expliqué sur cet amendement : il « vise, si j’ose dire, à aider le ministre face à son administration. J’ai vécu ce genre de situation avec l’affaire Louvois. Un ministre est toujours bercé de l’illusion que les choses se règleront en trois mois. On connaît la suite... » Effectivement, concernant Louvois mais aussi l’ONP (Opérateur national de paie, autre échec retentissant de l’informatique de l’Etat), l’histoire est écrite. Pour SIRHEN, elle est d’en train de l’être. Certains estiment que les dés sont déjà jetés : « Oui, c’est notre Louvois à nous, soupire un bon connaisseur du dossier au sein de l’Education Nationale, qui, pour des raisons évidentes, a requis l’anonymat. Apparemment, le code et l’architecture de SIRHEN tiennent la route, mais on a écœuré tous les experts du sujet. Or, les générations qui ont conçu les applications Agora ou EPP (celles utilisées actuellement et que doit remplacer SIRHEN, NDLR) vont partir à la retraite. On va perdre cette connaissance-là parce qu’une bande de fous pensait pouvoir à elle seule refonder le SI de l’Education Nationale. » Une analyse au vitriol qui vise avant tout la première direction du programme, dont le fonctionnement en mode ‘tour d’ivoire’ aurait pesé lourd dans les errements du projet. 

Scénario de la dernière chance
Face à ces dérives multiples et à un dossier qui prend une tournure politique, le ministère a lancé une initiative qui apparaît, au mieux, comme le plan de la dernière chance. Pour ce faire, l’institution s’appuie sur un énième audit, une mission conduite par l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche), le CGEIET (Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies, dépendant de Bercy) avec l’appui de la Disic (la DSI de l’Etat). Rendu plus tôt dans l’année, ce rapport est resté secret, l’administration nous ayant refusé sa consultation. Selon nos informations, au sein même de l’administration, bien peu ont eu accès à ce document. 

« S’il y autant de secrets autour de SIRHEN, c’est que c’est un vrai scandale », reprend notre source au sein du ministère. 

Selon différentes sources et sur la base de documents internes que nous avons consulté, ce rapport propose 4 scénarios de sortie de crise. Le premier est un abandon pur et simple de SIRHEN et une rénovation application par application de l’existant. Le second, un abandon partiel du programme, s’appuie lui aussi sur une modernisation des applications en place, mais y greffe un objectif de décloisonnement des données, via la création d’une base de données synchronisant les quelques 900 silos d’informations actuels. Sans trop détailler le scénario 3 une voie intermédiaire entre les propositions 2 et 4 – c’est finalement le 4e scénario qui a eu les faveurs du ministère le 27 octobre dernier.
Deux scénarios du rapport ont été étudiés. C’est finalement le n°4 qui aura les faveurs du ministère. 

Une nouvelle trajectoire
« Un scénario 4 révisé, qu’on aurait pu aussi appeler 3 bis », précise une source officielle au sein du ministère. Cette voie de sortie se base sur un acquis : la qualité de l’architecture technique, qui aurait été démontrée lors de l’audit de code réalisée dans le cadre de la mission. « On peut donc poursuivre les déploiements, à commencer par celui des personnels de direction en décembre et janvier », se réjouit le ministère. En parallèle, le plan qui s’élabore prévoit quelques « éléments de révision technique » permettant de revenir sur des choix décrits comme contraignants (notamment dans l’architecture orientée services - SOA) et une redéfinition de la trajectoire fonctionnelle. « Sur ce terrain, on va travailler par analyse d’écart avec l’existant, alors qu’à l’origine, SIRHEN était basé sur des perspectives de transformation », résume-t-on au ministère qui ajoute que le plan passe aussi par une gouvernance rénovée du programme. « On a besoin de mieux faire cohabiter la maintenance des SIRH existants et le développement de la cible, car cette coexistence va durer un certain temps. Et cela permettra de rendre les bascules plus transparentes. » Enfin, le ministère prévoit de «réinternaliser une part substantielle des développements, pour faciliter l’intégration des évolutions réglementaires. Car, dans les conditions actuelles de sous- traitance, ce n’est effectivement pas simple ». Reste que ce plan de sauvetage n’est pour l’instant ni mis en œuvre, ni même validé par la ministre, Najat Vallaud-Belkacem. Cette dernière attend de premières orientations pour décembre (dont le recrutement d’un nouveau directeur de programme) ainsi qu’une trajectoire détaillée pour juin prochain, avant de valider – ou pas – l’avenir de SIRHEN (voir le planning ci-dessous, extrait du comité de pilotage du 29 octobre dernier). C’est Mathieu Jeandron, le directeur du numérique pour l’Education, qui a été chargé de piloter cette préparation du plan de la dernière chance, dans le strict respect de l’enveloppe budgétaire actuelle (soit 321 millions). Un plan dont le timing reste incertain. Au sein du ministère, une source officielle très proche du projet évalue toutefois l’achèvement de SIRHEN à 2022-2023. Autrement dit, dans 7 ou 8 ans : un laps de temps largement suffisant pour de nouveaux dérapages budgétaires... Selon une autre source, qui a requis l’anonymat, la Disic, qui a mené un audit du code de SIRHEN, estime que le système peut fonctionner, mais qu’il coûtera cher à finaliser et cher à maintenir. 



Un noyage de poisson ?
D’autres observateurs ont une lecture bien plus critique du plan ministériel. Et y voient surtout une façon de noyer le poisson. « Pour moi, le scénario retenu à l’issue de l’audit vise à continuer le programme, mais uniquement sur le personnel non enseignant, analyse notre source. Même si, officiellement, il n’y a pas aujourd’hui de réduction du périmètre de SIRHEN ». Une vision que conteste formellement le ministère, au moins pour l’instant : « La préparation de rentrée sera bien assurée dans SIRHEN. Sans les enseignants, SIRHEN n’a aucun sens. On s’approche du moment où on va les intégrer dans l’application. C’est une trajectoire de transformation : on ne rebat pas les cartes, on ne jette pas les développements déjà réalisés à la poubelle.» Pour l’institution, remplacer l’existant, vu comme fonctionnellement obsolète, apparaît toujours comme une priorité. 



«Le mode de fonctionnement d’il y a 20 ans n’est plus satisfaisant. Il existe 900 bases de données RH au niveau national, détaille-t-on au ministère. Pensez aux difficultés que cela crée par exemple pour la réforme territoriale. Il faut absolument que le système de préparation de rentrée évolue. » 

SIRHEN doit venir consolider une multitude de bases de données (diapositive extraite du site officiel du projet).
Lui-aussi très au fait des moindres évolutions de SIRHEN,Jean-Louis Brunel, co-secrétaire académique de la CGT Education de Marseille, voit dans le plan du ministère essentiellement un discours politique : « Cet audit ne fait que tirer les conclusions d’une situation connue de tous, une situation d’échec, dit-il. Mais, politiquement, c’était le seul scénario qui permettait de sauver la face, même s’il est difficilement atteignable. » Autrement dit, il s’agirait d’une façon pour le cabinet de la ministre de sortir le parapluie en réclamant un plan d’action et le strict respect de l’enveloppe budgétaire, soit 320 millions d’euros. « Cet objectif est difficilement atteignable car la phase de rétro-spécification (la méthode retenue pour redéfinir les aspects fonctionnels, NDLR) passe par la mobilisation des personnels compétents sur les SIRH et connaissant le contexte particulier de l’Education Nationale. Or, ces compétences sont déjà mobilisées sur la migration SIRHEN. Par ailleurs, le respect strict de l’enveloppe budgétaire était déjà réclamé par les rapports successifs du Sénat, en 2013, en 2014 et en 2015 ! Le scénario retenu signifie enfin qu’on va tenter de terminer SIRHEN, sur la base de rétro-spécification, alors que la cible est elle-même mouvante du fait des évolutions réglementaires et que ces évolutions vont devoir être intégrées en parallèle dans l’existant et dans la nouvelle application. Ca fait beaucoup dans un budget contraint », estime Jean-Louis Brunel. La CGT voit en fait le plan de sauvetage issu du rapport de l’IGAENR comme une annonce intermédiaire : « SIRHEN est encore appelé à évoluer, mais le ministère ne peut pas l’avouer tout de suite. » 

Rassurer les syndicats
« Pour les enseignants, SIRHEN va faire office d’application chapeau, en capacité de piocher dans les applications existantes. Et, petit à petit, ces dernières vont être renouvelées », estime de son côté Catherine Nave-Bekhti, la secrétaire nationale du SGEN CFDT, autre syndicat qui a émis des alertes sur les dérives du programme. « Mais, même une fois qu’on a dit ça, toutes les ambiguïtés ne sont pas levées. Personne ne connaît aujourd’hui la trajectoire pour les enseignants. Par contre, la démarche choisie permettra d’adopter une trajectoire plus adaptative et assurera l’évolution des SIRH actuels », reprend la syndicaliste. Car, malgré les incertitudes, les syndicats accueillent la réorientation du programme de façon positive. D’abord parce qu’elle permet de tirer un trait sur certains errements du passé. « Le nouveau scénario, qui se base sur les applications existantes pour redéfinir le cahier des charges et affiche la volonté de conserver la maintenance en interne, est une option qui nous convient, car elle permettra d’intégrer les éléments du dialogue social en plus des aspects réglementaires », dit par exemple Bruno Leveder, le secrétaire général du SNASUB (Syndicat national de l’administration scolaire universitaire et des bibliothèques). « La réorientation du projet mise sur une réinternalisation partielle du programme et prend acte du fait qu’on ne peut pas laisser les équipes RH travailler avec des outils dépassés », ajoute le SGEN CFDT, qui s’interroge toutefois sur les conditions de cette réinternalisation partielle. 

Les prestataires en roue libre ?
Car, comme Louvois, comme l’ONP, une partie des surcoûts de SIRHEN est à rechercher dans la relation entre le donneur d’ordre et la maîtrise d’oeuvre, ici Capgemini. « Le cycle infernal des surcoûts s’explique par le manque de suivi des prestataires. Tout ce qui est en dehors du cahier des charges est facturé au prix fort », analyse notre source anonyme qui parle d’ungrave déficit de management et de pilotage. «Les surcoûts importants sont notamment dus à la qualité de la conception, abonde le SGEN CFDT. Car le cahier des charges de départ n’était pas conforme aux besoins, conséquence du pilotage du projet en mode tour d’ivoire. » Une faute originelle qui, conjuguée à un recours massif à la sous- traitance et à la durée même du programme, a généré une multiplication des demandes de changement, dûment facturées par Capgemini. Selon les documents des syndicats, le projet mobilisait, début 2015, quelques 240 personnes issues de prestataires sur la partie réalisation (dont une partie offshore). Soit plus de 60 % des personnels mobilisés sur ce chantier. S’y ajoute une direction de programme ayant elle-même recours massivement aux prestataires (plus d’une compétence sur deux). Autre point commun avec feu l’ONP et le cauchemardesque Louvois : la lenteur des décisions face à des dérives pourtant patentes. « Dès 2011, tous les signaux étaient au rouge, estime la CGT qui, encore récemment, a publié un tract alarmiste sur le programme, intitulé Chronique d’un fiasco annoncé. La décision de
réorientation du programme aurait dû intervenir en 2012-2013. » Un avis que partage le SGEN CFDT qui note la période de flottement qui a suivi la fin de l’ONP, en mars 2014, SIRHEN devant à l’origine se raccorder à ce système de paie prévu pour accueillir toute la fonction publique. « Dès l’abandon de l’ONP, alors que les équipes n’étaient pas informées de l’avenir de SIRHEN par la direction de programme, directement rattachée au secrétariat général, nous avons lancé de premières alertes. La question qui se posait était simple : pourquoi continuer à faire courir ce canard dont on avait coupé la tête ? » L’expression du SGEN est brutale, mais elle dit bien le désarroi des équipes au cours de l’année qui vient de s’écouler. 

« On a continué à dépenser beaucoup d’argent sur le projet, avec des sous- traitants ou en multipliant les audits », poursuit le SGEN. 

Un coût à la ligne de code élevé
Le ministère ne nie d’ailleurs pas – ou plus cette accumulation de déboires.

« De nombreux facteurs expliquent les difficultés que nous avons connues. Des problèmes de pilotage opérationnel dans les premières phases, une évaluation financière du programme très sous- estimée faute d’étude sérieuse, des choix de format de données effectués en fonction de l’ONP. Ces contraintes ont pesé lourd, reconnaît le ministère. Par ailleurs, le niveau d’exigence des utilisateurs a été insuffisamment pris en compte. L’existant a beau être fonctionnellement obsolète, il embarque un haut degré d’automatisation. Même remarque pour la reprise des données, qui a généré 1 ou 2 % d’erreurs ; un taux habituellement acceptable, sauf qu’à l’Education Nationale, il concerne de gros volumes de données et que le ratio gérants/gérés (nombre de gestionnaires par nombre de personnes prises en charge, NDLR) est très optimisé du fait du haut niveau d’automatisation. Ce qui nous a contraint à revenir sur les développements... » 

La conséquence est connue : sur SIRHEN, le coût à la ligne de code est très supérieur aux standards habituels. En l’état, serait-on tenté d’ajouter, le coût à l’utilisateur pris en charge est lui aussi totalement disproportionné... Seule l’intégration des 855 000 enseignants permettrait ici de rééquilibrer les termes de l’équation. L’Education Nationale souligne toutefois les récents progrès du programme. Comme une satisfaction des utilisateurs qui s’améliore, comme le montre un baromètre de la satisfaction des utilisateurs que nous avons pu consulter. «Mais les premiers retours des utilisateurs étaient épouvantables ! », tempère Jean-Louis Brunel. Avec des problèmes signalés dans la gestion des droits ou dans l’ergonomie. S’y ajoutait la nécessité d’une double saisie des informations du fait de la période de rodage de l’application. Au point que les gestionnaires travaillant sur SIRHEN se sont vu attribuer une prime spécifique en raison du lancement du projet... Même les utilisateurs interrogés sur le site officiel de promotion du projet ne se privent pas de le critiquer, parlant de ses limites fonctionnelles ou des durées excessives de correction des anomalies ! 

« Sur les premières populations qui ont migré sur SIRHEN, les utilisateurs ont connu 4 mises à jour le 1er mois, à des heures où l’application était en production, relate le SGEN. Cette anecdote reflète bien les difficultés de maîtrise du projet, dans un contexte privilégiant la sous-traitance. » 

Pour ce syndicat, une des conditions du sauvetage de SIRHEN réside dans laparticipation active au programme de la DGRH(direction générale des RH de l’Education Nationale), étrangement peu impliquée jusqu’à présent selon le SGEN. « Car SIRHEN a longtemps été un projet orphelin, abordé sous un angle technique », note un observateur de ce syndicat. 

SIRH existants à l’abandon
Un orphelin particulièrement gourmand, au point d’affamer les autres ‘enfants’ de l’Education Nationale, les applications existantes qui, aujourd’hui encore, prennent en charge l’essentiel des processus RH de l’administration. Un autre rapport de l’IGAENR, portant sur les SI du premier degré, montre ainsi que le poids budgétaire de SIRHEN a phagocyté les évolutions des applications en place. « La perspective de SIRHEN a limité et contraint les évolutions sur l’ensemble des systèmes d’information existants à un moment où d’importants changements intervenaient dans l’organisation et la gestion de l’école », écrit l’inspection générale. « Le souci réside dans l’adaptation de ces outils aux nouvelles règles de gestion, d’où l’irruption d’opérations manuelles, les utilisateurs compensant les déficits des outils », abonde Catherine Nave-Bekhti. En 2014 par exemple, SIRHEN a bénéficié de près de 35 M€ de crédits, tandis que les SIRH des premier et second degrés devaient se contenter... d’environ dix fois moins. 

« Quand SIRHEN a été lancé, il était légitime de réduire les budgets consacrés à l’existant. Mais peut-être, est-on allé un peu loin : on est aujourd’hui arrivé dans une zone à risques, commente le ministère.On va travailler à la bonne articulation entre les SIRH en place et SIRHEN, car des synergies sont possibles. Elles permettront notamment de combler les retards actuels des SIRH, surtout que ces derniers ne finiront d’être remplacés que dans plusieurs années. » 

Dans ses plans d’origine, le ministère prévoyait d’achever le déploiement de SIRHEN, avec la prise en compte de la gestion des personnels enseignants du premier degré, au cours de l’année scolaire... 2013/2014.

Reynald Fléchaux




Lancé en 2007, le programme de rénovation du SIRH de l’Education Nationale (SIRHEN) a déjà coûté 321 millions d’euros au lieu des 80 millions prévus initialement. Le Sénat souhaite lui couper ses crédits pour 2016. Dans la famille gaspillage et projets informatiques qui ne tiennent pas debout, je ne demande ni Louvois, ni l’ONP ni même Chorus, je demande SIRHEN ! Voici donc le projet qui a fait réagir les sénateurs dans le rapport sur le projet de Loi de Finances 2016. Dans un amendement, le sénateur de la Meuse Gérard Longuet demande purement et simplement que les crédits destinés à SIRHEN en 2016 soient supprimés.
Qu’est-ce qui a déclenché l’ire des sénateurs ? Encore une fois, un projet informatique qui n’a donc pas respecté ses engagements financiers. Lancé en 2007, le SIRHEN était doté de 80 millions d’euros sur 7 ans. Résultat : il a déjà avalé 321 millions d’euros, soit un surcoût de 241 millions d’euros. D’une durée initiale de 7 ans, le projet est finalement prolongé sur 13 ans. « Au stade actuel de son développement, SIRHEN ne permet que la gestion administrative et de paye des personnels d’inspection et des administrateurs civils, soit environ 4 000 personnes », écrit le sénateur Longuet.  Son déploiement pour les personnels de direction est prévu pour la fin de l’année 2015. En 2016, le logiciel devrait permettre la gestion des ingénieurs et des techniciens de recherche et de formation ».
4 000 personnes aujourd’hui donc. Et selon le ministère de l’Education nationale lui-même, le nombre de personnels (enseignants, personnel administratif et autre) pour l’année scolaire 2014-2015 est de… 1,052 million ! Mais ce n’est pas terminé : « il n’est pas prévu, à court terme, que ce logiciel permette la gestion des enseignants », écrit encore le sénateur. « La poursuite de ce projet doit être questionnée », s'interroge-t-il enfin.
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novembre 21, 2015

Humour et poésies comme une arme de riposte massive aux attentats de Paris

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


N'en soyez point "terrassé"

Daesh qualifie dans son communiqué Paris de "la capitale des abominations et de la perversion". La flatterie ne les mènera nulle part.





Un cultivateur de l'Aveyron a été arrêté par les gendarmes et placé en garde à vue, suite à une conversation téléphonique interceptée, dans laquelle il annonçait à sa femme: "Je pars pour la scierie".
 
Aveyron : arrestation d'un dangereux terroriste présumé 17 janvier 2015 ·
C'est le jeudi 14 Janvier dernier que la DGSI se met en rapport avec la brigade de gendarmerie de Réquista dans l'Aveyron un terroriste présumé se préparerait à partir pour la Syrie faire le  Djihad.

Il n'en faut pas plus au brigadier-chef Jean-Loup Sanaïre pour mettre en place un plan épervier sur le Réquistanais. 

Une opération d'envergure qui a porté ses fruits puisque quelques heures plus tard, sur la D 902 qui relie la commune de Réquista à Cassagnes-Begonhès, le suspect barbu est intercepté au lieu dit Le moulin de Clary.

A bord de son véhicule, une Citroën C15, c'est un vrai arsenal que découvrent les gendarmes ... arme blanche de type couteau Laguiole en corne de vache Aubrac véritable, une hachette à manche fibré bi-matière de marque MacTruchon de chez Brico Pipo, un fusil de chasse a priori bien entretenu, une cartouchière richement fournie de plombs Tunet n°6 ainsi qu'un sac complet d'engrais Monsatanas qui entre, notamment, dans la composition de certaines bombes artisanales. 

Le suspect, Raymond Cubombet, un Réquistanais de 57 ans jusqu'alors inconnu des services de la gendarmerie, est immédiatement placé en garde à vue pour y être interrogé. Ce n'est que 7 heures plus tard qu'il en ressortira libre mais choqué par cette expérience.

Il témoigne : Bon, c'est vrai que cet été, entre le fauchage, l'agnelage tardif et les moissons, raconte-t-il, j'ai pas trop eu le temps de faire du bois... On s'est vite retrouvé à court à la maison avec les températures de ces jours-ci ! Du coup, j'ai appelé mon épouse sur mon Nokia pour lui dire que je partais pour la scierie. Acheter des chutes de bois quoi... C'est moins cher... Je pensais pas me retrouver au trou!

Une bavure qu'ont bien du mal à dissimuler les gendarmes de la petite  bourgade. Le brigadier-chef Sanaïre s'explique: "Dès le début de l'interpellation on a eu des doutes.

Alors qu'on s'attendait à entendre 'Allahou Akbar' comme il est de coutume avec les terroristes, le suspect n'arrêtait pas de répéter 'Diou me damne ! Diou me damne ! à tout bout de champ".  Il a donc fallu que Raymond Cubombet apporte la preuve de ses bonnes intentions pour finalement être mis hors de cause. Bon, c'est vrai que je porte la barbe, reconnaît-il. Mais ça fait 40 ans que je la cultive ! Vous savez, il fait pas chaud l'hiver ici, et la seule fois où je l'ai rasée, ma femme ne m'a plus parlé jusqu'à ce qu'elle repousse...

Après, ils m'ont reproché d'être basané. Moi je veux bien, mais quand on a passé presque 60 ans de sa vie le cul dans un Massey (Note de la rédaction : diminutif pour la marque Massey-Ferguson qui est au tracteur ce que Harley-Dadidson est à la moto) à bronzer derrière un pare-brise, ça tanne la peau vous savez...  Et quand on demande à Raymond de s'expliquer sur les armes retrouvées à l'intérieur de son véhicule, il n'est pas avare d'arguments. Ben, la hachette c'était pour faire du petit bois, c'est plus pratique pour allumer le feu.

L'engrais, c'est pour les champs. Je venais juste d'aller le chercher à la coop. Et le fusil c'était pour tuer un ou deux lièvres cet après-midi mais c'est foutu maintenant.... Ils m'ont coupé la chique avec leur histoire de terroriste... Quant au couteau, c'est traditionnel. Vous connaissez beaucoup d'Aveyronnais qui porte pas de Laguiole sur lui, vous ? En plus ça permet de me couper un bout de saucisse sèche en cas de fringale.

Un bout de saucisse sèche qui a changé le destin de Raymond Cubombet puisque, en menant leurs investigations, les gendarmes ont retrouvé un bout de ladite charcuterie estampillée Serres d'Alban dans un coin de la boîte à gant, le mettant définitivement hors de cause.

La DGSI s'est longuement excusée pour le désagrément occasionné expliquant : "On est un peu tendus en ce moment"....







Le "logeur" de Paris
Quand ils m'ont demandé si j'avais le Coran je leur est dit que oui EDF était passé dans la semaine
"Quand ils m'ont demandé "kalash as-tu ?" avec leurs accents belge j'ai rien capté j'ai répondu 26"
Le logeur de Abaaoud : "Kim m'a dit qu'il venait avec son canon. J'ai cru qu'il parlait de sa femme. Ji si innocent" 














La poésie, une manière de respirer.

Paris 1983







Je marche
de jour comme de nuit
dans Paris
depuis si longtemps déjà
que je me demande
qui habite l'autre
toujours ému de savoir
qu'un poète nommé Villon
l'a fait avant moi
qu'un libérateur comme Bolivar
y a séjourné en dandy
que mon jeune voisin Jean de la rue Masson
a fêté son vingtième anniversaire jusqu'à l'aube
dans un bistro situé en face
d'une petite place faiblement éclairée.
J'aime savoir qu'il existe une ville
où les femmes aiment marcher de nuit
sans s'inquiéter des ombres et aussi parce qu'on y
trouve une station de métro avant la fatigue.
J'aime flâner dans une ville où les quartiers contrastés
fleurissent au bout de nos rêves.
J'aime m'arrêter à la terrasse des cafés pour
observer le ballet des serveurs.
J'aime écouter dans le métro les conversations
des jeunes filles qui racontent la soirée d'avant.
J'aime voir les jambes nues tout le long de l'été.
Cet art de vivre qu'aucune autre ville ne connaît
mieux que Paris.
Et que personne n'a mieux chanté que Villon et Aragon
ou cette jeune fille croisée boulevard Richard-Lenoir
qui s'est exclamée: «Je me suis cassé le talon mais je m'en
fous si c'est à Paris.»
Me voilà dans cette baignoire à lire, cette fois,
Paris est une fête d'Hemingway
tout en me disant qu'elle le sera toujours quoi qu'il arrive.

(Souvenir de Dany Laferrière, Montréal, 16 novembre 2015)









Nous Sommes Paris
The City of Love became
The City of Pain in one night,
As a six-year-old learnt what death meant
When her mother never came home.

Her cry joined the hundreds of others,
And the world shattered from the sound waves.
Every heart grieved for one city
And the 129 lost members of our race.

Let the blood of the fallen
Water the roots of Hope,
So that Paris may blossom into
The City of Love once more.

-LC


I’m sorry for the gunshots, the bullets, the pain. I’m sorry for the blood that won’t wash out with the rain. I’m sorry for the bombs, the explosions, the tears. I’m sorry for those that take pride in our fears. I’m sorry to the world we keep scarring with our hate, I’m sorry for those who think it’s too late. I’m sorry for the chaos, the confusion, the madness. I’m sorry for the mornings stained with fresh sadness. I’m sorry for the terror, the darkness, the night. I’m thankful for all those, who still chase the light. 

#tylerknott #paris



Voici la traduction de ce texte: 
«Ce n’est pas pour Paris que nous devrions prier.
Mais pour le monde. C’est un monde dans lequel Beyrouth, 
qui titube après l’explosion de bombes deux jours avant Paris, 
n’est pas couvert par les médias.
Un monde dans lequel une bombe explose
lors de funérailles à Bagdad
et où aucun statut ne mentionne Bagdad,
Parce qu’aucune personne blanche n’est morte dans cette attaque.
Priez pour le monde
qui accuse la crise des réfugiés d’être responsable des attaques terroristes.
Qui ne prend pas le temps de faire la différence entre l’attaquant 
et la personne qui fuit la même chose que vous. 
Priez pour un monde
où les gens qui traversent des pays pendant des mois,
Avec ce qu’il leur appartient sur le dos, 
apprennent qu’ils n’ont aucune place où aller. 
Priez pour Paris par tous les moyens, 
mais priez plus, 
pour le monde qui ne prie pas 
pour ceux qui n’ont plus de maison à défendre. 
Pour un monde qui partout tombe en ruine,
et pas seulement dans les tours et les cafés qui nous semblent familiers.»
Karuna Ezara Parikh



 Bassem Braiki de Vénissieux


"C'est à nous, musulmans de France, qui prônons les valeurs de la République, qui prônons les valeurs de l'islam, c'est à nous de traquer ces gens-là, et d'en référer aux autorités compétentes"

En savoir plus : http://www.ohmymag.com/attentat-paris/attentats-a-paris-le-cri-de-colere-d-039-un-musulman-sur-facebook-fait-le-buzz_art91289.html
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